Vous connaissez le site vie-publique.fr ? Le portail de vulgarisation de l’Etat pour tout ce qui touche aux questions de droit et à l’éducation civique en général ? Et bien, le voici sous forme de livre ! Parlons jeunesse est le 14ème volume de cette série qui traite de sujets aussi divers que le nucléaire, les impôts, la justice, l’école, les classes moyennes…
La jeunesse est affichée comme l’une des priorités de l’actuel gouvernement. Emplois d’avenir, contrats de génération, réforme des rythmes scolaires… font partie des mesures phares mises en œuvre depuis l’automne 2012 pour lutter contre le chômage des jeunes, redonner à ceux-ci une place centrale dans la société. Pour accompagner ces mises en œuvre, la Documentation française a demandé à Olivier Galland, le sociologue de la jeunesse en France (directeur de recherche au CNRS), de fournir les clés de lecture de cet âge de transition qui inquiète souvent la société comme nos gouvernants.
L’ensemble est très didactique et facile de lecture. Il s’organise en trois temps. Une vingtaine de pages est consacrée à la présentation générale de la question puis le cœur de l’ouvrage se compose de questions – réponses posées par Galland ou par les internautes de vie-publique.fr Enfin, une petite bibliographie-sitographie clôt l’ouvrage. On y retrouve des titres incontournables sur le sujet, précédemment chroniqués par nos soins :
– Atlas des jeunes en France
– Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse
79% des 18-30 ans (IPSOS, 2012) sont pessimistes sur l’avenir de la société française mais 70% d’entre eux sont optimistes sur leur avenir personnel. Ils croient en la force des réseaux pour s’en sortir. L’organisation d’un colloque comme celui qui s’est tenu à Nanterre les 14 et 15 mars 2013 Web 2.0 visait d’ailleurs à donner les clés de l’insertion professionnelle aux doctorants et jeunes chercheurs. Une insertion qui passe par le réseautage ou networking : une culture étrangère à l’école de la République !
L’alternance ou la superposition de périodes d’études et d’emplois est très fréquente chez les jeunes (50% d’entre eux exercent une activité rémunérée tout au long de l’année scolaire d’après une enquête de l’OVE). Elle témoigne du fait que « la jeunesse moderne est devenue une phase d’expérimentation durant laquelle on tâtonne pour trouver une bonne définition de soi et lui faire correspondre un statut professionnel existant dans la société. » (p. 17). Il leur semble difficile de trouver sa place dans une société statutaire (CDI versus CDD), où les positions sociales tiennent beaucoup au fait d’avoir des diplômes ou pas. Dans ces conditions, les jeunes ont l’impression que tout se joue à l’école et qu’elle détermine l’ensemble de leur vie. Avec 8000€/an en moyenne dépensés par élève au cours de sa scolarité, il peut paraître évident que la pression exercée sur les jeunes scolarisés (y compris dans le Supérieur) soit importante. Pour autant, il apparaît que les jeunes comptent beaucoup sur leurs parents pour s’en sortir (70,5% des jeunes de 18 à 24 ans contre 34,2% des jeunes de 25 à 30 ans, enquête IPSOS, 2012). Ils entendent par là que leurs parents les accompagnent dans leurs démarches. Ce rôle est facilité par le rapprochement des valeurs entre parents et enfants (droit de chacun à être autonome dans l’orientation de sa vie). L’aide familiale creuse donc les écarts entre les jeunes. Ce ne sont pas les structures d’aide à l’orientation et à l’insertion qui comble cet écart. En revanche, les « Tanguy » ne sont pas plus nombreux qu’avant à vivre chez leurs parents, contrairement à ce que laissait à penser le film éponyme d’Etienne Chatiliez. Le modèle français intermédiaire (par rapport aux pays méditerranéens et à ceux du Nord de l’Europe) amène les jeunes à quitter le domicile familial sans être indépendant financièrement.
Ces éléments ici présentés sont la reprise de l’ouvrage co-dirigé par Olivier Galland chez PUR en 2008 : Deux pays, deux jeunesses ? La condition juvénile en France et en Italie. Le format compact et la simplicité d’écriture de l’ouvrage font que cet opus comme la collection Doc’ en poche méritent de figurer sur tous les rayons des CDI de France et de Navarre.
Catherine Didier-Fèvre ©Les Clionautes