Le portrait concret, chaleureux et rigoureux d’un résistant, d’un mari et d’un père
C’est le fils posthume d’André Bollier, Vianney Bollier, né cinq mois après la mort de son père, qui signe aujourd’hui une étude historique sur l’activité résistante du père qu’il n’a pas connu, et que publie les éditions du Félin dans la collection « Résistance-Liberté-Mémoire ». Dans cette collection, les éditions du Félin ont entrepris depuis longtemps de rééditer des ouvrages écrits par des résistantes et résistants et devenus introuvables ou presque. Ils le font avec l’association Liberté-Mémoire, fondée par de « grands » résistants, aujourd’hui décédés, et présidée par Laurence Thibault, entourée de plusieurs historiens, Jean-Pierre Azéma, Charles-Louis Foulon, Fabrice Grenard et Bruno Leroux (respectivement actuel et ancien directeur historique de la Fondation de la Résistance), Vladimir Trouplin (conservateur du musée de l’Ordre de la Libération), et de l’historienne et conservatrice générale Christine Lévisse-Touzé.
Il ne s’agit pas ici d’un ouvrage écrit par un ancien résistant, mais d’une biographie de résistant. Les liens forts qui unissent l’auteur à l’objet de son étude, ne l’empêchent pas d’être rigoureux, de s’appuyer sur des faits, de rester distancié et de ne pas se livrer à une hagiographie. Cet ouvrage est plus qu’une étude des activités résistantes d’André Bollier. C’est une biographie qui accorde une large par à Noëlle, l’épouse d’André et la mère de l’auteur, et à leur amour. André découvre avec passion son métier d’ingénieur et découvre en même temps le bonheur de vivre avec Noëlle un amour partagé. Ils n’avaient guère plus de 20 ans, s’aimaient et croyaient assez en leur avenir pour vouloir fonder une famille et concevoir un second enfant au cœur de l’Occupation. L’auteur nous fait bien percevoir que ces années ne sont pour eux des années noires, mais des années d’amour et d’action où l’espoir ne faiblit pas. A travers ce livre et ce parcours exemplaire d’engagement résistant on perçoit concrètement ce que fut la vie d’un clandestin actif aux grandes responsabilités, ce que fut l’esprit de la Résistance. On ne peut rester insensible la destinée de cet homme qui se tire une balle en plein cœur alors qu’il est blessé, pour ne pas tomber de nouveau aux mains des tortionnaires de la Gestapo et de la Milice, dont il était parvenu à s’échapper une première fois.
Trois parties rassemblent les 18 chapitres du livre. La première partie, « La préparation » est consacrée aux années 1920-1941, celles de la jeunesse, de la formation, de la rencontre avec celle qui devient son épouse, de la Drôle de guerre, de la guerre et de sa grave blessure en juin 1940. La seconde partie, « L’action » traite de l’activité résistante d’André Bollier de 1941 à 1944. Ces 90 pages sont les plus importantes pour l’histoire de la Résistance, et plus particulièrement pour celle de l’impression et de la diffusion des journaux clandestins. Une troisième partie, « Le drame et ses lendemains », porte sur plus de sept décennies. Elle revient sur l’événement du 17 juin 1944, cherchant à faire le point sur ses causes, traite de la mémoire d’André Bollier et de la vie de Noëlle, son épouse.
Un brillant polytechnicien gravement blessé sur le front en juin 1940
André Bollier est né à Paris le 30 mai 1920, d’un père suisse, gérant d’une société d’importation de fromage d’emmenthal, et d’une mère de nationalité américaine, issue d’une famille juive d’origine polonaise. Ses parents obtinrent pour lui la nationalité française en 1926. Très bon élève, il parlait couramment l’anglais et l’allemand, ce qui lui permit de lire Mein Kampf dans le texte. Il avait par ailleurs un très bon niveau de piano et de bridge. En juin 1938, il obtint la sixième place au concours d’entrée à l’École polytechnique, et la troisième à l’École normale supérieure. Conscient de la situation diplomatique internationale, il opta pour Polytechnique, devança l’appel et devint élève officier à 18 ans, le 1er octobre 1938. Trois mois plus tard, il fit la connaissance de Noëlle Benoit, née à Cannes le 31 décembre 1918, étudiante à la Sorbonne et à l’Institut catholique d’études littéraires.
André Bollier choisit de servir dans l’artillerie et fut affecté en septembre au château de Fontainebleau, pour un stage de quatre mois d’un entrainement physique intensif, et d’apprentissage de l’équitation. Il devint alors croyant et la foi catholique fut désormais un élément important de sa personnalité. Il fut affecté en février 1940 dans un régiment d’artillerie rattaché à une division d’infanterie intégrée au secteur fortifié des Vosges. Il demanda et obtint d’être muté à l’état-major du groupe d’armées, le 1er juin 1940. Lors de l’offensive-éclair déclenchée à partir du 10 juin, il devint chargé de liaison à motocyclette. Voulant forcer un barrage, il fut grièvement blessé au ventre par une rafale de mitraillette, fait prisonnier et opéré par un chirurgien allemand qui lui sauva la vie. Une commission médicale le renvoya chez lui.
L’entrée dans la Résistance au sein du mouvement Combat, en mars 1941
Il dit à ses parents qu’il souhaitait terminer ses études afin d’être ensuite « plus à même d’aider la France si l’occasion se présentait ». Il s’installa à Villeurbanne pour y faire sa seconde année d’École à Lyon. Il songeait à rejoindre la France libre quand, en mars 1941, son camarade de promotion Jean Guy Bernard lui parla du Mouvement de Libération nationale qui venait d’être créé par Henri Frenay et sa compagne, Berty Albrecht. Dès le mois suivant, il imprimait et diffusait les premiers numéros du bulletin du mouvement naissant, Les Petites Ailes, une simple feuille dactylographiée recto-verso. Il sortit 4ème de Polytechnique. Ecœuré par l’idéologie pétainiste qui imprégnait le statut de l’École polytechnique publié le 15 avril 1941, il décida de renoncer à entrer dans un des grands corps de l’État, et demanda une bourse d’études pour préparer le concours de l’auditorat au Conseil d’État. Il commença également à chercher un poste dans le privé et accepta celui que la société des Câbles de Lyon lui offrit dans son laboratoire de recherche.
André et Noëlle
Sa liaison avec Noëlle Benoît n’avait cessé de se renforcer et ils étaient décidés à se marier dès que leur situation le permettrait. Elle accepta les dangers qu’André allait courir quand il l’eut informé de son entrée dans la Résistance. Ils se fiancèrent, puis se marièrent le 7 avril 1942. André Bollier put disposer de quelques jours malgré les circonstances et ils firent un voyage de noces en Corse. A leur retour, ils s’installèrent dans un appartement lyonnais. Noëlle participa parfois aux réunions que Lefranc organisait avec son équipe pour mettre au point le prochain numéro du journal. Cette vie presque normale fut brutalement interrompue le 27 décembre 1942 quand André dut passer dans la clandestinité, suite à son arrestation et à son évasion. La séparation leur fut difficile et ils ne parvinrent désormais plus qu’à partager avec difficultés quelques rares moments. André organisa un circuit qui leur permit de correspondre sans compromettre leur sécurité. Durant l’été 1943, ils se rencontrèrent brièvement dans un jardin public lyonnais. André put enfin découvrir sa petite fille, née à Hyères au début du mois de février, l’équipe faisant le guet autour du couple et de leur bébé. A partir d’octobre, Noëlle confia plus souvent sa fille aux soins de sa mère à Hyères et put rejoindre assez régulièrement son mari à Lyon, hébergés par divers amis. « Tout à la joie de ces retrouvailles, ils firent confiance à l’avenir et désirèrent avoir un deuxième enfant. » André rejoignit sa famille à Hyères pour y passer le réveillon du nouvel an ; ils revinrent tous les trois à Lyon où Noëlle et sa fille s’installèrent dans un petit logement. Elle le quitta quand il fut arrêté le 8 mars 1944, revint passer avec lui le mois qui suivit son évasion, et repartit le 3 juin 1944 pour la Touraine chez sa sœur, dans la maison familiale. Elle était de nouveau enceinte. Elle ne devait plus jamais le revoir.
