Plus des trois quarts de notre empreinte écologique sont invisibles : c’est la partie cachée de l’iceberg. Voici l’accroche et l’image que choisit la quatrième de couverture de cet ouvrage qui intrigue et donne irrésistiblement envie d’en savoir davantage. L’auteure, Babette Porcelijn, est graphiste et conférencière et dirige son bureau de design à Amsterdam. Dans ce livre au ton très personnel, où elle s’implique souvent en l’écrivant à la première personne, elle cherche à nous faire prendre conscience de tout ce qu’on ne voit pas et qui est pourtant essentiel si on souhaite préserver l’environnement.

Donner à voir et … à comprendre
La couverture insiste sur le fait qu’il y a 100 infographies en couleurs, ce qui peut être une manière efficace de faire passer des messages et des idées. Babette Porcelijn définit le sens de son projet : elle veut offrir une vision d’ensemble sans oublier les actions possibles au niveau des individus. Elle souhaite mettre en évidence le concept « d’empreinte cachée » et le plus important est donc de faire comprendre un mécanisme. L’ »empreinte cachée » c’est tout ce que nécessite la fabrication de tel ou tel produit sans qu’on en ait forcément conscience. De façon très pédagogique, l’auteure énumère une liste de questions qu’elle se pose et qui l’ont conduite à mener cette enquête. Elle n’élude pas les difficultés de certains des calculs car d’habitude ce sont des aspects oubliés. Il n’est donc pas gênant de disposer d’estimations plutôt que de chiffres précis. Son livre est organisé en trois parties : l’auteure définit d’abord ce qu’est « l’empreinte cachée », puis elle s’intéresse aux conséquences de cet impact, avant d’envisager quelques solutions possibles. A cette fin, l’auteur indique un site internet pour échanger.

Qu’est-ce que notre empreinte cachée ?
Babette Porcelijn pointe d’abord en quoi nous avons un impact sur l’écosystème, que ce soit à travers notre consommation d’eau, de terres, ou en raison de l’exploitation de ressources alimentaires. Elle souligne qu’une grande partie de notre impact se situe hors de nos frontières. Elle pointe l’importance de l’analyse du cycle de vie d’un produit. Elle montre aussi que nous utilisons en réalité cinq à six fois plus d’énergie que ce que nous pensons. Ce domaine est aussi le lieu de fortes inégalités puisque 13 % des gens consomment 50 % de l’énergie totale. Elle en profite pour souligner avantages et inconvénients de quelques-unes. A partir de là, il s’agit de définir le top 10 des impacts pour savoir dans quels domaines agir. Le tout est présenté sous forme d’infographies très parlantes. L’auteure cible ensuite sur quatre domaines dans lesquels le comportement du consommateur peut avoir le plus d’influence : l’alimentation et les boissons, les objets et produits, les transports et le logement. Partant de là, elle propose des études de cas, deux par domaine pointé, avec à chaque fois à la fin une rubrique sur ce qui est faisable au niveau individuel. Passent ainsi à la moulinette le jean, l’ordinateur portable , la sauce tomate, la voiture notamment électrique ou les panneaux solaires. Ces études sont particulièrement stimulantes et utilisables avec des élèves pour les faire réfléchir. Elles le sont d’autant plus qu’au texte sont joints des infographies ou des récapitulatifs très parlants, comme à la page 89 : elle nous rappelle en terme alimentaire ce « qui est de saison et quand ».

Quelles sont les conséquences de notre impact ?
Babette Porcelijn met en avant trois raisons qui expliquent que la pression sur l’écosystème augmente : l’augmentation de la population mondiale, la prospérité et la soutenabilité. D’après les calculs de l’ONG Global Footprint Network, il faudrait 1,6 planète pour continuer à vivre comme nous vivons. Elle évoque donc ensuite le jour du dépassement qui n’a fait que se rapprocher au fur et à mesure des années. Elle détaille ensuite plusieurs exemples de cette idée en évoquant notamment la question de l’eau douce, des matières premières ou encore de l’énergie. Cela aboutit à envisager les conséquences pour la planète en terme de biodiversité, déforestation ou climat. Elle traite aussi de la question de la pollution des matières plastiques. Tous ces éléments aboutissent également à reconsidérer la pyramide de Maslow qui s’intéresse aux besoins humains en insistant sur les besoins vitaux avant tout.

Quelles sont les solutions ?
Cette partie est la moins longue du livre, mais l’auteure n’en évoque pas moins des pistes pour changer. Elle s’appuie d’abord sur de grands penseurs actuels qui peuvent nous aider à imaginer un autre demain. Mais l’auteure ne reste pas dans le domaine uniquement de la pensée et elle énumère les catégories qui peuvent mener à une transformation. Elle liste ainsi le rôle des pouvoirs publics, du politique et n’oublie pas le rôle de l’entreprise et évidemment des consommateurs. Ces derniers pourront se motiver en gardant en ligne de mire la matrice MI-A-M : opter pour ce qu’il y a de MIeux pour l’environnement, chercher à faire Autrement et consommer Moins. Elle traduit ces grands principes dans une infographie assez percutante car elle donne des exemples pour les quatre domaines de la vie quotidienne précédemment évoqués.

Parfois, les propos de l’auteure pourront paraître à certains un peu lénifiants quand elle égrène les bonnes attitudes à adopter. Babette Porcelijn propose néanmoins une approche originale, impliquante et jamais intimidante de la question de notre empreinte et de notre poids sur les ressources de la planète. Les nombreuses infographies fournies peuvent être des documents utiles dans nos cours.

Pour découvrir un extrait, c’est ici.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes