Fournisseur de « connaissances porteuses d’avenir », les éditions québécoises Multimondes font leur entrée dans les colonnes de la Cliothèque avec ce titre à la fois évocateur et ambitieux « Faire aimer et apprendre l’histoire et la géographie au primaire et au secondaire ».
Dirigé par [Marc-André Ethier->http://fse.umontreal.ca/a-propos-de-la-faculte/corps-professoral/details/utilisateur/marc-andre-ethier-43/?no_cache=1&tx_lbocours_pluginusagerlist[action], David Lefrançois et Stéphanie Demers et réunissant les contributions de 30 auteurs pour la plupart québécois, l’ouvrage est copieux avec ses 433 pages, ses 25 chapitres et ses 4 parties « L’histoire et la géographie, deux disciplines de référence en sciences sociales », « Le domaine de l’univers social : programme, enseignement et évaluation », « Les techniques des disciplines des sciences sociales » et « Les ressources du milieu ».
Alléché par les deux chapitres généraux sur les cartes et croquis (Bernadette Mérenne-Schoumaker) et la cartographie numérique (Sylvain Genevois), le géographe constatera, comme souvent dans ce genre d’ouvrages, le déséquilibre avec l’histoire qui trouve écho dans une citation de Jean-François Cardin, page 75, à propos de son chapitre sur les programmes « il portera une attention particulière à l’histoire, celle des trois disciplines qui, à l’école, occupe le plus de place dans la grille horaire et qui, de loin, est celle suscitant le plus d’attention – voire de passion – de la part de la population et des gouvernements ».
L’occasion de faire le point sur la situation au Quebec où, au premier cycle du primaire, les programmes sont centrés sur les savoir-faire, dénommés « habiletés » et visent l’exploration du paysage de manière directe (terrain) ou non en mettant l’accent sur les représentations spatiales (plans, maquettes…), la localisation, la distance et les organisations spatiales avec, si possible, une prise en compte des représentations initiales. Il est intéressant de noter que temps et espace sont définis selon des prismes spécifiques (vécu, conçu, philosophique et historique/géographique) et que la « société » y est définie comme « un groupe en tant qu’organisation sociale ».
Côté 2nd et 3ème cycle du primaire et secondaire, on retrouvera des points similaires à la situation française (tentatives de faire un enseignement problématisé et conceptualisé pensé autour de « l’organisation des territoires », contenu factuel assez fort malgré des instructions préconisant de faire autrement, contenus de géographie physique transférés aux sciences « dures ») mais des différences sont perceptibles dans la mesure où les programmes s’intéressent fortement à la diversité des sociétés et de leurs territoires avec une attention portée aux temporalités de par l’étude du « changement » d’une société sur son territoire. Le concept de « territoire type » est également particulier puisqu’il autorise, à partir de 5 catégories (« territoire urbain », « territoire région », « territoire agricole », « territoire autochtone », « territoire protégé »), l’établissement de comparaisons.
Au fil de quelques chapitres transversaux, on trouvera des éléments intéressants sur l’évaluation, la différenciation, les jeux vidéos…mais le gros des 25 chapitres suscitera davantage l’intérêt des historiens qui trouveront de la matière sur l’analyse des sources, l’interprétation des documents iconographiques, les affiches de propagande, les musées…
Bienvenue aux éditions Multimondes dont la Cliothèque suivra l’actualité avec attention !