La question du Grand Paris a été mise sur le devant de la scène au commencement de la présidence Sarkozy et a bénéficié d’un tintamarre médiatique abondant. C’est pour s’y retrouver entre ces avis pro et anti Grand Paris, que les deux auteurs, « chercheurs engagés dans la vie de la cité » se sont décidé à écrire ce livre.
Collègues enseignants à Sciences po, ils apportent chacun un éclairage spécifique sur la question. Frédéric Gilli est économiste et géographe. Il est directeur délégué de la chaire Ville de Sciences Po et rédacteur en chef de la revue Etudes foncières. Jean-Marc Offner est urbaniste et politologue. Il a dirigé pendant 8 ans le laboratoire LATTS (Laboratoire Techniques, Territoires, Sociétés). Ces deux auteurs préfèrent à l’appellation Grand Paris, celle de Paris métropolitain. Car « plus qu’une ville, Paris est à la fois une métropole et une capitale ». Ils ont bien conscience que la question du Grand Paris est à la fois de l’ordre du politique et des spécialistes de la ville. C’est à la fois une question de gouvernance et d’aménagement.
En tant que spécialistes de la ville, leur ambition est de donner les clés de lecture à cette question qui trouve toute sa place dans la collection « Nouveaux Débats » des Presses de Sciences Po. Parler de Grand Paris plutôt que de Paris n’est pas qu’une question de changement d’échelles. La question de la gouvernance de la région capitale renvoie à celle des mutations spatiales des grandes villes, aux formes nouvelles d’urbanité, à la thématique du territoire vécu de la ville (« autant la ville-territoire des flux et des liens que celle de la ville des lieux »). Pour faire avancer la réflexion du lecteur, les auteurs ne se contentent pas de faire le point sur le débat en cours. Ils apportent des éléments à la discussion. C’est à la fois un diagnostic et un cahier des charges opérationnel pour rénover les dysfonctionnements actuels. Leur bilan est nourri de lectures, de discussions avec meilleurs spécialistes urbanistes, géographes et économistes. Ils apportent des éléments concrets au débat. Ils croient à l’élargissement et au renforcement des intercommunalités, comme à celles des compétences de la région, pour gérer l’aire métropolitaine. Pour eux, cela devrait prendre la forme d’un Haut Conseil du Paris Métropolitain, cadre de débats pour les différents acteurs du territoire en question. Le Haut Conseil du Paris Métropolitain doit permettre à tous les territoires d’être représentés et faire entendre leurs voix. C’est là que la planification à long terme des territoires doit être élaborée. Il y a urgence à mieux gérer la région capitale et le quotidien de ces habitants. C’est une question de démocratie même, mais c’est aussi une question environnementale car l’étalement urbain va de pair avec l’empreinte écologique. Le Paris métropolitain est au cœur de la mondialisation puisqu’elle met à rude épreuve la compétitivité de nos secteurs économiques. Les enjeux sont énormes.
Les auteurs sont conscients que la mise en place d’un conseil ne suffira pas pour que les questions soulevées et les solutions trouvées le soient à plusieurs échelles. Il faut que le local ait de véritables capacités d’action. Ils pensent qu’il suffirait, pour cela, de donner à la Région de véritables leviers d’action pour que les choses changent et que cela ne sert à rien d’accumuler les couches dans le mille-feuille territorial. Finalement, nous avons tous les outils pour mieux gérer la région capitale, il suffit juste de savoir s’en servir !
© Catherine Didier-Fèvre
Pour aller plus loin, lire le dossier consacré à la question par La vie des Idées : http://www.laviedesidees.fr/+-L-avenir-du-Grand-Paris-+.html