Marie-Thérèse de France était la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Marie-Thérèse suivit le destin de la famille de Louis XVI, mais elle fut quand même nettement plus chanceuse en évitant la mort. Elle fut séparée de ses parents, puis de sa tante, dont elle apprit le décès avec beaucoup de retard. Elle devint un objet de haine ainsi qu’un enjeu politique de premier ordre.

Ancienne élève de l’Ecole nationale des Chartes, agrégée et docteur d’histoire, Hélène Becquet vient de publier une très belle biographie intitulée Marie-Thérèse de France. L’orpheline du temple, qui a été éditée aux éditions Perrin.

 

Elle était la seule survivante de la famille royale après la chute de la royauté en 1792. Elle ne fut libérée qu’en 1795, à la suite d’un voyage rocambolesque pour Vienne, et elle épousa son cousin germain le duc d’Angoulême. Elle devint la dernière dauphine de France lors de l’avènement de Charles X. Mais le mariage fut stérile.

Son oncle Louis XVIII en fit une icône de la Restauration et l’instrumentalisa pour son propre profit politique. Toute l’Europe connaissait son histoire et sa soumission au futur Louis XVIII. Il était heureux pour ses oncles que la princesse ait été pieusement maintenue dans de bons principes grâce à sa tante Elisabeth.

Au cours des Cents Jours, elle organisa la résistance de Bordeaux. Elle n’accepta de partir que pour éviter un bain de sang. Napoléon la salua comme « le seul homme de la famille ». Egérie de la légitimité, elle quitta la France à l’issue des Trois Glorieuses pour son deuxième et dernier exil. Elle resta fille de roi, le mariage de son beau-frère le duc de Berry avec Marie-Caroline de Sicile mit fin à cette préséance. Un fils est issu de cette union, Henri duc de Bordeaux. Elle contribua à l’éducation de son neveu.

Chateaubriand dira d’elle qu’elle était l’une des grandeurs de la France et qu’elle symbolisait la royauté. Pour Lamartine, « c’était le sentiment dans la cause de la restauration ». Ce personnage discret, qui pardonna à ses bourreaux, mourut en exil en 1851. Marie-Thérèse vécut donc la fin de la monarchie absolue.

En ces temps troublés, il fallut inventer d’autres modèles institutionnels et rénover l’idéologie royale. Marie-Thérèse fut une actrice souvent récalcitrante, parfois inconsciente, de ces changements. En effet, la mutation de la royauté s’accompagna d’un phénomène politique nouveau, produit de la Révolution française : la République.

En parallèle, naquit un mouvement royaliste. Marie-Thérèse devint partie intégrante du corpus idéologique de ce nouveau courant. L’histoire de Marie-Thérèse, c’était aussi l’histoire de la contre-révolution. Volontairement, elle voua sa vie à la royauté légitime dans toute sa pureté. Politiquement, elle faisait pourtant partie des vaincus de l’Histoire, i.e. de ceux qui recherchèrent des solutions alternatives au régime issu de 1789.

Une théorie, provenant originairement d’un ouvrage de 1854 de Frédéric de Saxe-Altenbourg, défendit l’idée qu’il y aurait eu substitution de personne au Temple et quee Marie-Thérèse n’était pas en réalité la véritable fille de roi. Mais cette théorie semble fausse. Son image survécut à travers une érudition nostalgique de la royauté, jusqu’au XXème siècle, avant d’être finalement marginalisée avec les courants idéologiques qui l’ont portée.

L’ouvrage d’Hélène Becquet est vraiment très intéressant au niveau historique, mais aussi politique. Cette étude biographique est très complète et passionnante. Et surtout, il n’y a pas de parti pris de la part de l’auteur. La clarté côtoie ici la lumière, c’est un véritable succès!

Jean-Paul Fourmont