L’ouvrage réunit les contributions de nombreux auteurs africains sous la direction d’André Tassou, chercheur, maître de conférences à l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun, membre de l’association américaine des sciences politiques (APSA), du Groupe de recherche sur les dynamiques sociales et politiques (GREDYSOP) et de la Société camerounaise d’histoire (SCH).

Des catastrophes climatiques sans pareil, notamment l’aridité des sols cultivables et les inondations régulières, provoquent des flux migratoires qu’intensifient les crises socio-politiques et alimentaires causées, en partie, par la « mauvaise gouvernance » et les attaques terroristes fréquentes. Cet ouvrage présente les multiples facettes de ces différents phénomènes et de leurs conséquences environnementales, socio-économiques et politiques et montre que cette partie de l’Afrique située au sud du Sahara est particulièrement mal lotie, à cause de son milieu naturel défavorable et de la mauvaise gestion de la part de certains de ses dirigeants autocrates. Les auteurs analysent cette grande vulnérabilité, ils montrent pour certains d’entre aux la relation entre aléas climatiques, situation économique et sociale notamment en zone rurale : sécheresse, crises alimentaires, instabilité politique et migrations.

Jean Gormo étudie la vulnérabilité climatique au Nord Cameroun. Outre la description du phénomène naturel, il montre la perception et la compréhension de la menace par les populations rurales ainsi que leurs stratégies pour réduire la vulnérabilité : association de cultures, évolution du calendrier agraire et pratiques religieuses.

Narcisse Aboya, Koco Marie Jeanne Kanga, Yao Sylvain Charles Kakou montent les effets de la sécheresse en Côte d’Ivoire. Ils analysent les conséquences sur la disponibilité d’une ressource importante : la pêche dans la rivière Gbahanla.

Géraldine Nicole Mambo Tamnou traite des problèmes de santé imputables aux changements climatiques et à la déforestation. On assiste à une recrudescence des maladies tropicales, obstacles à la scolarisation et au développement économique.

Timothée Tomo Ndjobo, Odile Ymelda Yolande Ambono intéressent à la population des Baka, minorité forestière du Cameroun particulièrement sensible aux évolutions de leur écosystème : sécheresse, perte de la biodiversité. Après une description du mode de vie traditionnel et de leur économie de survie les auteurs montrent les impacts du changement climatique et notamment la menace sur la sécurité alimentaire et sanitaire.

Les articles suivants s’éloignent du propos général sur le climat.

Michel Fabrice Akono Abina relate l’histoire de la filière cacao de 1920 à 1970 au sud du Cameroun, un article historique sur le cas des négociants grecs installés sans la colonie française au début du XXe siècle.

André tassou, Ladifatou Naghet Nkouengam abordent les phénomènes migratoires. Dans ce premier article sur les migrations, nous sommes à la frontière entre le Cameroun et la Guinée équatoriale. Les auteurs montrent que ces déplacements de population ont entraînés de développement du commerce sur la frontière et sont un facteur de développement local mais aussi de tensions sociales et d’incidents diplomatiques. Ils décrivent les causes de ces migrations : pauvreté, chômage, les acteurs du développement économiques, la présence d’une mafia, les tentatives de fermetures de la frontière par la Guinée équatoriale et les politiques mises en place pour régler les problèmes et notamment le rôle des autorités traditionnelles.

Natali Koussoumna Liba’a, Bernard Gonné, Hamidou Vailia traitent d’un autre lieu de tensions : le Nord Cameroun confronté à l’arrivée des réfugiés centrafricains, poussés par les conflits interreligieux récents. Les auteurs abordent les facteurs socio-économiques qui favorisent le conflit centrafricain et la contagion au Nord Cameroun du phénomène des coupeurs de route. Ils montrent les conflits entre réfugiés, souvent éleveurs, musulmans et population locale, agriculteurs catholiques notamment aux points d’eau et près des centres de santé. Ils posent la question de l’insertion des réfugiés, avec l’exemple positif de la ville de Touboro.

André Tassou et Sylvis Ngwa Sirri traitent, en anglais du cas des réfugiés tchadiens du camp de Langui au Nord Cameroun et de leur intégration. Ils analysent les effets des programmes du UNHCR concernant l’accès à l’eau et à l’électricité, l’amélioration du réseau routier et l’insertion par l’emploi.

Clarkson Mvo Wanie, lui aussi en anglais, aborde le même sujet dans la région de Maroua après avoir longuement présenté sa démarche. Il montre ici des migrations internes au Cameroun, s les effets positifs et négatifs pour la région.

Déli Tizé Téri, dans ce dernier article, analyse une migration temporaire originale : la migration circulatoire des Camerounaises de confession musulmane à Dubaï et en Arabie Saoudite. Il montre le poids de la religion dans le devenir de ces femmes. Dans ce contexte elles utilisent le pèlerinage pour développer des activités économiques. La limitation de ces migrations passe par une meilleure intégration dans le marché de l’emploi au Cameroun.

Un ouvrage qui traite majoritairement du Cameroun et qui réunit divers travaux qui ne concernent pas vraiment la relation entre changements climatiques et migrations annoncée dans le titre.