Tapez dans google image le terme campagne et vous verrez une multitude de paysages verdoyants, peuplés d’animaux ! Au-delà du cliché, les auteurs des contributions rassemblées par François Papy, Nicole Mathieu et Christian Férault pensent que le rapport à la nature a changé, y compris dans les campagnes. Ils sont rejoints dans ce constat par Bertrand Hervieu qui signe la préface et estime que nous sommes en train de vivre une mutation. « La marque de cette rupture réside dans l’émergence triomphante de la fonction résidentielle au sein de ces espaces ruraux et celle-ci l’emporte sur toutes les autres, physiquement et symboliquement ainsi que dans la construction du mouvement d’aménagement qui entraîne ce regard nouveau porté sur ces campagnes. » Cet état de fait modifie les représentations de la campagne comme lieu de production.

La campagne évoquée n’est pas profonde mais périurbaine, même si le terme est assez peu employé par les auteurs. L’arrivée de nouvelles populations génèrent des conflits d’usage. Elle s’accompagne aussi d’une volonté de patrimonialisation du paysage (celui-ci doit être conservé en tant que bien collectif) et cette vision s’oppose à celle de patrimoine privé comme outil de travail. Malgré tout, la problématique de transition écologique retenue par les directeurs de l’ouvrage, masque l’idée générale véhiculée par le titre de l’ouvrage. Les études de cas présentées ici s’attachent davantage aux initiatives mises en œuvre au niveau local pour préserver les espaces ouverts ou pour générer une énergie propre qu’aux représentations véhiculées par le paysage. L’angle de traitement est essentiellement agricole. Cela n’enlève rien à l’intérêt des travaux mais le centrage sur les conflits d’usage agriculteurs – résidents, à l’exception de l’article d’Yvon Le Caro, n’est pas assez présent. Les problèmes apparaissant suite à un usage concurrentiel de l’espace entre agriculteurs et tenants de loisirs récréatifs informels (cavaliers, notamment) sont la parfaite illustration de rapports à la nature différenciés. Les agriculteurs doivent mettre en œuvre des stratégies (mise en place de haies le long de chemins de promenade) pour éviter que les promeneurs passent à travers champs et détériorent les productions ou bien encore pénètrent dans leur espace résidentiel ! C’est tout le paradoxe du tourisme vert. L’agriculteur peut à la fois profiter de la manne financière qu’il peut tirer de la mise en place d’un « assolement récréatif » mais doit préserver son exploitation d’une invasion d’urbains !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes