« La collection « les cahiers POPSU » s’inscrit dans un programme de recherche-action mené dans le cadre du volet « Métropoles » de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, rattachée au Plan urbanisme construction architecture. Ce programme assure la production de recherches sur les métropoles et leur diffusion dans les milieux de la recherche, auprès des élus, des professionnels des territoires, ainsi que du grand public. Chaque cahier est une restitution d’un enjeu particulier au sein d’une métropole partenaire du programme ».
Ce petit cahier de 80 pages traite du sujet de la fabrique institutionnelle d’une Métropole par l’exemple de Rouen. Il est rédigé par Jean DEBRIE, professeur des universités en aménagement et urbanisme à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne et Xavier DESJARDINS, professeur des universités en aménagement de l’espace et urbanisme à Sorbonne Université.
La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des Métropoles (MAPTAM) du 1er Janvier 2015 établit un nouveau statut d’établissement de coopération intercommunale : la métropole. Il s’agit de voir, dans cette étude de cas centrée sur Rouen (10e métropole de France avec 490 000 habitants), si la construction institutionnelle (le statut métropolitain) transforme les coopérations, impulse de nouvelle relations territoriales. Elle ne porte donc pas sur le facteur métropolitain lui-même mais sur l’aspect performatif d’un statut institutionnel nouveau, sur la performativité du discours métropolitain. En somme, « cela change-t-il quelque chose de se dire métropole ? »
Le contexte spatial de la métropole rouennaise est ancien mais il est marqué par une triple redéfinition récente : l’élargissement métropolitain, la mise à l’agenda de l’initiative Axe Seine, la construction politique d’une région Normandie. La tension entre orientations normande et francilienne perdure depuis au moins une cinquantaine d’années. La proximité de Paris produit un « effet d’ombre » (Paul KRUGMAN) sur Rouen, dont les potentialités de développement se voient ainsi en partie stérilisées. Tout l’enjeu est de passer à une position de ville de « taille empruntée » (William ALONSO) pour profiter des effets d’agglomération, tout en offrant des ressources foncières moins coûteuses et moins de congestion. Du côté normand, la re-constitution de la région Normandie le 1er janvier 2016 redéfinit les échelles du jeu rouennais en envisageant (de nouveau) un système métropolitain Caen-Rouen-Le Havre. Différentes initiatives attestent également -dans le champs de la mobilité, de l’environnement et de la culture notamment- un changement d’échelle de la stratégie métropolitaine et illustre donc une métropolisation institutionnelle en cours de construction.
Le statut métropolitain serait-il donc performatif ? S’affirmer métropole serait-il donc le meilleur moyen de la devenir ? Au final, la réponse reste nuancée. Si l’acquisition de ce nouveau statut oblige à redéfinir les échelles et les domaines d’intervention, elle impose également un nouveau « jeu d’acteurs ». Un temps de stabilisation est donc nécessaire pour aboutir à une adéquation entre les nouveaux enjeux métropolitains et les projets qui doivent les prendre en compte. Cet opus des cahiers de POPSU montre donc, dans un format concis et pratique, tout son potentiel éditorial centré sur un thème dans une métropole.