En France, il est un des premiers médecins à se mobiliser sur les questions de santé publique liées à la téléphonie mobile. Il est à l’origine, en juillet 2016, des révélations du scandale du Phonegate au plan national et international, objet du présent ouvrage. Il est aujourd’hui président et co-fondateur de l’ONG Alerte Phonegate.

Marc Arazi est docteur en médecine cofondateur du groupe CMV-Médiforce.

            Qu’est-ce donc que le Phonegate ? Un scandale qui, comme le Watergate, le Dieselgate ou l’Irangate, compromet à la fois des États et des firmes multinationales. En janvier 2020, on comptait 5,19 milliards d’utilisateurs de mobile dans le monde. En juillet 2016, un article du journaliste Pierre Le Hir, paru dans Le Monde, annonçait : « Technologies sans fil, prudence ! C’est l’avertissement que lance, à l’adresse des parents comme des pouvoirs publics, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail dans un rapport d’expertise sur l’exposition aux radiofréquences et la santé des enfants ». L’article précise que 89% des téléphones sélectionnés par l’ANFR, mesurés au contact du corps, présentaient un DAS (débit d’absorption spécifique) supérieur à 2 W/kg, limite imposée par la réglementation française et européenne. Le DAS mesure la quantité d’énergie absorbée par nos tissus lorsque notre téléphone mobile est en contact du corps. Pourtant, l’ANFR a indiqué tous les téléphones sélectionnés comme « conformes ».

            Les premières constatations faites dans une étude NTP (National Toxicology Program) de 2016 sur des rats exposés aux ondes du téléphone portable montrent des liens avec une augmentation des tumeurs malignes et bénignes du cerveau, mais aussi des tumeurs du cœur ainsi que de nombreuses et diverses pathologies plus ou moins graves touchant le cœur, la thyroïde et la prostate.

            L’ouvrage de Marc Arazi raconte sa croisade contre les Multinationales et le silence de l’État. Son engagement débute en 2016 et, au fil des chapitres où se mêlent vie privée et mission humanitaire, se concrétise par une reconnaissance officielle du problème internationalement. Sorte de carnet intime, Arazi nous introduit dans les méandres des rapports (tous référencés dans l’ouvrage), des déclarations, des entretiens déçus, des colloques internationaux et des rendez-vous manqués avec la presse. L’écrit nous perd parfois dans des détails superficiels mais nous montre les enjeux et les compromissions de la presse avec les fabricants de portable qui inondent le paysage audiovisuel par des campagnes coûteuses. En France, plus de 50% des principaux médias appartiennent à des fabricants ou à des opérateurs de téléphonie mobile.

            Les révélations qui sont faites par Marc Arzi dans cet ouvrage ont tout pour inquiéter les usagers : les portables actuels, et ce avec l’arrivée prochaine de la 5G, ont des DAS qui frisent les 7 à 9 W/kg, tout en étant déclarés « conformes » à la vente malgré leur dépassement des limites autorisées. Les calculs fournis par les fabricants sont faits dans des circonstances particulières. Ainsi, lorsque l’utilisateur de smartphone se trouve en zone de mauvaise réception voire dans une rame de métro ou de RER, l’opérateur oblige le téléphone portable à augmenter son DAS au maximum pour maintenir la connexion (p.202).

            Ainsi, Arazi en vient à une conclusion amère : les obstacles à la reconnaissance des dangers du smartphone sont multiples et ont tous un facteur commun, le rôle central que le téléphone portable joue au quotidien dans nos vies. Il n’est plus question de s’en séparer même si on a de sérieux doutes sur les risques pour notre santé et celle de nos proches. Aux États-Unis, le Phonegate a été classé récemment par l’organisation américaine Project Censored comme étant le quatrième sujet le plus censuré en 2018.