« Sur la tombe d’André Breton, au cimetière des Batignolles, on peut lire cette étrange épitaphe : « Je cherche l’or du temps« , ce qui demeure incorruptible et toujours identique à soi-même à travers l’écoulement du temps. »
Cet album ne parle ni de Cronos ni de Nicolas Flamel mais les auteurs ont voulu une histoire liée à l’alchimie en quête de la maîtrise du temps.
Les coauteurs de cette BD ont cherché l’exceptionnel ; une histoire alambiquée et fantastique servie par des planches expressionnistes et chamarrées. Il faut dire que le scénariste, Rodolphe n’en est pas à son premier coup d’essai. Il a cherché un illustrateur à sa mesure, spécialisé dans l’animation, d’une originalité graphique certaine, finalisée à l’ordinateur, Oriol.
Le récit met en scène un riche historien et égyptologue parisien, Hugo de Reuthmann qui achète chez un libraire spécialisé une série de lettres écrites par un ambassadeur français au Caire à l’époque napoléonienne, Bernardo Drovetti. Ce dernier a compilé des documents sur un sarcophage phénicien qui aurait contenu la dépouille d’un mage aux secrets ésotériques, un grand prêtre de Baal. Il a créé une mystérieuse société, « Le rite égyptien de Cagliostro ». Puis sa collection d’antiquités partiellement usurpée, est vendue par sa femme à différents musées.
Bien sûr, l’archéologue n’est pas seul sur l’affaire. Lors d’une soirée mondaine organisée dans son hôtel particulier, des cambrioleurs en profitent pour s’introduire dans son bureau et voler les fameux documents. Parallèlement, certaines salles égyptiennes du Louvre sont attaquées par un être particulier hypnotisant les gardiens (un clin d’œil à Belphégor, le fantôme).
Alors que son jeune ami, Théo Lemoine se lance à la poursuite du sarcophage, l’intrigue emmène le lecteur dans un passage secret vers un lac souterrain sous le Louvre ou chez un médium lors d’une séance de spiritisme où l’on fait tourner les tables.
Il faut bien dire que le récit de ce premier volume laisse sur sa faim. L’intrigue se ramifie dans différentes directions sans qu’on en comprenne les fils.
L’intérêt de cette BD est sans aucun doute la transcription de l’univers parisien à la fin du XIXe siècle, la Butte et le Moulin rouge avec ses célébrités. Pierre Loti, Toulouse Lautrec, la Goulue, Marcel Proust, Oscar Wide, ou Anatole Gardaz, un peintre élève de Moreau membre du Salon des Indépendants, sont à leurs heures convoqués.
On se donne donc rendez-vous au second tome pour apprécier le sel de cette aventure très spéciale sur les traces du poète Hippolyte Filosèle, du château de Neurac et du fameux Milord l’Arsouille…