Si la jeunesse urbaine est souvent sous les projecteurs, celles des campagnes comme des espaces périurbains le sont moins alors que l’évolution des modes de vie modifie en profondeur l’Habiter de ces espaces. « Les modes de vie, les valeurs et les loisirs tendent à s’homogénéiser entre jeunes urbains et jeunes ruraux. » (p. 25) Pour faire le bilan de ces mutations, trois chercheuses du Massif central ont réuni des textes examinant les situations en œuvre en France et au Québec autour de la thématique de la gouvernance.

Les trois premiers articles examinent la situation de la jeunesse rurale face à « un accroissement des mobilités, à l’apparition de nouvelles temporalités et de nouvelles exigences (discours) en matière de qualité de vie. » (p. 7). Ainsi, Laurie Guimond présente une grille d’analyse de l’expérience géographique, croisant Milieux, Habitus et Pratiques quotidiennes. Ce très long article théorique ne s’appuie que sur un seul récit de vie québécois, celui de Léo jeune père de famille rurbain obligé, pour gagner sa vie, de passer l’essentiel de sa semaine loin de chez lui et de ses enfants. Mélanie Gambino et Olivier Desmesure, en s’appuyant sur la géographie et la psychopathologie, examinent le cas des jeunesses françaises et irlandaises au fil des circulations, de l’ancrage et de l’errance. La géographe présente une typologie des mobilités juvéniles combinant ruralité et proximité, ruralité et instabilité résidentielle et ruralité et sédentarité, avant que ces comportements mobilitaires soient examinés par le psychopathologue à partir du cas de deux jeunes femmes afin d’ « interroger justement une pratique sociale à travers ce qui se joue dans le monde intérieur du jeune et la façon dont cela interagit avec le territoire. » (p. 30).

L’article d’Émilie Jamet, Patrice Le Blanc et Sylvie Lardon permet de faire la transition entre jeunesse et politiques publiques. À partir de la typologie issue la thèse d’Émilie Jamet sont présentées les politiques publiques mises en œuvre pour essayer de retenir, faire revenir ou faire venir des jeunes, sources de dynamisme démographique indispensable dans des territoires de faibles densités comme le Pays de Saint-Flour ou le Témiscamingue au Québec. Faire venir des jeunes, comme maintenir un accès aux soins (article d’Adelaïde Hamiti) sont des problématiques centrales pour ces territoires. La création de maisons de santé ou de pôles de santé permet de pallier à ces carences grâce aux nouvelles coordinations mises en place entre collectivités locales et professionnels de santé. En revanche, les pôles d’excellence rurale, s’ils ont pu apparaître comme une solution à des problèmes territoriaux, n’ont pas systématiquement produit du développement territorial. Il ne suffit pas de créer de nouveaux cadres de coopération, encore faut-il que les acteurs locaux s’en emparent !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes