La claque du mois nous est offerte par le nouveau roman graphique de Christophe Chabouté intitulé Musée. Celui-ci est consacré au musée d’Orsay et s’inscrit dans la suite de plusieurs oeuvres publiées ces derniers temps autour des musées parisiens, notamment chez Futuropolis.
Cette somme de quelques 190 pages nous invite à redécouvrir le musée d’Orsay. Dans de magnifiques pages en noir et blanc, aux graphismes irréprochables, le lecteur est invité à se balader dans les méandres de l’ancienne gare devenue musée national en 1986. La précision des dessins met en valeur l’architecture si particulière d’Orsay et transporte immédiatement le lecteur, particulièrement celui qui a déjà arpenté ces couloirs.
La majeure des parties des pages se trouve sans dialogues, dans une démarche contemplative qui laissent vagabonder l’esprit du lecteur et les acteurs de l’oeuvre. Ces derniers se divisent en 2 catégories: les visiteurs du musée et les oeuvres d’art en elles-mêmes. Christophe Chabouté laisse tout ce joli monde se projeter dans son propre univers et ses propres représentations afin de rendre la lecture intimiste et personnelle.
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Le sujet a été traité à plusieurs reprises, comme dans les Gardiens du Louvre de Jiro Taniguchi ou au cinéma, de manière comique, avec la trilogie Nuit au musée : que se passe-t-il une fois les portes fermées? Et si les statues, les personnages des tableaux prenaient vie ? C’est dans ce mélange entre réalité et onirisme que nous plonge l’auteur.
Nous découvrons ainsi les échanges entre les visiteurs, entre les oeuvres d’art du Musée, mais aussi, dans un renversement de situation assez émouvant, des statues qui observent avec acuité ceux qui déambulent dans les couloirs du musée ou en dehors. A travers les conversations, elles s’interrogent sur leur nature d’oeuvre, leur envie de vivre, la condition d’être humain et la société qui les entourent et vient les admirer. L’humain est alors un sujet de discussion et de questionnement constants.
Les discussions entre visiteurs font apparaître une galerie de situations : professeur et ses élèves, familles, couples, personnes âgées et plus jeunes. A travers leurs dialogues, c’est ce qu’apporte l’Art à l’Homme qui est célébré dans des pages qui respirent l’admiration pour ce musée et les oeuvres qu’il renferme. Un véritable petit bijou qui se dévore sans restrictions.
Présentation de la BD sur le site de l’éditeur
« Qui regarde qui ? …
Entre les statues de marbre et les tableaux de maîtres, les visiteurs du musée d’Orsay posent tantôt des yeux admiratifs, tantôt un regard perplexe sur les chefs-d’œuvre qui bordent les allées. Ils échangent dans un murmure discret et continuent leur déambulation. Mais lorsque les portes du musée d’Orsay ferment et que la nuit tombe, les sculptures et les peintures quittent la pose, descendent de leur socle, s’animent, se détendent, se mettent à se raconter, s’interrogent ou commentent ce qu’elles ont pu voir ou entendre au cours de la journée. L’Olympia de Manet, qui en a peut-être assez de passer sa vie allongée, déserte sa couche ; les Raboteurs de parquet de Caillebotte, fatigués, délaissent les lattes du parquet ; et Héraclès se dirige, comme à son habitude, tout droit vers sa pièce favorite : les toilettes. Certains se retrouvent pour dresser un portrait peu flatteur des visiteurs indélicats ; d’autres, désabusés, s’assoient pour observer l’absurdité du monde à travers les vitraux de la grande horloge. D’autres encore accueillent les nouveaux venus, car les collections s’agrandissent ! Au petit matin, toutes les œuvres regagnent leur socle ou leur cadre et reprennent la pose avant l’ouverture des portes. Un quotidien au musée où l’on découvre que tour à tour, les rôles s’inversent. Que peuvent bien penser de nous les peintures et les sculptures à force de nous observer et de nous écouter dans les couloirs et les salles d’un musée tout au long de la journée ?… Ce que de jour les « regardeurs » disent des regardés, et surtout ce que de nuit les regardés racontent des « regardeurs ». Le lecteur devient témoin et spectateur d’un quotidien aussi bien nocturne que diurne dans le musée.
Fin observateur, Christophe Chabouté signe un album plein de poésie qui nous invite à réfléchir sur notre rapport à l’art, nos certitudes et à la manière dont nous percevons le monde. Se jouant des visiteurs mais jamais du lecteur, il laisse place à la contemplation avec humour et sensibilité. »
Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur
« Né en 1967, d’origine alsacienne, Christophe Chabouté publie en 1993 ses premières planches chez Vents d’Ouest dans Récits, un album collectif sur Arthur Rimbaud. En 1998, il réalise Sorcières au Téméraire et Quelques jours d’été chez Paquet. Deux albums remarqués et primés, le premier au festival d’Illzach, le second à Angoulême où il décroche l’Alph’ Art Coup de Cœur. Avec Zoé paru en 1999 chez Vents d’Ouest, Chabouté prouve que son talent a atteint sa pleine maturité. Ce qu’il démontre avec encore plus d’évidence dans Pleine Lune, qui a reçu le prix Extrapole 2001, le prix de la ville de Limoges, celui du meilleur scénario à Chambéry et deux nominations à Angoulême 2001. En 2001, il réédite Sorcières chez Vents d’Ouest, dont la moitié des nouvelles qui le composent sont inédites. Il publie la même année Un Îlot de Bonheur chez Paquet, album récompensé par une mention spéciale du jury œcuménique de la BD à Angoulême 2002. En 2002 toujours, il collabore à l’ouvrage collectif Léo Ferré en BD et publie surtout La Bête dans la collection Intégra et Purgatoire, en couleurs, pour la collection « Equinoxe » de Vents d’Ouest. En 2006, paraît Landru, suivi par Construire un Feu en 2007, adapté d’une nouvelle de Jack London. Toujours chez Vents d’ouest, il signe : Tout seul en 2008, Terre Neuvas en 2009, Fables Amères en 2010, Les Princesses aussi vont au petit coin en 2011 et Un peu de bois et d’acier en 2012. En 2014, il entreprend d’adapter en bande dessinée le monument littéraire d’Herman Melville : Moby Dick. En 2018, il nous ouvre les portes de son atelier dans Bricoles, gribouillis et fonds de tiroirs, un sublime artbook qui emmène le lecteur dans un voyage graphique retraçant 20 ans de carrière. L’année suivante, il reprend sa série des Fables amères et livre onze histoires courtes du quotidien menées par la douceur, la poésie et le silence… En 2021, il revient chez Glénat au volant de l’emblématique Yellow Cab, une plongé au cœur de New-York où on peut observer les visages de milliers de passagers et emmagasiner des histoires. L’œuvre très personnelle de Chabouté connaît un succès grandissant et a été récompensée de nombreux prix. »