Huit hommes, huit femmes se racontent devant l’auteur non sans tomber parfois dans le pathos. Des récits qui abordent le statut de la femme, des enfants au sein de la famille dans le Congo colonial comme dans l’actuelle RDC République Démocratique du Congo, des vies souvent violentes.
Des vies de femmes à la fois soumises et courageuses : Germaine kidnappée enfant pour être mariée à un militaire belge avant l’indépendance; Datura la jeune mère abandonnée, humiliée qui voudrait tant étudier pour être autonome; Marceline orpheline, handicapée et si courageuse; Fahila meurtrie par sa vie de réfugiée en Tanzanie qui dénonce les dérives et insuffisance des camps de l’UNHCR; Aimée sage-femme infirmière, une vie de couple brisée par la guerre civile; Jenny, veuve éplorée qui pense que son mari est mort de sorcellerie, victime de la brutalité des hommes elle est porteuse du VIH; Kusiva la reine du maquillage sur les bords du lac Tanganyika si loin de Mama M’Bachu après un heure de gloire en 1959 lors d’une visite du roi des Belges, la peur des combats post-indépendance elle s’est engagée dans une vie d’enseignante et de militante pour la condition féminine.
Des hommes dont les vies sont au total moins dures, plus engagées aussi dans les mouvements politiques et militaires : Boazi, l’enseignant qui attend l’appel de Dieu; Georges le métis aux mille métiers et toujours aussi pauvre; Les Maï-Maï : Raphaël le chef plus policé que l’image que l’on a de ces rebelles et Vincent le milicien repenti à la colère ancienne née de la situation coloniale; John que son père croit né sous une bonne étoile qui a fait des études, chef de la communauté il tente de reprendre l’enregistrement de l’état civil interrompu par le conflit; Chirla l’intellectuel engagé dont la vie s’écoule de son lopin travaillé tôt le matin à la littérature qu’il enseigne, à l’écriture; Félix et son village de pygmées : quand il se prend à rêver pour tous d’une intégration économique, d’un accès au savoir enfin; Muganwa, le chef des éleveurs venus autrefois du Rwanda, les banyamulenge, son sentiment de supériorité sur les cultivateurs, sur les femmes qui pourtant jouissent d’une grande liberté sexuelle.
Des récits pour illustrer une situation de guerre civile, de guerre étrangère le lecteur pourra être surpris de la « naïveté » exprimée à plusieurs reprises par l’auteure qui semble peu préparée à la rencontre interculturelle.