Le premier tome de la bande dessinée sur Marie Tudor, le 15e de la série sur les reines de sang aux éditions Delcourt, revient sur la jeunesse et les premières années de celle qui fut la première reine d’Angleterre.

Une enfant mal-aimée ?

Issue de l’union du roi Henri VIII de la dynastie Tudor et de Catherine Aragon, Marie est le cinquième enfant du couple royal qui a perdu en très bas âge ses quatre premiers enfants. Henri VIII couvre d’amour sa fille : il l’appelle « son petit morceau d’Angleterre et son petit morceau d’Espagne »Planche 8, mais ne reconnaît pas en elle la future souveraine du pays. Henri attend un fils et n’a de cesse de le rappeler à la digne Catherine d’Aragon qui se consacre à la pleine éducation de sa fille.

Le français, l’espagnol et le latin : Marie reçoit la meilleure éducation de son temps pour la préparer à ses futures obligations. Déjà la jeune enfant est marquée par une profonde dévotion au ciel et à l’Eglise catholique. Auprès de John Hussey, Catherine trouve un allié de poids et fidèle à son engagement auprès de la reine et de sa fille.

Henri VIII est déjà occupé dans les bras d’une autre : la dame de compagnie de Catherine Anne Boleyn. Cette dernière offre le plaisir que le roi ne trouve plus auprès de la reine et Anne sait tirer parti de cela pour l’en éloigner.

Marie Tudor poursuit sa formation : elle est envoyée au Pays de Gales à neuf ans pour assurer la gestion de la région. Loin de sa famille, dans le chanteau de Ludlow, Marie est accablée par le chagrin mais entend tirer parti de cet exil intérieur pour se préparer aux tâches de reine qui lui reviennent.

La rupture de la Réforme

De retour à Londres, Marie est séparée de nouveau de sa mère que le roi veut répudier. Marie souffre dans sa chair : ses problèmes intestinaux et utérins ont déjà débuté. Les paroles d’Anne ont eu raison du souverain qui entreprend la réputation de Catherine Aragon. Ceci marque le début de la Réforme Anglaise, qui sonne également le glas de l’avenir de Marie. Privée de sa mère, elle est également privée de sa succession au trône pour la naissance de sa demi-sœur Élizabeth, fille de la nouvelle reine Anne Boleyn.

Pour avoir tenu tête et refusé de reconnaître la maîtresse devenue reine, Marie est envoyée dans le comté d’Hertfordshire. Elle conserve cependant le contact avec la vie du royaume par l’intermédiaire de John Hussey qui l’entretient sur le décès de sa mère Catherine, la fausse couche d’Anne et son exécution ainsi que le nouveau mariage de son père avec Jeanne Seymour. Fidèle au catholicisme et refusant l’Acte de Suprématie de son père, Marie est maintenue dans cet exil. Elle pourra regagner la cour en signant un acte d’abandon du trône. Mais elle restera fidèle au catholicisme de sa mère et refusera de reconnaître les réformes religieuses de son père.

Ce retour devra beaucoup à l’action de Jeanne Seymour, enceinte et craignant de ne donner de fils au royaume. Marie l’appuiera de son mieux en l’attente de l’accouchement. Mais le royaume aura néanmoins un héritier en la personne d’Édouard. Marie sera désignée comme sa marraine : une marraine qui devra remplacer sa mère Jeanne, morte des suites de l’accouchement. L’héritier du royaume perd sa mère et Marie Tudor perd son plus proche ami John Hussey, exécuté à la suite de sa révolte avortée.