Chef du secteur Propagande du Mouvement de Libération nationale puis de Combat
Séduit par les qualités du jeune homme, Henri Frenay lui proposa de prendre en mains l’ensemble du secteur Propagande du Mouvement de Libération nationale. « Il lui indiqua que ses fonctions seraient nationales et comprendraient non seulement l’impression et la diffusion des tracts et celle des journaux, mais aussi les relations avec les jeunes et leur recrutement. » Il prouva vite son efficacité en faisant imprimer sept numéros des Petites Ailes en juin et juillet 1941, et en améliorant le réseau de diffusion. Aidé de Claude Gérard et de Marcel Degliame, il organisa dès la fin de 1941, avec Jean-Guy Bernard, la montée en puissance de la fabrication du journal, appelé désormais Vérités, et sa répartition entre les distributeurs. A la base de la chaîne il y avait le recueil des informations et la rédaction des articles, sous la responsabilité de Jean-Guy Bernard. L’équipe d’André Bollier, désormais Lefranc, se chargeait de la composition, de l’impression et de la mise en valises des journaux, puis de la préparation des expéditions vers les dépôts des différents secteurs. Des imprimeurs, tous très surveillés, acceptaient de travailler clandestinement pour la Résistance. Joseph Martinet était le principal imprimeur des Petites Ailes. Mais il y en avait d’autres, à Tarare, Villefranche-sur-Saône, Bourgoin, Saint-Étienne, Toulouse, Limoges, Avignon…
En novembre 1941 naquit le mouvement Combat, après fusion avec le mouvement Libertés de François de Menthon. André Bollier eut la responsabilité technique du nouvel ensemble. Sa tâche devint plus complexe car le journal du mouvement Libertés était imprimé à 45 000 exemplaires au moment de la fusion. Le nombre des imprimeurs qu’il devait gérer augmenta et le réseau de diffusion s’amplifia. Il dessina le titre du premier numéro du journal Combat, daté de janvier 1942 et tiré à 20 000 exemplaires. Il se déplaçait en motocyclette, transportant les papiers des articles et les casiers des caractères, la nuit, malgré le couvre-feu Un accident le conduisit à utiliser une automobile et, sur la suggestion de Joseph Martinet, il convint qu’un atelier clandestin serait plus sûr et plus efficace que le recours au travail clandestin d’imprimeurs professionnels. Martinet trouva une machine Minerve, indispensable. Lefranc l’acheta, ainsi que le matériel nécessaire, et loua une maison isolée à trente kilomètres de Lyon. Ils installèrent l’électricité et le chauffage dans la cave, qui devint une imprimerie clandestine. Deux fois par mois, Joseph Martinet s’y installait pendant trois jours après que Lefranc ait apporté le papier, et fabriquait le journal.
Henri Frenay confia à André Bollier la responsabilité d’un nouveau service de fabrication de faux papiers. Grâce à la complicité d’une employée de mairie de Lyon, d’un fabriquant de tampons de Grenoble, de photograveurs du Progrès de Lyon, et au talent de graphiste d’André Bollier, naquit un véritable atelier capable de fournir de faux papiers individualisés de grande qualité. Fin septembre 1942, André Bollier fit la connaissance de Marie-Catherine Servillat, une jeune femme de 24 ans, résistante depuis le printemps 1941, et entrée à Combat. Elle devint l’assistante de Lefranc sous le pseudonyme de Lucienne.
Le passage dans la clandestinité
Le soir de Noël 1942, André Bollier, accompagné de Fernand Beucler, de Robert Namian et de Mireille Albrecht, intervinrent à l’hôpital psychiatrique de Bron et enlevèrent Berty Albrecht qui y était détenue. Deux jours plus tard, suite à un accrochage avec un tramway, les gendarmes découvrirent près de 40 000 journaux dans la camionnette, arrêtèrent et firent parler un jeune agent de liaison et capturèrent André Bollier. Il fut conduit à la caserne du cours Suchet, reconvertie en centre de détention et d’interrogation. Il s’évada rapidement, mais il ne pouvait retourner ni chez lui, ni dans son entreprise. Il lui fallait devenir clandestin.
Il changea de pseudonyme et devint Vélin, trouva un logement discret, et se fit confectionner une panoplie de fausses identités. Peu après, l’imprimerie des environs de Lyon fut découverte et la maison incendiée. En mai 1943, André Bollier rencontra Frenay qui partait pour Londres. Il parvint à lui faire adopter son projet de création d’une imprimerie spécifique et clandestine à Lyon. Il demanda 500 000 francs et obtint plus du double, ce qui montre combien le projet était considéré comme prioritaire par Frenay, et par De Gaulle, et ce qui confirme aussi la confiance qui était accordée à Vélin.
