Paris, été 1944. Madeleine Riffaud a bientôt vingt ans.

« Une femme – oui, vous avez bien lu, UNE FEMME – a abattu un Hauptsturmführer sur le pont de Solferino »

Le troisième tome de la jeunesse de Madeleine Riffaud s’ouvre sur son incarcération après l’assassinat d’un officier allemand en pleine journée. Emmenée à la préfecture de police de Paris, Madeleine tombe aux mains des Brigades spéciales de Vichy, nous sommes le 24 juillet 1944, un mois avant le vingtième anniversaire de la courageuse jeune femme. Le chef de ces Brigades, particulièrement brutal, Fernand David, se vante d’avoir arrêté les principaux membres de l’Affiche Rouge. Pas de case sur les tortures subies par Madeleine, qui se réfugie dans le silence. Pendant ce temps, le reste de son réseau doit se cacher et se réorganiser, en vue de l’insurrection prévue pour août. Dans ce lieu infernal, Madeleine croise parfois quelques marques de sympathie, bien ténues.

Comme dans les deux autres albums, Paris est teintée en gris-bleu durant ces années sombres

Aucune autre couleur ne vient éclairer ce tome marqué par l’enfermement et les atrocités.

Envoyée dans la rue des Saussaies à la Gestapo, Madeleine invente une histoire qui l’envoie directement sur la liste des fusillés de Fresnes. Dans la prison, Madeleine sympathise avec une détenue enceinte de l’autre côté de la paroi de sa cellule. Cinquante ans plus tard, une dame viendra remercier Madeleine de l’avoir  nourrie avec sa mère en lui faisant passer du pain en cachette. Mais le poteau d’exécution n’est pas pour Madeleine, ramenée rue des Saussaies. Cette fois, les supplices de Madeleine sont montrés dans les cases bleutées. Même dans les pires moments, la jeune femme tient bon et ne révèle rien de son réseau.

Elle se récite des poèmes pour s’évader un instant de cet enfer. Elle a même la présence d’esprit de se mordre les joues pour cracher du sang et faire penser à une rechute de tuberculose. Madeleine n’avouant rien, même sous la torture, ses bourreaux en font la spectatrice impuissante des prisonniers torturés sous ses yeux.

« C’est la naissance de la journaliste » réalise Madeleine. « Si j’ai la chance de m’en sortir, je raconterai tout ».

Le dernier convoi

Jetée dans un wagon direction Ravensbrück, Madeleine ne doit son salut qu’aux femmes déterminées qui la poussent à en sauter. C’était le dernier convoi de prisonniers partant de Paris, avec 2400 personnes, dont un tiers de femmes, qui seront déportées à Ravensbrück, quand les hommes descendront à Buchenwald.

L’insurrection

Aussitôt repérée avec sa complice d’évasion (une mystérieuse espionne), c’est le retour à Fresnes pour Madeleine. Dans le contexte agité du milieu du mois d’août, elle y croise le colonel Dax, bras droit du colonel Fabien. Des tractations inattendues avec l’Intelligence Service ouvrent de manière inopinée les portes de la prison pour Madeleine et ses nouveaux amis. L’insurrection a commencé, Madeleine reprend immédiatement du service, mais sans sa voix, presque perdue lors des dernières semaines. Le sabotage réussi d’un train amenant une division SS est le grand fait d’armes qui clôt l’ouvrage.

Au milieu des agapes célébrant cette victoire, Madeleine réalise soudain quelque chose : « bah, elle est bien bonne, celle-là… J’ai vingt ans aujourd’hui ! ». Nous sommes le 23 août 1944.

Comme le premier volume et le suivant, ce troisième tome se dévore d’une traite, mais il est marqué par les horreurs perpétrées par les Brigades vichystes et la Gestapo. Les instants plus légers ont presque disparu, alors que la Libération n’a jamais été si proche. Seul le titre amène une note de couleur et d’incongruité, mais c’est aussi le rouge du sang versé par la Résistance et toutes les victimes de la barbarie.