L’auteur a rassemblé les articles qu’il a écrits mensuellement pour les Échos depuis 2007, la règle du jeu étant de présenter 3 livres par article. Ce qui explique la densité et la richesse du propos lorsque lesdits articles sont rassemblés en un seul livre !

C’est un petit livre par ses dimensions, mais en fait c’est une encyclopédie , donc extrêmement dense et qui est l’équivalent de plusieurs volumes. Son objet est de nous dépayser en nous présentant des ouvrages que nous ne pouvons pas nous procurer facilement.

À concurrence de 3 livres présentés par mois depuis 2007, on est donc à environ 200 présentations ! D’où le terme de « culture » économique.

Il n’est évidemment pas question de faire une analyse de toutes ces analyses, ce qui en enlèverait tout le sel. En effet l’auteur a choisi en général des ouvrages originaux ou irrespectueux, parfois volontairement utopistes pour casser les vieux schémas mentaux. Le résumé est d’autant plus impossible que les disciplines citées sont extrêmement variées, ainsi que les professions des auteurs.
Les livres en question sont écrits en anglais et sont surtout américains, puisqu’il s’agit d’apporter aux Français des idées d’un autre monde, et les Anglo-saxons sont connus pour leurs ouvrages à la fois encyclopédiques, bien documentés et humoristiques. Il s’agit donc d’exposer des idées étrangères et non celle de l’auteur.

Je vais donc me borner à donner quelques exemples :

– Les États-providence sont considérés comme dispendieux et inefficaces, et plusieurs auteurs proposent de distribuer directement de l’argent à tout le monde, plutôt que de s’épuiser à gérer et mettre à disposition des biens gratuits qui ne profitent pas forcément aux plus pauvres (exemple bateau de l’université), ce qui laisse à chacun la liberté (terme très fréquent dans ces pays de philosophie libérale) de faire de cet argent l’usage de son choix.

– Ceux qui craindraient une mauvaise utilisation de ces fonds (l’exemple, bateau également, des pauvres se ruinant en alcool plutôt qu’en éducation de leurs enfants) se voient proposer des solutions par bons (coupons, chèques préaffectés etc.), non seulement pour l’éducation, comme c’est théorisé depuis longtemps et maintenant parfois pratiqué, mais aussi pour la santé et toutes les autres prestations. Cela également pour faire jouer une concurrence qui serait bien nécessaire dans le système de santé américain.

– Les inégalités sont stables à long terme en France (ce que les articles sérieux disent depuis toujours), mais croissantes aux États-Unis, ce qui s’explique non pas par les raisons techniques généralement avancées, mais tout simplement par un meilleur lobbying des riches notamment en matière fiscale (je rappelle que le lobbying est un moyen d’action affiché et légitime aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, alors qu’il a été longtemps caché et honteux en France, ce qui explique notre retard notamment à Bruxelles).

– Concernant l’enseignement, son objet ne doit pas être d’amener les élèves à un niveau donné, mais d’amener « chaque élève là où il peut ». Il faut donc acter des différences (naturelles, culturelles … qualificatif au choix de chacun) entre élèves et s’organiser en conséquence. L’inverse amène à dépenser de plus en plus d’argent pour un objectif inatteignable, et écarte les enfants les moins doués sans apporter suffisamment aux meilleurs. Cela du bas jusqu’en haut, puisque seuls 10 à 20 % des élèves devraient aller à l’université (j’ai bien sûr choisi l’exemple le plus éloigné de nos conceptions). Un autre auteur cité insiste sur l’ennui en classe et la nécessité d’individualiser l’enseignement à partir des outils informatiques, un autre encore s’attaque à l’évolution de l’état d’esprit de la gestion des cantines scolaires, privées et entre les mains «des lobbys agricoles, commerciaux et éducatifs » qui ont des objectifs divergents, par exemple celui de l’unification culturelle par la nourriture. D’autres encore…, Car nombre d’auteurs s’attaquent à un enseignement qui d’une part est fondamental et d’autre part marche très mal. Je répète qu’il s’agit d’Américains jugeant leur propre système.

Mais il ne s’agit là que de quelques pages, car l’ouvrage traite aussi des questions de retraite, de la politique familiale, des villes, de la justice, de la violence, des migrations, du management, du rôle des entreprises, des religions, de la science, de la crise, de l’Europe, toutes rubriques elles-mêmes fractionnées par ouvrage analysé, et auxquelles l’auteur ajoute des sujets insolites comme le cannibalisme !

Bref, un livre à garder sous la main en picorant à partir la table des matières, pour cultiver la souplesse et la réactivité de son cerveau.