Jean-Paul Pellegrinetti : un spécialiste de la vie politique corse sous la Troisième République

L’ouvrage Pour une histoire politique de la France méditerranéenne, publié sous la direction de Jean-Paul Pellegrinetti, constitue l’une des dernières parutions des Presses Universitaires de Rennes (PUR) de 2021, dans la collection « Histoire », publiées en octobre 2021.

Jean-Paul Pellegrinetti, né le 18 janvier 1965, est un historien contemporanéiste et universitaire français. Professeur en histoire contemporaine depuis 2011, il enseigne à l’université Côte d’Azur de Nice (ex- Sophia-Antipolis). Jean-Paul Pellegrinetti a soutenu sa thèse, à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, le 2 décembre 2000, intitulée La Corse et la République. La vie politique de 1870 à 1914. Le jury était composé de Ralph Schor (directeur de thèse), Jacques Basso, Jean-Jacques Becker, Pierre Guillaume, et Michel Winock. Maître de conférences de 2002 à 2011, il a reçu son habilitation à diriger des recherches (Institut d’Études Politiques de Paris, en novembre 2008) sur La Corse, les Corses et la Grande Guerre, au miroir de la correspondance des poilus insulaires. Le jury se composait de Jean-François Sirinelli (directeur de recherche), Ralph Schor, Antoine-Laurent Serpentini, Pierre-Yves Beaurepaire, Jean-Jacques Becker et Stéphane Audoin-Rouzeau.

Depuis 2014, Jean-Paul Pellegrinetti est le Directeur du Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine (CMMC). Il est également le coordinateur du programme ANR ICEM (Identités et cultures en Méditerranée. Les élites politiques de la Révolution française à la Ve République), membre du bureau du Comité d’Histoire Parlementaire et Politique (CHPP), membre du Collectif de recherche international et de débat sur la guerre 1914-1918 (CRID 14-18). Il dirige la publication de la revue Cahiers de la Méditerranée et de la revue Études Corses. Ses spécialités sont l’histoire politique de la France (XIXe-XXe siècles), histoire sociale de la Grande Guerre et des conflits du XXe siècles, des Îles de Méditerranée et histoire de la Corse.

Actuellement, ses recherches portent sur les correspondances des poilus de la Grande Guerre ainsi que les identités et cultures en Méditerranée, plus particulièrement des élites politiques de la Révolution français à la Ve République.

Pour une histoire politique de la France méditerranéenne : le résultat d’un programme de recherche

Ce livre pose les premiers jalons d’une histoire des élites politiques méditerranéennes, c’est-à-dire une histoire globale de la France du Sud-Est, de la Révolution française à la Ve République. La Méditerranée est un laboratoire atypique d’observation de la vie politique française, où les évènements nationaux trouvent une résonance particulière, au gré d’une histoire locale rythmée par des aspirations souvent contradictoires, des crises ou encore des changements de souveraineté.

Composé, au total, de 56 contributions, ce volumineux ouvrage de 730 pages est divisé en 4 parties, de longueur très inégale. Outre les remerciements de Jean-Paul Pellegrinetti (p. 7) et une introduction signée, à la fois, de Jean-Paul Pellegrinetti et de Jérémy Guedj (p. 9-21), les 56 communications se répartissent comme suit : 8 pour la partie I (p. 23-96), 10 pour la partie II (p. 97-228), 4 pour la partie III (p. 229-292) et, enfin, 34 pour la partie IV (p. 293-664). Puis, suivent une annexe biographique composée de 11 parcours d’hommes politiques méridionaux (p. 665-712) ainsi que d’une postface de Jean-Marie Guillon (p. 713-720), la liste des 60 auteurs (p. 721-724) et, enfin, la table des matières (p. 725-730) sans oublier les 16 planches couleurs (I-XVI) situées vers la fin de la partie III de l’ouvrage (p. 288-289).

Comme le soulignent Jean-Paul Pellegrinetti et Jérémy Guedj, les deux auteurs de l’introduction, « Tout est parti d’un programme de recherche, intitulé « Identités et cultures en Méditerranée. Les élites politiques de la Révolution française à la Ve République (ICEM) », financé entre 2012 et 2016 par l’Agence nationale de la recherche (ANR). L’ouvrage en constitue le produit final, […]. Il fallut d’abord circonscrire un périmètre d’analyse : au plan géographique, seize départements, avant 1962, treize après l’indépendance de l’Algérie, furent concer­nés par l’étude, […].

Il s’agit des trois départements d’Algérie (Alger, Oran, Constantine), des six départements formant la région […] Sud (Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Vaucluse, Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes), des deux départements constitutifs de la région Corse (Corse-du-Sud et Haute-Corse) et des cinq départements regroupés dans la région, avant la fusion de 2016, Languedoc-Roussillon (Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Gard et Lozère) » (p. 13). Pour les deux chercheurs, l’objectif n’était pas de rassembler une base documentaire considérable (thèses, travaux de maîtrise et de masters) éclatée, mais de lancer un nouveau sillon de recherche suivant deux directions principales : une étude des élites et parlementaires de l’espace considéré, d’une part, et de l’autre, faire une étude des cultures politiques.

Première partie : « Les élites politiques : comparaisons nationales et régionales »

La première partie, intitulée « Les élites politiques : comparaisons nationales et régionales » (p. 23-96), est consacrée à une comparaison aussi bien régionale qu’internationale. Elle comporte 8 communications dont 4 dédiées aux comparaisons nationales (p. 25-66) et 4 à des régionales (p. 67-96).

Comparaisons nationales

Les 4 contributions nationales permettent de dresser un bilan historiographique aussi bien sur les travaux consacrés aux élites françaises, italiennes qu’espagnoles :

  • Cinquante ans de recherche sur les élites politiques françaises de l’époque contemporaine (p. 27-38) d’Éric Anceau (Maître de conférences HDR à Sorbonne Université, membre de l’UMR SIRICE et vice-président du CHPP) ;
  • Les élites politiques en Italie (p. 39-46) et Les élites politiques dans l’Espagne libérale (1837-1923). De la critique régénérationniste à la nouvelle histoire politique (p. 47-54) de Simon Sarlin (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris Nanterre, membre du laboratoire ISSP).

Une attention spécifique a également été portée à l’Algérie. Un bilan historiographique détaillé et précis y figure, de même qu’une synthèse très riche de la vie politique, pour la totalité de l’époque de la colonisation (1830-1962) :

  • Une histoire politique des élites du Maghreb, l’exemple de l’Algérie coloniale. Bilan historiographique, acquis, pistes de recherche (p. 55-65) de Bénédicte Decourt-Hollender (Maître de conférences HDR en histoire du droit à l’université Côte d’Azur, membre du laboratoire ERMES).

Comparaisons régionales

Les 4 exemples régionaux choisis (Bretagne, Aquitaine, Lorraine et Auvergne) offrent une comparaison nécessaire à la compréhension de ce qui relève des spécificités ou des particularismes politiques en terres méditer­ranéennes ainsi qu’en matière d’étude concernant les identités et les cultures :

  • Les élites politiques en Bretagne. Une approche historiographique (p. 69-74) de Christian Bougeard (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne occidentale à Brest, membre du CRBC) ;
  • Bilan historiographique des élites en Aquitaine (p. 75-80) de Sylvie Guillaume (Sylvie GUILLAUME Professeure honoraire d’histoire contemporaine à l’université Bordeaux Montaigne, membre du CEMMC) ;
  • Les élites politiques en Lorraine de 1815 à nos jours (p. 81-88) de Jean El Gammal (Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lorraine, membre du CRULH) ;
  • Les élites politiques dans le Massif central. L’exemple de L’Auvergne (p. 89-95) de Fabien Conord (Professeur d’histoire contemporaine à l’université Clermont-Auvergne, membre du CHEC).

Deuxième partie : « Les temps du sud : espaces et temps politiques dans la France méditerranéenne »

La deuxième partie est ainsi dédiée aux « Temps du Sud » (p. 97-228) en s’intitulant « Les temps du sud : espaces et temps politiques dans la France méditerranéenne », comprenant 10 communications. Il s’agit d’une réflexion sur le rythme de la temporalité (temps longs, temps courts) mais aussi des lieux (espaces, ancrages). Elle pose ainsi le cadre général de l’ouvrage permettant, de la Révolution française à la Ve République, une compréhension synthétique des grands traits de l’histoire politique rapportée aux Midis.

Le temps long de la politique

            Le premier temps de cette deuxième partie, est consacré au temps long de la politique avec 6 articles, intéresse soit des régions (Languedoc, Provence, Corse et l’Algérie) soit des départements (Lozère et Alpes-Maritimes) :

  • Le Languedoc méditerranéen Roussillon de 1789 à 1914. Le « Midi rouge » en question (p. 101-118) de Philippe Lacombrade (Docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au laboratoire CRISES) et Richard Vassakos (Docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au laboratoire CRISES) ;
  • La Lozère : notables et politique (p. 119-124) de Yves Pourcher (Professeur d’anthropologie politique à l’IEP de Toulouse, membre du laboratoire LaSSP) ;
  • La Provence en politique, une propension aux extrêmes ? (p. 125-146) de Jean-Marie Guillon (Professeur émérite d’histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe) ;
  • Les Alpes-Maritimes (p. 147-162) de Henri Courrière (Docteur en histoire, chercheur associé au CMMC), Karine Deharbe (Maître de conférences HDR en histoire du droit à l’université Côte d’Azur, membre du laboratoire ERMES), Marc Ortolani (Professeur d’histoire du droit à l’université Côte d’Azur, membre du laboratoire ERMES), Ralph Schor (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, membre du CMMC) et Olivier Vernier (Professeur d’histoire du droit à l’université Côte d’Azur, membre du laboratoire ERMES) ;
  • De Napoléon III à Gilles Simeoni. Jalons pour la compréhension de plus de 150 ans d’histoire politique (p. 163-172) de Jean-Paul Pellegrinetti (Professeur d’histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, directeur du CMMC) et Ange Rovere (Professeur honoraire d’histoire-géographie, membre du CTHS);
  • « Les Temps du Sud ». L’Algérie à l’époque de la colonisation (1830-1962) (p. 173-190) de Claire Marynower (Maîtresse de conférences en histoire à l’IEP de Grenoble), membre du laboratoire Pacte et chercheuse associée au Centre Jacques-Berque).

Le temps court de l’évènement : quelques éclairages

Par la suite, dans un deuxième temps est proposé, à partir des 4 synthèses régionales sur toute la période étudiée, des éclairages spécifiques sur le temps court de l’évènement dans les différentes régions qui composent l’espace géographique :

  • Élites corses en Révolutions (p. 191-198) de Ange Rovere (Professeur honoraire d’histoire-géographie, membre du CTHS) ;
  • 1815 dans la France méditerranéenne (p. 199-204) de Pierre Triomphe (Docteur en histoire, conservateur du patrimoine, directeur adjoint des archives départementales de la Charente-Maritime) ;
  • Le boulangisme en Méditerranée (p. 205-212) de Jean Garrigues (Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans, membre du laboratoire POLEN, président du CHPP) ;
  • Entre contre-révolution et révolution. Les élites politiques en France méridionale (1939-1945) (p. 213-230) de Jean-Marie Guillon (Professeur émérite d’histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe).

Troisième partie : « Le mot et l’image : dire et montrer la politique en France méditerranéenne »

Composée de 4 communications, la troisième partie, quant à elle, est consacrée à une présentation ainsi qu’à l’analyse de la cartographie politique et électorale de la vie politique en terres méditerranéennes. On y trouve également une analyse logométrique systématique, démontrant ainsi que le mot et l’image disent et montrent tout aussi bien la politique dans la France méridionale :

  • Les proclamations électorales des députés méditerranéens de 1881 à 2002. Diachronie politique et diatopie (p. 231-274) de Magali Guaresi (Postdoctorante à l’Université libre de Bruxelles (ReSIC) et chercheuse associée à l’université Côte d’Azur (BCL/CMMC), Damon Mayaffre (Directeur de recherche CNRS à l’université Côte d’Azur, laboratoire BCL) et Laurent Vanni (Ingénieur de recherche CNRS à l’université Côte d’Azur, membre de l’UMR BCL) ;
  • Le territoire méditerranéen au prisme du découpage administratif (p. 275-284) de Marie-Ange Grégory (Docteur en science politique, chercheuse associée au CHERPA (IEP d’Aix-en-Provence) ;
  • Les circonscriptions électorales en Corse. Un enjeu politique (p. 285-288) de Ange Rovere (Professeur honoraire d’histoire-géographie, membre du CTHS) ;
  • « De gauche à droite ». Une géographie politique de la France méditerranéenne (XIXe-XXIe siècle) (p. 289-291) de Bruno Dumons (Directeur de recherches CNRS, membre du LARHRA‑MSH Lyon-Saint-Étienne).

Quatrième partie : « Cultures et identités politiques en France méditerranéenne : portraits de groupes et itinéraires personnels »

Composée au total de 44 communications et d’un texte liminaire sur la prosopographie des élus méditerranéens, la quatrième partie, celle qui constitue le cœur de l’ouvrage et à laquelle mène tout ce qui précède, à travers l’étude de six prismes, se penche quant à elle sur les approches des groupes sous l’angle des cultures politiques (Traditions politiques ; Familles et groupes politiques & Familles et groupes parlementaires), avec une réflexion sur la spécificité ou non des identités et des cultures méditerranéennes (Identités croisées ; Sociabilités, comportements et pratiques politiques), des élites politiques (Réseaux, groupes de pression et contre-pouvoirs) à partir d’un questionnement reprenant tous les grands domaines d’investigation de l’histoire politique.

