Ce livre propose six parcours pour la visite, à choisir au gré de vos envies, et de celles des enfants. Le Louvre pose un vrai problème d’orientation car, comme le rappelle l’introduction, les oeuvres sont classées par départements, ce qui permet rarement de suivre chronologiquement une histoire ou un thème.
Un livre pour aider à se repérer et à s’organiser
Le livre propose donc six parcours, à savoir l’Antiquité, le Moyen Age, la Renaissance, les Temps Modernes, le siècle des Révolutions et enfin les Arts de l’Islam. Chaque parcours commence par une double page de présentation de la période avec des informations pratiques, des cartes et les grandes dates repères. A chaque fois, le parcours est séquencé en sous-thèmes. Dans chaque partie sont ensuite présentées les oeuvres avec un rapide commentaire à chaque fois. De façon très pratique, l’oeuvre est aussi localisée dans le musée. Il faut souligner la qualité des textes qui sont très synthétiques. Le choix a été fait aussi de proposer des textes qui parfois interpellent le lecteur sous forme de questions qui rythment la lecture.
A chaque fois aussi, il y a beaucoup de vocabulaire défini. Si l’on fait la somme de ces mots, cela représente un sacré vocabulaire. A la fin du livre, on retrouve un plan du musée avec des vignettes de localisation des oeuvres. Il propose ponctuellement des liens entre les chapitres, comme à la page 51 où un lien est établi entre un document étrusque et un document grec.
Les grandes oeuvres au rendez-vous
Les enfants en visite auront sans doute plaisir à retrouver des oeuvres souvent découvertes dans les manuels scolaires. Ainsi le code d’Hammourabi ou le célèbre scribe égyptien. Plus loin dans son parcours scolaire, il retrouvera la statue équestre de Charlemagne ou le portrait de Louis XIV de Hyacinthe Rigaud. Chaque oeuvre est restituée dans son contexte. Rassurez-vous, la Joconde est bien là, mais avec le même volume de texte que les autres oeuvres.
Parmi les autres grandes oeuvres présentées, notons le portrait de Gabrielle d’Estrées et de sa soeur, les esclaves de Michel-Ange ou « le Verrou » de Fragonard.
Quelques belles découvertes
On peut noter une très belle mosaïque paléochrétienne page 67 qui était le pavement de la nef centrale de l’église Saint-Christophe de Qabr Hiram. Il y a aussi une très belle Vierge du XII ème siècle avec des traces de polychromie page 78. La partie sur le Moyen-Age propose de nombreuses découvertes comme encore ce tombeau de Philippe Pot. Signalons aussi cette incroyable descente de croix en ivoire d’éléphant page 87. En quelques lignes, le texte propose une identification claire des personnages certes, mais aussi de la composition proposée.
On verra aussi une oeuvre de Jean Cousin remis à l’honneur l’an dernier par le Louvre. A la page 144, on aura plaisir à voir un Rembrandt appartenant au département des arts graphiques, et donc invisible la plupart du temps. Il s’agit de « Jésus guérissant les malades ».
La partie sur l’Islam propose plusieurs oeuvres magnifiques comme le lion de Monzon qui servait de bouche de fontaine, ou encore le poignard à manche en tête de cheval du XVII ème siècle.
Le siècle des Révolutions
Ce chapitre est donc structuré en plusieurs sous parties, à savoir l’Antiquité pour modèle, les fastes de l’Empire, l’âge des passions, et réinventer la peinture. Ces quatre entrées sont donc particulièrement significatives et permettent en quelque sorte de saisir l’essentiel de l’époque. Dans cette partie, Barthélémy Glama revient notamment sur deux tableaux qui firent scandale. Il y eut tout d’abord « Le radeau de la Méduse » de Théodore Géricault qui tranchait au milieu des oeuvres néoclassiques. Le sujet du tableau, qui prend appui sur l’actualité, est en plus sans référence à l’Histoire ou à l’Antiquité. A ce titre, il n’est pas digne d’avoir un tel format. Ce ne sont pas les seules critiques contre le tableau. Le réalisme cru passe mal, tout comme l’engagement politique du peintre. Jean-François Millet a lui aussi fait scandale avec ses « botteleurs de foin », car pourquoi consacrer un tableau aux conditions de vie difficiles des paysans. Là encore, certains y voient un message politique invitant les travailleurs à se soulever.
Une aide, mais…
Arrivé à la fin de ce parcours, le livre propose de prolonger la visite avec Orsay et aussi Pompidou. Ce livre peut donc aider à préparer une visite du Louvre, mais il ne faut pas hésiter à imaginer ses propres dispositifs selon l’âge des enfants. Le livre est en quelque sorte une banque ressource, augmentée de repères de localisation. Il ne remplacera jamais une préparation avec les enfants, avec, par exemple, le dispositif spécial enfant proposé sur le site internet du musée ainsi que des propositions librement téléchargeables ou encore les très nombreux parcours. On pourra par exemple fabriquer un montage en couleurs avec quelques oeuvres à repérer. En effet, les plans proposés par étage à la fin du livre, et qui récapitulent la localisation des oeuvres, sont peu facilement lisibles. On pourra aussi croiser ce livre avec les bons conseils délivrés dans les livres de Françoise Barbe Gall intitulés « Comment parler d’art aux enfants » en évitant la visite marathon et en pensant au plaisir de la pause et des souvenirs.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.