Dans cette double biographie, Adrian Goldsworthy nous offre une nouvelle vision de l’Antiquité grecque et macédonienne. A travers un travail considérable de relecture des sources, de précision historique au sens scientifique du terme, et grâce à un style vivant et fougueux, l’auteur nous replonge dans le destin de deux figures majeures du passé oriental.

Toute la force de l’ouvrage tient dans cette association, Philippe et Alexandre. Le destin fabuleux et hors du commun d’Alexandre a souvent été analysé en tant que tel, sorte de météore qui s’éteint brutalement avec la mort de celui-ci. L’historien montre ici à quel point le destin des deux hommes est en réalité lié. La thèse semble assez simple à la fin de la lecture de ce livre: sans Philippe, pas d’Alexandre le Grand. Mais, au fil des pages, cette thèse prend toute sa profondeur.

Le coeur du propos est divisé en 3 parties: l’une centrée sur Philippe ; l’autre sur Alexandre de son ascension dans la péninsule grecque à l’écrasement de l’Empire perse; la dernière sur les rêves d’Asie.

En début d’ouvrage, un ensemble de cartes et de schémas, dont il faut noter l’indispensable utilité pour bien saisir les trajets de l’armée macédonienne, ses tactiques et certains de ses combats. En fin d’ouvrage, un retour sur les sources utilisées, des notes immenses et une très riche bibliographie, majoritairement angle-saxopnne.

Quels liens entre père et fils? Surement peu de liens de proximité et d’affection. Peu aussi de point commun dans leur rêve d’expansion, le fils ayant l’envie (mais aussi les moyens) d’aller au-delà de ce qui aurait pu être pensable (et faisable) à l’époque.

Mais le fils ne peut exister que par le père. Malgré des sources défaillantes et/ou manquantes, Adrian Goldsworthy nous dresse le portrait de Philippe et de son règne. Cela lui permet d’abord de traiter tout un pan de l’histoire de la Macédoine et des cités grecques. Ensuite, il s’attarde sur la politique et la culture macédoniennes. Il montre comment Philippe II a réussi à stabiliser son pouvoir, son pays, puis la péninsule grecque, afin de dépasser une image de barbare qui collait à la peau des Macédoniens chez de nombreux Grecs.

A sa mort, il laisse à Alexandre un royaume solide, dominant en Grèce, prospère et serein intérieurement. C’est par le travail de son père qu’Alexandre, souvent irrité par l’attitude paternelle, a pu entreprendre son expédition. De son père, Alexandre retient aussi la fougue militaire, la science du combat, l’amour des fêtes orgiaques, la science politique. Alexandre a évidemment fait aboutir le projet de grandeur macédonien bien au-delà des ambitions de son père. Mais ce lien est ainsi retracé et mis en perpective par ce livre.

Un des autres grands atouts de cet ouvrage est le traitement d’Alexandre. Au-delà de réhabiliter la mémoire de son père mais aussi la culture macédonienne, l’historien ne fait pas d’Alexandre un être divin, sur qui tout tomberait miraculeusement, mais un homme avec ses ambitions, ses doutes, ses difficultés, ses stratégies tant militaires que politiques. Alexandre a globalement les pieds sur Terre, même si son incroyable destinée et son empreinte lui semblent être bénies des Dieux. S’il connait et commet des excès, il sait aussi se montrer reconnaissant et apte à comprendre le monde qui l’entoure.

Ce livre est prenant de part l’écriture de l’auteur et son envie d’être à la fois exhaustif et compréhensible, tout en faisant preuve d’une extrême rigueur scientifique. Il est écrit comme une sorte de journal de bord, donc dans une trame chronologique précise, entrecoupée de passages descriptifs.

2 grands types de descriptions parsèment ce voyage : les batailles et la géopolitique. L’auteur s’appuie sur un certain nombre de chroniqueurs, toujours critiqués de manière pertinente car parfois hostiles aux Macédoniens (Démosthène) ou trop éloignés des événements relatés (Arrien, Justin). On se prend à devenir très souvent spectateur des grands affrontements mythiques tant l’immersion proposée par Adrian Goldsworthy est aboutie.

