Heureux qui, comme Aristote, a voyagé toute sa vie dans le bonheur de la connaissance en forgeant des concepts philosophiques parmi les plus impressionnants de l’histoire de la pensée.
Faire du Stagirite un héros de bande dessinée ne paraissait pas, de prime abord, chose aisée, tant le personnage paraît parfois bien aride au regard des figures de Socrate ou de Platon.
Et c’est ce tour de force que parviennent à réaliser Tassos Apostolidis et Alecos Papadatos dans leur beau roman graphique.
On suit avec plaisir le déroulement de la vie du fondateur du Lycée, de son arrivée à Athènes pour suivre les cours de l’Académie à ses exils successifs, de sa rencontre avec l’amour en la personne de Pythias à sa venue à Pella comme professeur d’Alexandre le Grand.
Les grandes idées aristotéliciennes sont vulgarisées avec brio et, même si l’ouvrage pêche parfois un tout petit peu par excès de didactisme, on (re)découvre avec enchantement les grandes théories sur l’éthique, la politique, la classification des êtres ou encore la Poétique. L’humour est partout présent, tant dans les représentations des principaux personnages (Eschine, Platon et Philippe II sont particulièrement soignés) que dans certaines séquences mémorables comme la découverte des syllogismes, le moment dit du « cercle des savants disparus » à Salamine ou encore dans l’atelier de Praxitèle, lorsque le peintre Nicias imagine peindre un Platon désignant le ciel et Aristote la terre.
Un Aristote « vie héroïque » qui pourra, de surcroît, sans problème illustrer des séquences d’histoire consacrées aux mondes grec et romain et même d’ailleurs, de Grec ancien.
Grégoire Masson