Les éditions Soleil ont publié en juin 2018 le 5e tome de la série Médicis. Il est intitulé « Isabelle. Du baiser au poignard ». Cette BD se situe chronologiquement juste après le tome IV, consacré à Cosme Ier. Cosme Ier reste d’ailleurs présent dans cet ouvrage, centré néanmoins sur ses enfants, Isabelle et François et de manière inattendue, Ferdinand.

Comme pour les tomes précédents, le scénariste est Olivier Péru, auteur spécialisé sur les séries de science-fiction ou d’héroïc-fantasy, comme « Androïdes », les « Druides » ou « Elfes ». Cet auteur est également romancier, dessinateur ou encore illustrateur. Pour les dessinateurs, la stratégie est la même que sur les tomes précédents : donner sa chance à d’autres mains. A savoir, celles d’Erion Campanella Ardisha, dessinatrice albano-italienne. Chez Soleil, elle a collaboré avec la grande figure de la maison, Jean-Luc Istin, sur les séries « Troie » et « Androïdes ». Les couleurs sont assurées par Elodie Jacquemoire qui a travaillé sur les séries « Lancelot » et « Les brumes d’Alcestis ».

Bien que nominalement centré sur Isabelle, les auteurs ont pris le partie d’évoquer une partie de la descendance de Cosme, à savoir son héritier direct, François, ainsi qu’Isabelle et Ferdinand. La BD évoque la stratégie familiale de Cosme, en ligne directe avec celle de ses prédécesseurs, à savoir protéger les intérêts des Médicis. Cette politique familiale et pluri-séculaire est un des fils conducteurs de la série. C’est ainsi, qu’avec une grande contrariété d’ailleurs, Isabelle est mariée à un Orsini de Rome, que Ferdinand accède à la fonction cardinale et que François épouse Jeanne d’Autriche, fille de l’empereur germanique Ferdinand Ier.

Il est intéressant de suivre le parcours de ces enfants, adolescents puis jeunes adultes, dont les personnalités sont diverses voire opposées, qui ne saisissent pas toujours les ordres de leur père ou parfois agissent dans leur intérêt propre. François et Isabelle ont comme point commun une tendance à l’infidélité notoire qu’il faut surveiller. Isabelle est représentée avec un tempérament volcanique, difficilement contrôlable. Ferdinand se démarque, lui, assez vite par une analyse et une justesse d’esprit remarquables.

Ce ménage à trois, aux conséquences dramatiques, est très bien figuré dans cette œuvre, à la réalisation parfaite, comme sur l’ensemble de la série. Les personnages sont attachants, le scénario prenant et le livre se dévore, à l’instar des autres volumes de la série. Les rebondissements sont nombreux et la fin de l’ouvrage réserve des surprises. Le contexte historique et familial est parfaitement représenté, s’adressant à la fois au plus grand nombre et aux amateurs de l’Italie médiévale. Ce volume, comme l’ensemble de la série, invite à la curiosité et à la découverte de cette famille hors du commun.

A travers les figures de Cosme Ier, Laurent Le Magnifique, mais aussi de Machiavel, et surtout la personnification de Florence, narratrice de l’ensemble de la série, Olivier Péru a conçu une véritable toile, un cheminement à travers les cinq volumes qui trouve son magnifique épilogue, ici.


Matthieu Henry, pour Les Clionautes