La collection « Mon histoire » consacre un nouveau volume à Marco Polo. En un temps où l’on parle de plus en plus d’histoire globale et connectée, voici un personnage qui peut permettre une bonne entrée dans ces nouvelles problématiques. Viviane Koenig, auteure prolifique pour la jeunesse, a notamment publié «Minémès, explorateur pour pharaon », ou «Il ne restera que nos noms 1942-1943 ».

La collection « Mon histoire ».

Le principe de la collection est qu’un personnage raconte une partie de sa vie sous forme de journal intime. L’ouvrage est écrit du point de vue du jeune Marco Polo. Il commence alors que celui-ci est sensé avoir quinze ans. C’est donc une façon d’appréhender une époque à travers le regard d’une personne. Plusieurs informations sont distillées tout au long du livre et participent à cette mise en contexte. Comme Viviane Koenig le dit dans l’introduction, elle « mélange réel et fiction » et cela s’explique par le fait notamment que l’ouvrage de Marco Polo, « Le devisement du monde », était lui-même empreint de ce mélange. Un court dossier, une chronologie, un texte et une carte complètent l’ouvrage et forment un dossier complémentaire.

Une histoire de famille

Le livre commence en mai 1269. Marco vit alors chez son grand père. Les deux fils de ce dernier, Niccolo et Mattéo, sont partis depuis bien longtemps en voyage pour leurs affaires. Mais, après seize ans d’absence, les voici de retour ! Quel choc pour le petit Marco qui découvre un père qu’il pensait mort. Marco se sent mal aimé de ce père très taciturne. On sent très vite que Niccolo et Mattéo se préparent à un nouveau voyage, mais qu’adviendra-t-il du jeune Marco ? Celui-ci n’est pas très enthousiaste à l’éventualité de partir. Il se montre aussi sceptique lorsque son père et son oncle évoquent les fêtes auxquelles ils ont assisté lors de leur précédent voyage. Il ne croit pas, par exemple, qu’une fête de l’empereur ait pu rassembler douze mille invités !

Venise au XIII ème siècle.

Le livre évoque la situation géographique particulière de Venise avec les gondoliers, le Grand Canal ou encore la lagune. On voit aussi le jeune Marco se promener dans le quartier des verriers, mais aussi sur la place Saint Marc. L’auteure évoque également l’Arsenal et son intense activité, notamment quelques jours avant un départ. Viviane Koenig n’en reste pas à cette description géographique, mais parle un peu aussi de la société avec l’évocation du doge ou de la fête qui célébrait «le mariage entre Venise et la mer ». Elle introduit également des références à la Papauté.

Le monde des marchands

L’auteure s’emploie à nous faire ressentir et comprendre le monde des marchands. Au passage, on apprend quelques éléments du contenu de l’école à l’époque : Marco a étudié le turc, le persan et un peu l’arabe. Il a également des notions de mathématiques. On assiste donc à la vie quotidienne de cette famille pendant plusieurs mois. On saisit ce qu’est la réalité des marchands lorsqu’elle évoque les marchandises comme le poivre, les draps, mais aussi l’importance des livres de compte. Elle décrit également l’armement d’une galère marchande. La description est intéressante et donne à voir l’importance de la pacotille embarquée ou du reste du chargement.

Voyage, voyage

Près de deux ans après leur retour, la famille Polo repart donc à l’assaut des mers. Il ne s’agit pas d’un périple tranquille, soit à cause des conditions météorologiques, soit à cause des rencontres, qu’elles soient humaines ou animales. On peut relever une notation importante à la page 51 puisque le jeune Marco dit : « nous changeons de pilote à chaque escale dans un grand port ». Cela montre concrètement comment se déroulait le voyage à l’époque. Ils parviennent à Saint Jean d’Acre ce qui est l’occasion d’une description du lieu. Viviane Koenig ne verse pas dans un récit marqué par le mouvement perpétuel, et elle restitue une certaine épaisseur temporelle marquée parfois par la routine. On pourra suivre ensuite les différentes étapes de leur périple grâce à la carte jointe en annexe. On trouve une évocation de Mossoul, du Tigre, d’Ormouz, et ce sont donc de longs mois de voyage pour arriver à gagner la Chine. Les anniversaires du héros servent de marqueurs temporels. Marco s’affirme de plus en plus et, à un moment, il sauve même la vie de son oncle et de son père. Mais le périple est encore loin d’être terminé comme vous pourrez le découvrir.

Puissance, splendeur et inventions de la Chine

Dès le début du livre, Mattéo, de retour à Venise, a raconté ce qu’il a vu et vécu tout au long de son périple. C’est une façon originale d’approcher la Route de la Soie et la Chine. Dans son récit, il met en avant la puissance de ce pays en disant que cet empire est « mille fois plus puissant que la république de Venise ». Viviane Koenig parsème son récit d’autres scènes qui lui permettent d’évoquer des produits chinois comme le papier, les rouleaux de soie ou encore les porcelaines fines. A un moment à Venise, le jeune Marco est soigné par un remède chinois qui le remet sur pieds en quelques heures. Il assiste aussi à des parties de jeu de go entre Mattéo et Niccolo. Puis, au moment de leur départ, on trouve l’évocation de la boussole. Pendant son voyage, le jeune Marco découvrira aussi un animal étrange, le chameau !

A travers la figure de Marco Polo, Viviane Koenig montre une époque où l’Europe rencontre la Chine. En suivant le personnage pendant environ six ans, cela lui donne de nombreuses occasions pour donner à voir et à comprendre cette époque.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.