Quelques portraits de 11 « grandes figures méditerranéennes », sont aussi proposés (Annexe biographique). Dans la mesure où il est apparu impossible aux auteurs de prétendre à l’exhaustivité, ces derniers ont tranché pour la figuration et la présentation de quelques indi­vidus ayant marqué l’histoire de la région.

  • D’une base de données prosopographiques à la trajectoire d’un élu. Reconstitution d’un parcours de recherche sur les élus méditerranéens (p. 295-300) de Adeline Beaurepaire-Hernandez (Professeur d’histoire-géographie, Institution FANB, Monaco, chercheuse associée au CMMC).

L’auteure explique que la base de données (appelée FICEM et exploitée sous le logiciel FileMaker Pro 11) des élus méditerranéens (de 16 puis 13 départements après 1962) se compose de 15 tables prosopographiques ainsi que de 3103 élus, regroupant 258 sénateurs, 1539 députés, 1074 maires, 226 présidents de conseil général et 6 membres du Tribunat.

Traditions politiques

            Avec 8 communications, huit auteurs se penchent en premier sur les traditions politiques (conservatisme, socialisme, communisme, gaullisme, démocratie-chrétienne et écologie) caractérisant la France méditerranéenne, de la Troisième à la Cinquième République :

  • Le Midi « blanc » (1789-1940) (p. 301-314) de Bruno Dumons (Directeur de recherches CNRS, membre du LARHRA‑MSH Lyon-Saint-Étienne) et Pierre Triomphe (Docteur en histoire, conservateur du patrimoine, directeur adjoint des archives départementales de la Charente-Maritime) ;
  • La gauche en Languedoc Méditerranéen-Roussillon de 1848 à nos jours (p. 315-324) de Jean Sagnes (Professeur d’histoire contemporaine honoraire à l’université de Perpignan-Via Domitia) ;
  • Le communisme, à l’interface de la tradition républicaine et de l’identité prolétarienne (p. 325-334) de Georges Vidal (Docteur en histoire, habilité à diriger des recherches, professeur au lycée Joffre de Montpellier, chercheur associé à l’UMR SIRICE) ;
  • Les communistes en Corse. De « l’illusion lyrique » à l’érosion (p. 335-338) de Ange Rovere (Professeur honoraire d’histoire-géographie, membre du CTHS) ;
  • Le gaullisme dans la France méditerranéenne ou les difficultés d’implantation d’une famille politique (1947-1981) (p. 339-346) de Jérôme Pozzi (Maître de conférences en histoire contemporaine, université de Lorraine, membre du CRULH) ;
  • La Corse et de Gaulle (p. 347-350) de Ange Rovere (Professeur honoraire d’histoire-géographie, membre du CTHS) ;
  • La démocratie chrétienne (p. 351-358) de Jean-Rémy Bezias (Professeur de chaire supérieure au lycée Masséna de Nice, docteur en histoire contemporaine et chercheur associé au CMMC) ;
  • L’écologie politique dans le midi de la France depuis les années soixante-dix (p. 359-364) de Alexis Vrignon (Postdoctorant à l’université de la Polynésie française, chercheur associé au CRESAT (université de Haute-Alsace) et au CRHIA (université de Nantes).

Familles et groupes politiques et parlementaires

Dans un deuxième temps, trois chercheurs se penchent sur les familles et groupes politiques ainsi que les familles et groupes parlementaires de la France méditerranéenne, à travers 4 communications :

  • Les élites administratives et politiques en Méditerranée : les parlementaires administrateurs préfectoraux. Entre approche prosopographique et portrait de groupe (1800-1940) (p. 371-386) de Pierre Allorant (Professeur d’histoire du droit et des institutions, doyen de la faculté de droit d’Orléans, membre du POLEN-CEPOC et du CHPP) ;
  • Les présidents de conseils généraux méditerranéens. L’incarnation du dialogue entre le territoire et l’administration classique. Territoires, projets, portraits (p. 387-396) de Pierre Allorant (Professeur d’histoire du droit et des institutions, doyen de la faculté de droit d’Orléans, membre du POLEN-CEPOC et du CHPP) ;
  • La carrière des parlementaires méditerranéens dans les débuts de la IIIe République (1871-1914). Portrait de groupe (p. 397-402) de Walter Badier (Maître de conférences en histoire contemporaine, université d’Orléans (INSPE), membre du laboratoire ERCAE) ;
  • Candidatures extérieures et parachutages (p. 403-412) de Jean-Rémy Bezias (Professeur de chaire supérieure au lycée Masséna de Nice, docteur en histoire contemporaine et chercheur associé au CMMC).

