Qatar, le lustre et l'Orient

L’histoire du Qatar en bande dessinée

Le Qatar a largement été mis en avant au début de l’hiver 2022 en organisant la Coupe du Monde de football. Remportée par l’Argentine, cette compétition a été l’occasion pour le pays de renforcer son rayonnement diplomatique et culturel dans la péninsule arabique (réconciliation avec l’Arabie Saoudite, soutien envers la Palestine, gestes diplomatiques envers l’Iran) mais aussi dans le reste du monde (exportation de stades démontables en Afrique, accueil des célébrités et des dirigeants européens).

L’occasion était donc belle pour proposer une histoire de la péninsule en BD. Le scénariste est Victor Valentini, spécialiste de science politique et auteur d’une thèse sur « Le Qatar à l’épreuve des relations internationales : lecture théorique de la politique étrangère du micro-État sous le règne de l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani (1995-2013) » sous la direction de Frédéric Charillon, soutenu en 2017. Victor Valentini est accompagné par Emmanuel Picq, en charge des dessins, des couleurs et d’une partie du scénario.

Le récit débute en rappelant le rôle joué par les huitres perlières dans l’économie qatarie. Depuis l’Antiquité, les perles du golfe persique sont vendues en Europe et en Asie par l’intermédiaire de marchands sur des boutres. L’économie perlière décline rapidement à partir de 1893 lorsque Mikimoto Kokichi parvient à développer une technique pour élever des huitres et produire des perles de culture.

Source : Extrait tiré du livre « Qatar, le lustre et l’Orient » publié chez Delcourt, 2022, pages 6-7

Sous souveraineté ottomane puis britannique, le Qatar devient indépendant en 1971 à la suite du refus d’intégrer la fédération des Emirats Arabes Unis. Depuis les années 1950, le secteur pétrolier est en plein essor sous l’impulsion de la famille Al-Thani. Ce n’est qu’en 1984 que débute l’exploitation offshore du gaz naturel.

En 1995, coup de théâtre. Hamad al-Thani dépose son père Khalifa, au pouvoir depuis 1972 mais souvent absent du pays, et devient l’émir. Pour accroître le rayonnement culturel de son pays à l’étranger, Hamad al-Thani encourage la création d’Al-Jazeera en 1996. La chaîne s’impose vite comme la référence dans le monde arabe. La liberté d’expression occupe une place plus importante que ses concurrentes. Par la suite, via le fond souverain, le Qatar investira dans le sport (PSG), les hôtels et l’immobilier.

En conclusion, cette bande dessinée est une belle surprise en fin d’année. Les dessins sont particulièrement réussis tandis que le scénario n’omet pas les défis à relever (fin des gisements d’hydrocarbures, coûts humains et environnementaux de la construction des stades, rivalités politiques avec les Emirats Arabies Unis, fragilisation du soutien états-unien). Une manière ludique pour mieux appréhender le pays en matière d’économie, d’histoire et de géopolitique.

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