Le plus grand trésor de guerre de tous les temps a-t-il été découvert par Napoléon en Égypte ? A Sainte-Hélène, Anglais et puissances alliées affrontent l’Empereur dans une partie de poker où tous les coups sont permis.

 

La suite du tome 1 – Sainte-Hélène, conçu par les scénaristes, Rudi Miel et Fabienne Pigière, et le dessinateur Ivan Gil, s’avère bien captivante.

L’intrigue prend de l’épaisseur dans ce deuxième tome qui s’ouvre sur une soirée à Longwood house en juillet 1816.

Pendant que Bertrand joue une partie de billard avec Montholon, la femme de ce dernier, Albine, rejoint Napoléon dans sa baignoire… pour partager la lecture de Phèdre.

Alors que l’Empereur entame ensuite une partie d’échec, un groupe d’individus armés s’introduit dans la résidence et le menace. On n’en saura pas plus.

Cette séquence s’interrompt pour laisser place à un retour en arrière où Hudson Lowe, à Plantation house, évoque le trésor perdu d’Alexandre le Grand. En référence au premier tome de cette fiction, le gouverneur de l’île rappelle que l’amiral Cockburn soupçonne « Buonaparte » d’avoir soudoyé, avec de l’or de ce butin, des membres de l’équipage chargés de le conduire à Sainte-Hélène, dans la perspective de prendre possession du navire.

Pour la deuxième fois, Lowe rend visite à Napoléon, quelque peu souffrant. Il lui propose alors l’assistance d’un médecin. Mais l’Empereur la refuse et dénonce les conditions de sa détention. L’âpreté de l’entretien est mise en évidence. Entre les deux hommes, la méfiance et la défiance sont omniprésentes. Pour preuve, Lowe, obsédé par ce mystérieux et supposé trésor, confisque un livre sur Alexandre le Grand, placé dans une malle rassemblant un ensemble d’ouvrages commandés par Napoléon et fraîchement débarquée, sous prétexte d’une dédicace inappropriée (« A l’Empereur Napoléon Bonaparte»). Point d’empereur sur ce rocher selon le geôlier !

Autour d’un quotidien, presque ordinaire, se trame l’intrigue. Les deux camps s’observent, chacun échafaudant une stratégie. Tandis que l’Empereur envisage de tisser des liens avec les commissaires en visite sur l’île et les puissances qu’ils représentent (le général de Montchenu pour la France, le comte de Balmain pour la Russie, le baron Stürmer pour l’Autriche), on comprend que Lowe cherche obstinément à obtenir des informations sur la période égyptienne de Bonaparte. Il est en quête d’un code secret français qui aurait servi à échanger des données confidentielles durant la campagne d’Egypte. Pour effacer sa dette de jeu, Montholon le lui fournit. Lowe s’empresse alors de vérifier le fonctionnement de ce code avec une lettre qu’avait donné Lord Bathurst, secrétaire d’Etat à la Guerre et aux Colonies. On y parle d’un trésor fabuleux découvert dans une oasis où se trouve une statue d’Alexandre sous les traits d’un pharaon, en partie enfouie dans le sable.

Ce deuxième tome s’achève sur la suite de la scène d’ouverture, au soir du 13 juillet 1816. A l’aide des soldats qui accompagnent Lowe, les hommes armés venus réclamer le trésor d’Egypte sont neutralisés. Dès lors, on s’interroge sur leur identité.
Le gouverneur rend compte, dans un courrier adressé à Lord Bathurst du décodage de sa lettre. Il est convaincu que Napoléon connaît l’emplacement de l’Oasis rouge, dont aucune carte ne fait mention.

Le récit reste bien rythmé et ne livre pas toutes les clés. Le suspense est entretenu par des allers-retours. La multiplicité des temps et des lieux apporte donc de la dynamique dans cette imbrication de séquences.
L’ouvrage met particulièrement l’accent sur les tensions, les hostilités, entre d’une part Napoléon et sa cour, et d’autre part le gouverneur de l’île. A travers l’emploi de la titulature de l’exilé : « sa majesté », « son altesse », ou à l’opposé, par mépris, simplement « général »… on perçoit les rapports de force et les enjeux de la confrontation dialectique et symbolique.
Dans cette fiction, les auteurs mettent habilement en scène les personnages réels de cette épopée hélénienne, comme la jeune Betsy Balcombe, sans oublier les incontournables Bertrand, Gourgaud, Montholon, Ali. Une attention particulière est portée à la psychologie des deux principaux protagonistes.

En fin d’ouvrage, un ensemble d’éclairages apporte une contextualisation historique à certains éléments évoqués dans cette fiction bien documentée.