La revue contient un grand entretien, un dossier thématique sur les migrations pour ce numéro et quatre articles complémentaires dont un cahier photographique.

Grand entretien avec Marc Augé : Engager l’anthropologie. La colonisation, les prophètes, la mondialisation.

Pour l’anthropologue qui a beaucoup travaillé en Afrique la colonisation est une première forme de mondialisation comme il le montre avec les effets de la colonisation sur les modifications des sociétés côtières en Côte d’Ivoire. Dans un second temps il évoque, dans les années 60-70, ceux qu’il appelle les prophètes qui annonçaient l’égalité à venir entre Noirs et Blancs. Il aborde les relations entre lignage et la réflexion sur le monde mais aussi sur l’anthropologie dans le monde actuel.

Dossier

Quatre contributions sur les migrations en Inde, en France, au Mali et au Venezuela constituent ce dossier.

Circuler pour faire migrer en Inde rurale

David Picherit étudie les migrations de travail souvent saisonnières dans les campagnes indiennes. Il montre surtout la réalité des « maistri », entrepreneur de migration, vu dans les rapports du quotidien, les relations de dépendance, l’inscription dans la hiérarchie sociale et le système des castes.

La famille Belhoumi, miroir de l’immigration algérienne en France

Stéphane Beaud présente une monographie familiale qui décrit les trajectoires sociales, économiques des 8 enfants de cette famille, nés entre 1970 et 1986. Il montre les différentes formes d’insertion, de socialisation (familiale, résidentielle, professionnelle), les formes de transmission de la mémoire et les positionnements politiques. L’auteur aborde en parallèle ce que ce travail révèle de la position de l’enquêteur et comment le livre qui relate cette enquête est reçu en milieu lycéen.

Migrants maliens et paradiplomatie, entre politisation et marginalisation

Sadio Soukouna montre le rôle des migrants maliens dans les relations entre la France et le Mali. Il décrit les modes d’organisation des travailleurs maliens en région parisienne, issus d’un même village, d’une même région et comment ces associations influencent les politiques locales d’insertion et conduisent à des actions de coopération internationales par exemple le partenariat entre la Région Île-de-France et le Cercle de Kayes, non sans difficultés.

De la circulation cosmopolite à l’émigration forcée. Expérience d’un chercheur vénézuélien

Rigas Arvantis et Arnoldo Pirela dialoguent à propos de la trajectoire d’Arnoldo Pirela. Comment les activités de recherche en anthropologie impose des déplacements fréquents et lointains qui l’on conduit à l’émigration, favorisée par le travail au sein d’une équipe multinationale et imposée par les évolutions politiques dans le Venezuela chaviste. Le dialogue entre les deux auteurs qui ont longtemps travaillé ensemble met en lumière leurs recherches sur les conditions du développement économique dans ce pays où la manne pétrolière a joué un si grand rôle.

 

Le cahier photographique : Ghorban né un jour qui n’existe pas présente le travail d’Olivier Jobard sur les réfugiés afghans.

Si loin – si proche : le migrant en devenir, transformation sociale, émigration de travail et gouvernance dans le nord-est de la Chine. Cet article de Biao Xiang, est une enquête pour comprendre comment on devient migrant, Comment s’organise cette migration de travail en Chine, le coût pour le migrant, les conséquences pour sa famille ? On y voit aussi le rôle du passage à l’économie de marché sur la « gouvernance du migrant potentiel » et en quoi ce phénomène renseigne sur les changements sociaux.

Prise de parole : Dans nos maisons, Marie Cosnay relate l’expérience de l’accueil solidaire de migrants en dehors de tout cadre légal, un témoignage des questionnements et de la difficulté d’appréhender l’interculturalité.

Faire de l’anthropologie : Un anthropologue avec accent, Sharan Khosravi propose une approche auto-ethnographique. C’est la réflexion personnelle d’un homme entre deux cultures, iranienne et suédoise, un étranger partout, membre d’une minorité, à qui on ne reconnaît pas non plus un statut d’anthropologue. De cette situation découle l’idée d’écrire en ethnologue un récit sur soi, en quoi son histoire influence sa perception de l’anthropologie ?