« Presque aucun élève n’échappe aux bâtiments scolaires » : cette formule de Christian Vieaux, IGEN, doyen du groupe enseignements et éducation artistiques, l’un des témoins interrogé dans cet ouvrage, symbolise le manque « d’opportunisme local » qui pourrait consister à faire de la réhabilitation d’une école, d’un collège, d’un lycée, une action éducative permettant d’initier à l’architecture.

 

Citant en creux la phrase de Bruno Zévi « Pourtant, si chacun est libre de tourner le bouton de la radio, de déserter les salles de concerts, de cinéma ou de théâtre comme de ne pas lire un livre, personne ne peut fermer les yeux sur les édifices qui constituent le décor de notre vie » pour appuyer son propos, Christian Vieaux souligne en cela le rôle fondamental que pourrait avoir l’éducation à l’architecture auprès des enfants pour leur permettre de s’exprimer sur leurs attentes lors de projets qu’ils rencontreront à l’âge adulte et sur lesquels ils auront nécessairement un avis critique de citoyen.

 

Le grand paradoxe est que l’architecture est identifiée comme une « expression de la culture » depuis la loi du 03 janvier 1977 mais qu’elle est très peu présente dans le débat public et, a fortiori, dans les enseignements. Pourtant, elle a la croisée des systèmes privés et publics, de l’individuel et du collectif, et offre un regard très riche sur le monde.

 

C’est suite à une exposition et un colloque tenus à Bordeaux en 2017 que cet ouvrage souhaite diffuser les résultats d’expériences réalisées un peu partout en France pour que l’architecture pénètre les salles de classe mais aussi que les enfants aillent à son contact.

 

Pour faire voir mais aussi faire faire, trois approches sont abordées (contemplative, sensible et créative) au travers de visites (prises de notes, photos, croquis…) et d’ateliers (maquettes, vidéos, installations…). De nombreuses entrées sont passées en revue : la prospective et les sorties permettant de visualiser les transformations, les cartes sonores, le dessin d’enfant interprété en volume par l’architecte, le travail sur plans, les pochoirs et tant d’autres.

 

Un ouvrage très soigné au plan original (si les expériences relatées sont proposées au début du livre et s’ensuivent de contributions théoriques et de témoignages d’architectes, de chercheurs, d’enseignants, d’inspecteurs et autres acteurs, des photographies du colloque en agrémentent la partie centrale) et important du point de vue de sa relation avec les domaines de la géographie, de l’histoire et de l’histoire des arts.