En ces temps de réchauffement climatique, les scientifiques, c’est un paradoxe, interrogent la glace pour mieux comprendre l’histoire et les mécanismes du climat. C’est l’occasion pour la revue La GéoGraphie, dans son numéro 5 de réunir des contributions courtes et variées sur la planète du froid.

Le pari de cette revue, éditée par les éditions Glénat en collaboration avec la Société de Géographie, est de proposer, sous la plume d’universitaires, des articles courts qui tentent, sans toujours y parvenir, de concilier état scientifique d’une question et publication grand public. Le numéro 5 “Neige et glaces” aborde des thèmes variés.

Il est question des stations de ski sous des aspects peut-être peu connus ou très nouveaux.
On peut ainsi suivre Xavier Bernier dans la nuit des stations : des aspects ludiques de la traditionnelle descente aux flambeaux aux nouvelles glisses marketing. Il n’oublie pas de montrer qu’un temps important est consacré à travailler la neige avec des engins de damage voire en produisant de la neige artificielle.
Henri Rougier présente rapidement les stations de luxe des Alpes.
Brice Gruet nous invite à entrer dans l’univers des architectures de glaces en passant par les caprices de la tsarine en 1740 au carnaval du Québec ou bien encore aux réalisations chinoises d’aujourd’hui.

L’article, sans contexte, le plus intéressant est signé Philippe Boulanger et nous emmène à la découverte des stations artificielles des Emirats arabes unis. Entre prouesse technique et choix d’un avenir touristique “après pétrole”, la construction d’une station de ski à Abu Dhabi offre avec une fréquentation de 2 000 à 4 000 visiteurs/jour une expérience déconnectée du climat local pour une clientèle qui a découvert les sports d’hiver dans les stations de luxe des Alpes.

Seconde thématique de ce numéro: Les hommes du froid, d’Otzi dont Jean Pierre Mohen nous rappelle les conditions de la découverte et la véritable enquête policière pour reconstituer son aventure aux Inuits, ce peuple longtemps méconnus qui fascinent les Occidentaux par sa capacité à domestiquer la glace et la neige. Si Béatrice Collignon évoque l’identité et l’imaginaire de ce peuple, les menaces liées au réchauffement climatique sont citées sans être analysées.

Ce thème de l’évolution du climat est abordé dans quatre contributions :
– un entretien de Gilles Fumey avec Claude Lorius à l’occasion du prix Blue Planet qu’il a reçu en 2008,
– une présentation des travaux et méthodes du laboratoire grenoblois de glaciologie et de géophysique de l’environnement, des glaciers alpins aux glaces polaires par Danielle Van Santen
– sous la rubrique historique de la géographie : les images polaires des campagnes 1905-1907 du Duc d’Orléans et la reprise d’un article de 1892 sur les premiers relevés de températures des régions circumpolaires.

Les autres articles ont plus anecdotiques : de la glace en cornet évoquée par Jean Robert Pitte au Chimborazo en passant par les besoins énormes de refroidissement des gros serveurs informatiques : Google en quête d’énergie et de froid.

Une lecture agréable, des illustrations de qualité, un objet pour réconcilier les Français avec la géographie?

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