Cette BD a pour sujet le célèbre poète portugais Fernando Pessoa qui vécut de la fin du XIXe siècle au premiers tiers du XXe siècle. L’auteur souligne que ce n’est pas une biographie mais l’approche d’un mystère ; d’autant que cet homme a publié de nombreux écrits sous des hétéronymes différents (lui qui dit : « N’être qu’un est une prison »).

A la différence des pseudonymes, les hétéronymes ont une vraie personnalité :

  • Alberto Caeiro, qui incarne la nature et la sagesse païenne ;
  • Ricardo Reis, l’épicurisme à la manière d’Horace ;
  • Alvaro de Campos, le « modernisme » et la désillusion ;
  • Bernardo Soares, modeste employé de bureau à la vie insignifiante s’il n’était l’auteur du livre sans doute le plus célèbre de l’auteur, Le Livre de l’intranquillité ;
  • et au moins soixante-douze alias en incluant les simples pseudonymes et semi-hétéronymes.

Ainsi, pour mieux connaître cet intranquille monsieur Pessoa, l’auteur décide de commencer étonnamment par la fin de sa vie : lorsqu’il apprend, avec un certain détachement, qu’il est mourant. Alors que le poète est l’objet central du livre, l’histoire a cependant pour personnage principal Simão qui commence son enquête afin de préparer la nécrologie du célèbre poète. Il rencontre différentes personnes qui l’ont côtoyé au cours de sa vie. L’auteur réalise avec brio des allers-retours dans la vie du poète pour (essayer de) mieux le comprendre. Ainsi, si vous n’avez jamais entendu parler de Pessoa avant, vous ne serez pas perdu et en apprendrez beaucoup bien qu’une part de mystère demeure car personne ne sait vraiment qui il était au fond de lui malgré ses nombreux écrits.
Il meurt d’une cirrhose en 1935 à l’âge de 47 ans, due à son alcoolisme qui dura plusieurs années. Mais avant de partir, il continua à écrire Le Livre de l’intranquillité (signé de l’hétéronyme Bernardo Soares), d’où le nom de la BD. Nous naviguons entre ses alter-égo (hétéronymes) et sommes parfois troublés par la réalité : étaient-ils de vrais hommes ou bien uniquement présents dans l’imaginaire de l’auteur ? Simão s’interroge sur une possible folie de Pessoa et laisse planer le doute sur ce besoin d’avoir plusieurs identités.

Par ailleurs, tout au long de l’histoire, on retrouve une malle qui conserve des milliers de textes. Ils seront peu à peu exhumés après sa mort pour être comptés au nombre de 27 543. C’est pourquoi plusieurs oeuvres ont été publiées à titre posthume, comme Le Livre de l’intranquillité en 1982. Tous ces manuscrits se trouvent depuis 1979 à la Bibliothèque nationale de Lisbonne. Aujourd’hui, un musée lui est dédié dans sa maison natale à Lisbonne.

 

Cet homme figure parmi les plus grands écrivains de l’histoire du Portugal. En hommage, ses cendres ont été transférées dans le monastère des Hiéronymites en 1988 à l’occasion des cent ans de sa naissance. Plus loin reposent d’autres piliers de la nation portugaise : Luis de Camões et Vasco de Gama.

L’auteur de la BD a soigneusement fait son travail en s’appuyant sur des ouvrages – dont des ouvrages de Pessoa lui-même – qu’il mentionne dans la bibliographie en fin d’ouvrage.