Cette BD est la traduction française de Basquiat, parue à Londres en 2019. Ses auteurs Julian Voloj, scénariste et photographe, et Soren Mosdal, illustrateur danois, retracent la vie chaotique du fameux artiste new-yorkais. Enfin, ils se focalisent sur ses dernières années qui le conduisent à une célébrité fatale.
En effet, en refermant cette BD, on serait tenté de s’exclamer « quelle stupéfiante existence ! » Les références à la place des stupéfiants et à la part sombre de la personnalité de l’artiste new-yorkais décédé d’une overdose en 1987 foisonnent. Elles livrent au total un bouquet amer, où les démons finissent par dominer l’homme créatif, comme s’il devait in fine rendre la monnaie de son talent, coincé entre sa popularité fulgurante et les faux-semblants de l’art contemporain. Visuellement, l’ouvrage ne peut laisser indifférent, avec sa palette graphique brute, pleine d’énergie et renforcée par des choix de couleurs peu nuancées, afin de retranscrire au plus près l’instabilité hallucinée de Basquiat. L’autre particularité notable est la primauté accordée à l’image et au dessin, au détriment du texte, assez maigre.
New York, New York
Le personnage secondaire de l’ouvrage est New York, pas étonnant quand on sait que Julian Voloj habite cette ville. Mais un NYC dans sa version arty-déglinguée-eighties qui hante chaque planche et offre des rencontres avec une faune plus ou moins underground où se mêlent imprésarios, collectionneurs et hégéries, Debbie Harry, les Talking heads, Klaus Nomi ou Andy Warhol. En définitive, on découvre un New York très éloigné du haut-lieu touristique actuel.
Enfin, les deux auteurs assument pleinement les libertés prises à l’égard de la biographie du peintre, ce qui leur permet de livrer une vision personnelle de cette singulière et brève trajectoire de vie (J-M Basquiat disparaît à 27 ans), sans doute très proche de la réalité psychologique de l’artiste.
Pour compléter, les auteurs ont ajouté en annexe une collection de biographies succinctes de personnages croisés dans les vignettes (K Haring, les parents de J-M Basquiat…).
Au total, un album qui plaira à tous les fans de la première heure de JMB, tant son quotidien et son mental sont (bien) sondés au fil de ces pages.