Cet ouvrage sera présenté par Christiane Peyronnard – Spécialiste de l’histoire de l’Afrique
Aujourd’hui en retraite, ex-formatrice IUFM site de Chambéry – Savoie Historienne moderniste de formation, particulièrement intéressée par l’histoire de l’Afrique mais aussi sa situation aujourd’hui et son avenir.http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?auteur51

NATURE
MAMI WATA
Paysages, ressources et communautés du littoral ouest-africain

Textes de Pierre Campredon
Photographies de Jean-François Hellio et Nicolas Van Ingen

Cet ouvrage se présente sous la forme d’un voyage naturaliste le long du littoral ouestafricain de la Mauritanie à la Guinée. Il amène le lecteur à découvrir les rivages du Sahara où survit encore la dernière grande colonie de phoques moines, ainsi que les immenses rassemblements d’oiseaux d’eau qui ont fait la réputation du banc d’Arguin. Ce littoral, dont les eaux sont considérées comme les plus poissonneuses du monde, a vu se succéder goélettes canariennes, langoustiers bretons, pirogues sénégalaises et chalutiers industriels venus du monde entier, tandis que sur la côte subsistent encore quelques villages de pêcheurs Imraguens.
Jusqu’ à une époque récente les peuples autochtones ont utilisé l’espace et les ressources dans une relation d’intimité avec leur terroir basée sur leurs savoirs et leurs traditions, expliquant ainsi l’état de conservation remarquable du littoral ; de cette intimité avec la nature sont nées superstitions et légendes comme la légende de Mami Wata, esprit féminin de la mer né de la transformation d’une jeune femme en lamantin. Depuis quelques décennies, l’ouverture au monde, l’exploitation des ressources à des fins commerciales et l’existence de nouvelles technologies bouleversent en profondeur les équilibres naturels, culturels et sociaux. Les troubles politiques ou militaires qui secouent périodiquement cette région du monde, mais aussi l’appauvrissement des terres ou le simple besoin universel d’aller vers les lumières de la ville, provoquent des mouvements de population vers les côtes. Les capitales, toutes sur le littoral, s’agrandissent de jour en jour, rejetant déchets et eaux usées en mer, tandis que le tourisme confisque peu à peu les derniers rivages.

Les auteurs proposent ici une description de ces bouleversements, tout en analysant les conséquences pour les peuples, la nature et les paysages du littoral. Ils évoquent quelques initiatives porteuses d’espoir développées par des individus et des associations qui cherchent, avec les communautés concernées, à maintenir un équilibre dynamique dans un contexte de mutation profonde : histoire du Parc national du banc d’Arguin qui a dû faire face successivement aux pressions de la pêche, du tourisme, du pétrole offshore et de la nouvelle route transsaharienne longeant ses limites ; exemple de l’association Océanium, dirigée par un personnage hors du commun qui se bat pour freiner la dégradation des ressources de la mer en créant une réserve dans le delta du Saloum où lamantins et poissons peuvent à nouveau prospérer, ou engageant les villages de Casamance à planter près de six millions de palétuviers ; exemple encore de l’ONG Tiniguena qui, dans l’archipel des Bijagôs, a aidé les populations à défendre leurs ressources en créant une aire marine protégée communautaire. L’ouvrage s’organise en trois parties. La première est elle-même subdivisée en trois chapitres correspondant à trois ensembles biogéographiques distincts, bien que de nombreuses passerelles les relient. La seconde partie décrit les mutations profondes que traversent les sociétés du littoral et leurs impacts sur la nature, les paysages et les communautés. Quant à la troisième partie, elle présente, à partir de quelques exemples parmi les plus illustratifs, les pistes de solutions explorées sur le terrain et susceptibles de constituer des alternatives viables pour un futur harmonieux.