L’imprimerie de la rue Viala
Léonce Mazel, révoqué de l’Éducation nationale qui venait d’intégrer l’équipe, trouva une petite propriété, rue Viala, à l’est de Lyon. Elle remplissait les conditions de sécurité nécessaires et fut louée à un « Bureau de recherches géodésiques et géophysiques » inventé par Vélin, si bien inventé qu’il permit d’obtenir le téléphone et un niveau suffisant d’alimentation électrique, nécessaire au fonctionnement des machines. Une grosse machine à tirer fut découverte à Grenoble, qui pesait trois tonnes. Vélin se rendit sur place, apprit son fonctionnement, la démonta, fit appel à deux transporteurs différents, et procéda lui-même au montage et au réglage. Elle fonctionna, mais elle était trop bruyante, et l’équipe se transforma en équipe de maçonnerie pour doubler les murs intérieurs. Les caractères d’imprimerie et le reste du matériel furent obtenus par l’intermédiaire de Philippe Viannay, l’un des dirigeants du mouvement Défense de la France, et transférés de Paris à Lyon dans un camion. Pour obtenir la masse de papier nécessaire, produit très rare et très contrôlé, Vélin créa une imprimerie fictive, qui se vit attribuer sept tonnes de papier à un prix avantageux, ce qui permettait de tenir au moins six mois.
Les résistants de l’équipe entraient et sortaient de la maison aux heures habituelles des bureaux. Les journaux quittaient l’imprimerie dans des valises le plus discrètement possible. Avec l’unification progressive des mouvements de résistance, il fallut imprimer d’autres journaux, Témoignage Chrétien, Franc-Tireur, La Voix du Nord, La Marseillaise, et même Défense de la France en zone sud. La production augmenta encore et il fallut davantage d’électricité, Vélin monta un dossier, paré de tous les tampons nécessaires, et obtint pour son Bureau de recherches le régime privilégié des usines travaillant pour l’Allemagne. Une margeuse automatique américaine installée en février 1944 permit de porter le tirage à 50 000 exemplaires par jour. Vélin installa ensuite un atelier de photogravure.
A l’été 1943, la direction de Combat s’installa à Paris. André Bollier dut faire chaque mois le voyage, il fit la connaissance de Pascal Pia, le nouveau rédacteur en chef et d’Albert Camus qui rejoignit l’équipe en novembre. Pour transporter les colis de journaux plus facilement, Vélin inventa une société pharmaceutique fantôme, mais à l’apparence si réelle qu’elle se vit attribuer officiellement un wagon de marchandises pour le trajet Lyon-Paris.
André Bollier arrêté, torturé, évadé
Le 8 mars 1944, Vélin fut arrêté sous une fausse identité après que son pseudonyme ait été découvert par la police française sur un carnet saisi. Il fut transféré au fort de Montluc. La police française ne savait pas vraiment qui il était et n’avançait guère dans son enquête. Klaus Barbie s’impatienta et le fit transférer chaque semaine dans ses locaux de l’ancienne École de santé militaire afin qu’il soit interrogé sous la torture. Les séances furent terribles. Vélin utilisa sa connaissance de l’allemand pour anticiper ses réponses. Il connaissait les locaux pour y avoir séjourné lors de sa seconde année d’études à Polytechnique. Il avait repéré un vasistas qui donnait sur la rue, dans l’escalier conduisant au sous-sol. Le 2 mai 1944, il tenta sa chance, « courut, ouvrit le vasistas, sauta, se hissa, se glissa et émergea enfin ». Il fut le seul évadé de l’École de santé devenue siège de la Gestapo. Affaibli par les tortures, il transforma son apparence physique, se créa une nouvelle identité, changea son pseudonyme pour celui d’Alpha, et reprit ses fonctions. Il résolut d’avoir désormais toujours une arme sur lui, et de ne pas être de nouveau soumis à la torture.
