Chaque article traite d’un cas précis, introduit par un court résumé et une liste de mots clés il est accompagné d’une bibliographie solide.
L’introduction générale apporte un regard synthétique et met en évidence les lignes de force des interrogations développées par une équipe d’universitaires français. L’expression d’universitaires africains aurait utilement complété le propos.
Anaïs Leblon montre les enjeux de la patrimonialisation des fêtes du yaaral et du degal inscrites au patrimoine mondial par l’UNESCO en 2005. Elle montre comment l’état malien, dans le cadre de sa politique de décentralisation, utilise ces fêtes de la transhumance dans le delta intérieur du Niger pour mettre en œuvre une politique de gestion d’un espace où des intérêts politiques, économiques, écologiques et identitaires sont en tension. La vision normative proposée par les agents du patrimoine renforce la recherche d’un développement économique fondé sur le tourisme tout en s’appuyant sur l’histoire de l’empire Peul et la tradition du droit coutumier pour convaincre les populations locales. Un article indispensable à tout acteur: ONG … désireux d’intervenir dans cette région.
Avec Marie Bridonneau nous invite à découvrir les problèmes sociaux que pose la volonté de l’état éthiopien de réhabiliter les paysages autour des églises rupestres de Lalibela au nord du pays. Elle analyse les enjeux du développement touristique de la ville, les acteurs en présence : état, Église, investisseurs, populations déplacées par le projet. Comment aménager un espace patrimonialisé et habité ?
Toujours en Éthiopie, Pauline Bosredon montre la recomposition spatiale qui résulte du classement en 2006 de la vieille ville de Harar. La politique de sauvegarde d’un patrimoine bâti mais aussi d’un mode de vie conduit au déplacement d’une population non hararie, originaire d’autres régions, souvent non musulmane et donc au renforcement ethnique et religieux de la population de cette ville, première ville islamisée d’Éthiopie.
En Afrique de l’Ouest, les forêts urbaines classées à l’époque coloniale connaissent aujourd’hui un renouveau à Bamako comme à Ouagadougou. Julien Bondaz compare les politiques de réhabilitation malienne et burkinabée : relance de la protection des espèces animales et botaniques mais aussi espace de détente et persistance de rituels traditionnels: des enjeux scientifiques, identitaire et touristique.
Pauline Guinard s’interroge sur la place de l’art public à Johannesburg: quels enjeux symboliques autour de l’héritage « encombrant » de l’apartheid? La mise en valeur toute particulière et les usages autour de la statue du premier magistrat de la ville montre l’ambiguïté du patrimoine.
Retour au Burkina-Faso avec deux sites patrimoniaux : le musée ethnographique de Gaoua et les ruines de la forteresse de Loropeni. Bertrand Royer montre l’opposition entre un héritage de la période coloniale qui a, en quelque sorte, construit une identité régionale, réaffirmée aujourd’hui à Gaoua et la mise en valeur d’un site médiéval, devenu emblème national d’une civilisation africaine. Il analyse les actions de l’état, de l’UNESCO dans leurs relations avec les populations et les traditions locales.
Le dernier article est consacré à un projet non abouti: celui d’un musée né d’une communauté en marge, celle des Nubiens, anciens esclaves/soldats, installé dans le bidonville de Kibera. De sa présence sur place Olivier Marcel tire une analyse des facteurs nécessaires pour une patrimonialisation réussie.
Les varia du numéro 80 de la revue qui complète ce livre concerne d’autres sujets.
Christiane Peyronnard Les Clionautes