3 regards mêlés :
celui du texte de Didier DAENINCKX
Celui des dessins de PEF
Celui des documents tout au long du livre
Dès la première page, la simplicité, la profondeur et la qualité de ce livre vous touchent.
Ce moment, où le narrateur, enfant allemand de 6 ans, se glisse derrière un fauteuil et entend ses parents ce disputer en ce matin d’élections législatives, le 5 mars 1933 et son père assène à son épouse : « Sois raisonnable, Liselotte. Lui seul peut sauver l’Allemagne … C’est notre dernière chance. »
Et on assiste impuissant, comme le narrateur, comme ses parents à la mise en place du système nazi : la construction de Dachau, la nuit de cristal, le départ à la guerre du père, …
Et surtout on a le sentiment de le vivre de l’intérieur … Avec ce regard de l’enfant qui voit son copain Koloman chassé de la piscine car il est accusé de salir l’eau de la piscine à cause de sa peau noire, alors que le fils du SA directeur de la piscine « fait pipi dans l’eau en nageant. »
Et surtout il y a ce regard du couple sur ce monde qui les entoure, et les regards qu’ils échangent l’un et l’autre :
Le conflit au moment du vote de mars 33 qui ouvre le livre, le reproche à la mère qui dénonce la construction du camp de Dachau
Le soir des autodafés, « quand maman l’a regardé dans les yeux, Papa a baissé les siens »
La mère qui quitte tout de suite le stade ou les Juifs sont forcés de manger l’herbe, le père qui ne suit que peu après.
Ils ne sont d’accord que lorsque l’on vient chercher la petite sœur handicapée car « Hitler avait décidé que c’était au gouvernement de s’occuper des enfants « comme ça » »
Un livre magnifique qui permet à tous de comprendre le mécanisme finalement simple, si simple qui permit l’installation du nazisme dans les esprits, les résistances, les violences.
Et l’occasion de se rappeler que voter un geste important.