A la fin du mois de mai 1944, Joseph Martinet estima que le danger était devenu trop grand et qu’il fallait fermer l’imprimerie de la rue Viala, pour revenir à une impression décentralisée du journal. Vélin se laissa d’autant plus facilement convaincre, qu’après le Débarquement, il souhaitait désormais intégrer un poste de combattant dans l’armée et rejoindre le front. La direction lui opposa un refus. Contrarié, il accepta mais se fixa une limite dans le temps. Il s’agissait d’abord d’imprimer le numéro spécial sur le Débarquement qui avait été préparé par la direction à Paris. Il devait être prêt le 17 juin à midi, heure de fermeture hebdomadaire du Bureau de recherches. Il avait décidé que ce serait le dernier numéro, qu’il l’annoncerait à l’équipe qui pourrait se séparer pour participer aux opérations de libération du territoire. Il partirait pour le front de Normandie.
Le 17 juin 1944, les miliciens attaquent l’imprimerie
Ils étaient quatre dans l’imprimerie, le samedi 17 juin dans l’après-midi pour finir la préparation de ce dernier journal. Des dizaines de miliciens investirent la cour. Francisque Vacher fut tué alors qu’il allait à la porte. Les trois autres résistants se barricadèrent tandis que Reynaudon, le chef des miliciens, demandait du renfort aux Allemands. Vélin et Lucienne s’échappèrent par le jardin et coururent en direction d’une maison amie. Alors qu’ils traversaient le cours Eugénie, ils furent fauchés par une rafale de mitrailleuse.
Il avait décidé qu’il ne serait pas repris vivant, et l’avait confié à son épouse. Lucienne, blessée aux jambes, le vit prendre son arme et se tirer une balle dans le cœur. Lucienne, qui avait peur de parler sous la torture décida de faire de même, ramassa le revolver, tira et se blessa au poumon, son cœur ne fut pas touché. A l’imprimerie, Paul Jaillet fut capturé, torturé puis fusillé. Les miliciens détruisirent les machines et incendièrent les locaux. Conduite à l’hôpital, Lucienne affirma qu’elle passait par hasard en cet endroit et ne connaissait pas l’homme qui avait été blessé et s’était donné la mort. Avec l’aide de ses camarades et de son mari, elle s’évada de l’hôpital le 7 juillet 1944.
« Hommages et images »
Vélin fut inhumé par ses amis sous sa fausse identité. Sa sépulture fut transférée par la suite au Cimetière national militaire de la Doua, près de Lyon. Noëlle ne fut informée que le 4 juillet de la mort de son mari, qui cependant n’était pas vraiment confirmée. C’est seulement en découvrant le premier numéro de Combat libre, qui avait été publié à Paris le 24 août, « qu’elle réalisa et accepta l’étendue du drame qui venait de la frapper ».
André Bollier fut fait Compagnon de la Libération par décret du 20 janvier 1946, et ses deux enfants furent « adoptés par la Nation ». Chaque année, de 1946 à 2019, la ville de Lyon organisa le 17 juin une cérémonie rue Viala. Diverses versions furent données des événements du 17 juin dans les témoignages oraux et écrits des résistants et dans les journaux. Plusieurs hypothèses furent avancées pour expliquer la découverte de l’imprimerie et son attaque. L’auteur les expose et les soumet à la critique. Le milicien Reynaudon fut condamné à mort en février 1947 et fusillé en juillet.
Noëlle rencontra Henri Frenay qui l’assura de son soutien. Le journal Combat décida de lui allouer une rente à vie, et elle devint journaliste à La Marseillaise. Puis très vite les conditions politiques, journalistiques et les liens fraternels des anciens résistants s’estompèrent, et Noëlle ne dut compter que sur elle-même. Elle reprit ses études, devint professeur d’anglais en 1952 et exerça ce métier pendant près de trente ans dans deux lycées lyonnais. « Elle se sentait pleinement « veuve de guerre ». Elle ne se drapa jamais dans cette condition comme sa grand-mère l’avait fait, mais milita activement dans leur association de Lyon, dont elle fut longtemps vice-présidente ». Elle est décédée le 3 juillet 2010.
© Joël Drogland pour les Clionautes
Cher Monsieur,
J’ai beaucoup apprécié le commentaire approfondi que vous avez fait de mon livre sur « Vélin » et je vous en remercie. Il a depuis reçu une « mention spéciale » du jury littéraire du Souvenir Français, mais il a du mal à sortir du cercle limité des passionnés de Résistance. Que faire pour qu’il devienne connu d’un plus grand public ?
Je vous souhaite une très bonne année.
Vianney Bollier