Au final, une ouvre majeure qui est d’ores et déjà un classique du genre. Tant sur le fond que la forme, cette biographie est une référence dont la lecture semble indispensable à tout amateur d’Histoire au sens large. Ce livre comblera les attentes du plus grand nombre, de l’érudit au simple curieux. Une vraie régalade à mettre entre toutes les mains.

 

Présentation de l’ouvrage

« En métamorphosant un royaume affaibli du nord de la Grèce en empire planétaire, Philippe et Alexandre de Macédoine ( – 359/ – 323) ont bouleversé le cours de l’Histoire.

À la fin de sa brève existence, à 32 ans, Alexandre le Grand avait éclipsé la grande puissance perse, traversé l’Hindou Kouch et pénétré dans ce qui est aujourd’hui le Pakistan : son empire s’étendait de la mer Adriatique au sous-continent indien. Mais son succès n’était pas seulement le produit de son génie personnel et d’une énergie inépuisable. Il résultait aussi de plusieurs décennies d’efforts réalisés par son père. L’Histoire nous a présenté Philippe II de Macédoine comme un vieil homme dont l’assassinat, fort commode, a permis l’arrivée au pouvoir de son fils génial. Erreur et mensonge. Des dizaines d’années de combats acharnés et d’indéniables talents de diplomate l’ont conduit à unifier le pays et conquérir la Grèce tout en bâtissant une armée invincible. Tout cela, il l’a transmis en héritage à son fils, au bon moment et à l’âge idéal pour pouvoir s’auréoler d’une gloire encore plus grande et bâtir le premier grand empire de l’Antiquité. Philippe et Alexandre ont tous deux joué un rôle essentiel dans la très large diffusion de la langue et de la culture hellènes, aux répercussions nombreuses et profondes, comme l’écriture du Nouveau Testament en grec et un empire « romain » hellénophone qui survécut pendant mille ans à l’est de la Méditerranée après la disparition du dernier empereur régnant en Italie.
L’œuvre d’un maître de l’histoire au sommet de son art.
« Un ouvrage palpitant, à la hauteur de ses ambitions, comme Philippe durant son règne, et aussi fondamental que les conquêtes d’Alexandre. » Tom Holland
« En un seul volume, Adrian Goldsworthy nous donne à lire le récit des exploits d’un duo de conquérants – père et fils – le plus brillant de tous les temps. L’auteur met en lumière à la fois leur caractère dramatique et violent et leurs répercussions au cours des siècles. Le résultat est un travail d’expert, fluide et vivant. » Barry S. Strauss »
Présentation de l’auteur 
« Adrian Goldsworthy a suivi les cours de la Westbourne School à Penarth. Après l’étude de l’histoire antique et moderne à St John’s College à Oxford, il achève un philosophiæ doctor en histoire militaire antique à l’Université d’Oxford en 1994, et ensuite utilise sa dissertation comme base pour son premier livre : The Roman Army at War 100 BC – AD 200.

Il fut chercheur Junior Research Fellow à l’université de Cardiff pendant deux ans, et ensuite il a brièvement enseigné au King’s College de Londres, puis a été professeur assistant à l’Université Notre-Dame de Londres pour six ans. il a dispensé des cours sur l’histoire romaine, ainsi qu’un cours sur l’histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale à l’Université Notre-Dame. Adrian Goldsworthy a affirmé que bien qu’il adorait enseigner, il préférerait écrire davantage et d’ailleurs maintenant il écrit à plein temps.

Adrian Goldsworthy a apparu dans les documentaires de la chaîne History Channel et le jeu télévisé Time Commanders, servant d’expert lors des batailles des concurrents. Il a donné un discours sur l’histoire romaine et la politique romaine au coup d’une représentation d’une pièce de William Shakespeare : Antoine et Cléopâtre à Liverpool en 2010. »