Cette bande dessinée de sensibilisation à l’urgence d’agir pour la planète se construit autour d’un dialogue entre Etienne Lécroart et Ivar Ekeland qui fait appel à ses connaissances scientifiques et universitaires pour retracer l’histoire de la terre et des changements initiés par l’homme.
Urgence Climatique est la deuxième collaboration entre Etienne Lécroart, dessinateur de BD passionné de sciences et d’actualité et Ivar Ekeland, mathématicien, économiste et philosophe, professeur émérite à l’université Paris-Dauphine et distingué à deux reprises par des prix récompensant la qualité de sa vulgarisation scientifique. Les deux hommes ont déjà produit produit ensemble Le Hasard une approche mathématiques en 2016 aux éditions Le Lombard.
Afin de dénoncer l’approche des climatosceptiques ou de l’impression que nous ne sommes pas concernés par un problème lointain dans le temps et l’espace, les auteurs utilisent des exemples pris dans l’actualité récente : Les incendies qui ont ravagé l’Australie ont suscité à la foi l’effroi des spectateurs et des réactions dont l’aberration semble évidente vue de l’autre côté de la planète : la mort des Koalas par le feu, mais l’abattage par les hommes des dromadaires accusés d’assécher les points d’eau, tout en rappelant que les mesures prises par l’État australien nient les enjeux du réchauffement climatique.
Un parallèle avec la pandémie de Covid-19 qui touche le monde depuis plus d’un an sert d’exemple pour montrer que nul sur la planète n’est à l’abri d’une catastrophe sanitaire, humanitaire et/ou climatique. Pourtant, fin 2019- début 2020, les occidentaux se pensaient à l’abri de la pandémie, comme ils pensent encore que le changement climatique ne les concerne pas obligatoirement, ou que cela n’aura pas de conséquence dramatique sur leur vie de tus les jours.
L’approche ds deux auteurs est humaniste et pédagogique afin d’éviter tout catastrophique qui aurait l’effet pervers de détourner le lecteur de ce problème de dérèglement climatique.
L’approche est historique, scientifique et humoristique. Elle rappelle le rôle de l’homme depuis l’antiquité face à la production d’énergie (plusieurs planches sont facilement utilisables en 5ème dans un EPI Géographie – Sciences ou en 4ème sur les sociétés à l’âge industriel) des produits chimiques et leurs conséquences négatives sur l’agriculture, y compris en matière de rendement énergétique.
Les arguments des économistes et des milliardaires comme Jeff Bezos sont points par points démontés avec logique et humour : certains rêvent d’espace et dépensent des milliards dans une hypothétique vie sur Mars quand notre planète est déjà touchée par le réchauffement climatique et que ds populations (notamment en Afrique) souffrent déjà : tout le monde n’a pas les mêmes préoccupations.
L’approche purement mathématique et économique avec l’évolution du PIB apparaît elle aussi comme un leurre : certes le PIB par habitant augmente à l’échelle de la planète, mais cela masque un accroissement des inégalités.
Plus qu’un constat inquiétant, ce livre apporte non pas des solutions miracles, mais des pistes de réflexion, et montre des exemples à suivre … ou pas.
Il dénonce les dérives de la consommation de pétrole et le peu de volonté des politiques de lutter contre l’industrie pétrolière, ce qui entraîne le développement de la production de pétrole non conventionnel plus que dramatique pour l’environnement. L’hypocrisie des systèmes bancaires qui les financent.
Des voies de sortie de l’impasse existent, comme la taxe carbone qui est appliquée en Suède depuis près de 30 ans mais qui a été intégrée dans une politique fiscale globale, le retour aux agricultures bio (rentable surtout en période de sécheresse) le développement de la permaculture … Mais il faut une volonté politique et des moyens financiers que les Etats peuvent trouver s’ils s’en donnent les moyens comme l’a montrée la pandémie de Covid-19 pour laquelle la lutte n’a pas été confrontée aux soucis financiers dans notre pays.
C’est donc sur une lueur d’espoir que s’achève cette œuvre dense, rappelant à tous que les générations futures, parce qu’elles auront été sensibilisées dès leur plus jeune âge, pourront agir plus efficacement our limiter le changement climatique, à conditions que nous commencions maintenant à les former et à montrer la voie à suivre.