Le nouveau numéro des Dossiers d’Archéologie est consacré à la ville de Narbonne antique et médiévale.

Il débute par un article de Julien Cavero et de Corinne Sanchez, intitulé « Narbonne. La ville et son environnement », qui évoque, de manière synthétique, l’évolution de l’environnement de Narbonne, de la dernière glaciation au XIXe siècle.

Jean Guilaine (« Le Narbonnais du Néolithique au premier âge du Fer ») offre un large panorama de l’occupation de la région de Narbonne entre le VIe millénaire et le VIe siècle avant notre ère et sur la production de certains artefacts (avec, entre autres, la magnifique épée de Jugnes, découverte à Port-la-Nouvelle et datant du Bronze moyen).

Chantal Alibert (« Paul Tournal (1805-1872), fondateur de la préhistoire ») présente le parcours et les travaux de Paul Tournal, « fondateur de la préhistoire » qui « relève bien avant Boucher de Perthes (…), dont le nom passera à la postérité, que l’homme existe à l’état de fossile (p.16) ». L’homme est aussi un acteur majeur de la sauvegarde du patrimoine de la ville de Narbonne au XIXe siècle doublé d’un humaniste militant pour l’accès à l’éducation et contre la peine de mort.

Claire-Anne de Chazelles (« Montlaurès, un chef-lieu gaulois avant Narbo Martius ») s’intéresse à l’oppidum de Montlaurès, fondé au VIe siècle avant notre et situé à 4 km de la future Narbonne. Le site, qui avait peut-être le statut de chef-lieu, disposait probablement d’un atelier monétaire et a livré, entre autres, un superbe casque celtique d’apparat datant du IVe siècle avant notre ère. Il est abandonné vers 50 av.J.-C.

Maria-Luisa Bonsangue et Corinne Sanchez (« La ville et ses habitants durant le Haut-Empire ») évoquent la colonie de Narbonne (fondée en 118 avant notre ère), son organisation spatiale et son dynamisme économique. Siège du gouverneur de la Narbonnaise, la colonie a livré une abondante documentation épigraphique et certains de ses monuments sont connus et localisés, à l’instar de son amphithéâtre.

Corrine Sanchez et Marie-Pierre Jézégou (« Les ports antiques de Narbonne ») mentionnent l’importance du port de Narbonne (et les épaves de navires qui ont pu être mises au jour) qui « était réputé le plus grand de la Celtique et figurait parmi les plus importants centres marchands de l’Empire car de très nombreux produits y transitaient (p.30) ».

Yvan Malicorne, Stéphanie Zugmeyer, Véronique Canut et Ambroise Lassalle (« L’aire sacrée du forum ? Le grand temple et son portique ») relatent les dernières données concernant le sanctuaire (connu depuis le XIXe siècle) implanté au cœur de Narbonne et qui « se composait d’un temple central entouré d’un triportique ». Les auteurs écrivent encore que « dominant probablement le forum de la colonie, il se distingue par son architecture : il est l’un des premiers complexes religieux revêtant cette forme en Gaule romaine, et le gigantisme de son temple est sans équivalent dans le territoire (p.34) ».

Raymond Sabié (« Le quartier du Clos de la Lombarde ») évoque les fouilles effectuées dans le quartier du Clos de la Lombarde à Narbonne lorsque Marc Azéma et Jean-Claude Golvin (« Restituer Narbo Martius ») expliquent le travail permettant la « reconstitution » de la cité, d’abord par le dessin puis sous forme d’images virtuelles et que Ludivine Pechoux écrit sur le musée Narbo Via (« Narbo Martius a désormais son musée »).

Olivier Cinouvez s’intéresse à Narbonne durant l’Antiquité tardive et pendant la période wisigothique (« La ville wisigothique et chrétienne »). L’auteur indique que Narbonne entre officiellement « dans le giron » wisigothique en 475 de notre ère. Il relève que jusqu’en 587, les religions catholique et arienne y ont cohabité.

Jacqueline Caille (« Splendeurs et déclin de Narbonne au Moyen Age ») évoque Narbonne durant la période médiévale. Cité dynamique durant la période carolingienne, Narbonne, de la fin du Xe siècle au milieu du XIVe siècle, est un centre économique majeur. Elle subit ensuite une série de vicissitudes : peste de 1348, « grande chevauchée du Prince Noir (p.53) », brigandages, « guerre civile » entre les Narbonnais et leur Vicomte. Jacqueline Caille écrit (p.55) que « force est de constater que jamais Narbonne ne redevient aux Temps modernes la brillante métropole, religieuse, politique et économique, qu’elle avait été, dans l’Antiquité d’abord, au Moyen Age ensuite ».

Christian Freigang présente la superbe cathédrale de Narbonne (« La cathédrale Saint-Just et-Saint-Pasteur. Un chef d’œuvre inachevé »). Il écrit que l’édifice a été édifié dans les années 1270 et que le chantier a été interrompu, moins d’un siècle après, alors que seuls le transept et le chevet étaient achevés. L’auteur écrit que la cathédrale se singularise par « une architecture du gothique rayonnant particulièrement innovante (p.57) ».

Julien Foltran (« La chronologie du palais des Archevêques par l’archéologie du bâti ») et Flore Collette (« Le palais des Archevêques ») offrent de belles contributions sur le palais des Archevêques de Narbonne. Constitué d’un « palais vieux » et d’un « palais neuf », le bâtiment figure parmi les principaux palais épiscopaux de la période médiévale. Flore Collette estime que seuls « deux édifices de la France méridionale peuvent lui être comparés : le palais des Papes d’Avignon et l’atypique palais de la Berbie d’Albi (p.64) ».

Ce beau numéro des Dossiers d’archéologie pourra, comme à l’accoutumée, venir contribuer à alimenter des séquences consacrées aux mondes romain ou médiéval.

Grégoire Masson