Plus qu’un récit historique sur le grand voyageur vénitien (la première page datant de 1215 pose question), Marco Polo, cet album scénarisé par Étienne Le Roux s’emploie à dévoiler une histoire mystérieuse sous la forme d’un conte dont les personnages s’avèrent antagonistes.
Un jeune vagabond rencontre un voyageur étrangement vêtu. En échange de sa pitance, il devient son compagnon de route. De plus en plus intrigué par les propos du vieil homme qu’il découvre être l’auteur du Livre des merveilles ou le Devisement (description) du monde, l’enfant suit l’incroyable histoire de cet ancien marchand explorateur.
L’itinéraire décrit les puissances mongoles : les Tartares de Perse, le Cathay c’est à dire la Chine du Nord et l’Inde, correspondant à l’empire du Grand Khan Koubilaï, et sa capitale, Cambaluc (Pékin) où se trouvent des palais merveilleux. On y découvre les rôles qu’a joués Marco Polo au cours de son grand voyage.
Ce qui fait indéniablement la beauté de cet ouvrage est la traduction graphique de Vincent Froissard. Les mises en page variées s’inspirent de registres différents. Entourés de marges fleuries, certains volets rappellent les enluminures médiévales. D’autres reproduisent plutôt les codes de la peinture chinoise quand les montagnes vaporeuses de l’arrière-plan surplombent une végétation luxuriante et des rivières serpentines.
Les teintes choisies, de l’ocre au beige, le vert bleu rehaussé de petites touches dorées ponctuent le récit qui alterne entre les péripéties des protagonistes et la narration fantasmée du voyageur. Tour à tour, les images dévoilent un crayonnage doux ou plus épais, sous un voile évanescent propice à l’imagination quand des monstres, dragons ou serpents, même un rhinocéros blanc sont convoqués par le conteur.
Une mention spéciale pour les paysages grandioses des montagnes glacées du Pamir ou des régions du désert de Gobi avec la représentation visionnaire d’un mirage.
Un album à mettre entre toutes les mains et à faire acquérir dans tous les CDI. Professeurs et élèves ne bouderont pas leur plaisir : paysages oniriques, récit palpitant, amateurs d’exotisme à la recherche d’animaux fabuleux et de palis orientaux.