Sociabilités, comportements et pratiques politiques

Dans un troisième temps, à l’aide de 8 communications, onze universitaires se penchent sur les sociabilités, comportements et pratiques politiques caractérisant la France méditerranéenne des XIXe et XXe siècles :

  • Le charivari politique au XIXe siècle (p. 415-420) de Emmanuel Fureix (Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Est Créteil, codirecteur du CRHEC) ;
  • Fêtes et politique en Provence (XIXe-XXe siècles) (p. 421-428) de Laurent Sébastien Fournier (Maître de conférences HDR en anthropologie à Aix-Marseille Université, membre de I’UMR IDEMEC) ;
  • Marianne (p. 429-432) de Jean-Paul Pellegrinetti (Professeur d’histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, directeur du CMMC) ;
  • Sport et élites politiques méditerranéennes (p. 433-440) de Bruno Dumons (Directeur de recherches CNRS, membre du LARHRA‑MSH Lyon-Saint-Étienne) et Michel Koebel (Professeur en sociologie à l’université de Strasbourg, membre du laboratoire Sport et sciences sociales) ;
  • La mort des élus. Le cas du Languedoc-Roussillon aux XIXe et XXe siècles (p. 441-448) de Jean-Marc Lafon (Docteur en histoire, chercheur associé à laboratoire CRISES, université Paul-Valéry – Montpellier III) et Jean-François Muracciole (Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Valéry – Montpellier III, membre du laboratoire CRISES) ;
  • Élites et clientélismes en terres méditerranéennes (p. 449-456) de Jean-Louis Briquet (Directeur de recherche CNRS, membre du CESSP) et Frédéric Monier (Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Avignon, membre du Centre Norbert-Elias) ;
  • Clientélisme et clanisme : une réévaluation (p. 457-472) de Georges Ravis-Giordani (Professeur émérite d’ethnologie, Aix-Marseille Université) ;
  • Grand banditisme et milieux politiques en terres méditerranéennes (p. 473-476) de Laurence Montel (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Poitiers, membre du CRII-IAM et chercheuse associée à I’UMR TELEMMe).

Réseaux, groupes de pression et contre-pouvoirs

Dans un quatrième temps, six auteurs se penchent sur les réseaux, groupes de pression et contre-pouvoirs illustrant la France méditerranéenne, à travers 8 exemples :

  • Les milieux d’affaires marseillais et la question coloniale africaine (1830-1960). Défiance, engouement, divisions (p. 479-506) de Xavier Daumalin (Professeur d’histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, directeur de l’UMR TELEMMe) ;
  • Affairisme et scandales en Méditerranée, de Jules Mirès à nos jours (p. 507-522) de Jean Garrigues (Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans, membre du laboratoire POLEN, président du CHPP) ;
  • Les élites politiques et le monde viticole (p. 523-534) de Philippe Lacombrade (Docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au laboratoire CRISES) et Jean-Marc Bagnol (Docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au laboratoire CRISES) ;
  • Chambres de commerce et élites politiques dans le Languedoc méditerranéen sous la Troisième République (p. 535-542) de Philippe Lacombrade (Docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au laboratoire CRISES) ;
  • Un âge d’or. La presse politique dans les Alpes-Maritimes sous la Troisième République (p. 543-550) de Ralph Schor (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, membre du CMMC) ;
  • Les rapatriés d’Algérie (p. 551-555) de Éric Varèse (Professeur de science politique à l’université de Montpellier, membre du CEPEL).

Identités croisées

Dans un cinquième temps, pas moins de dix chercheurs étudient les identités croisées caractérisant la France méditerranéenne, à travers 8 communications :

  • Francs-maçons, protestants et républicains du Midi (p. 559-572) de Pierre-Yves Beaurepaire (Professeur d’histoire moderne à l’université Côte d’Azur, membre du CMMC) ;
  • Religion et politique (p. 573-598) de Bruno Dumons (Directeur de recherches CNRS, membre du LARHRA‑MSH Lyon-Saint-Étienne), Pierre-Yves Kirschleger (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paul-Valéry – Montpellier III, membre du laboratoire CRISES) et Jérémy Guedj (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, membre du CMMC) ;
  • Identité locale et identités nationales dans le comté de Nice de 1860 à 1914. Genèse d’un particularisme régional (p. 599-618) de Henri Courrière (Docteur en histoire, chercheur associé au CMMC) ;
  • Le bonapartisme en Corse. L’exemple ajaccien dans la défense et la promotion d’une identité culturelle, XIXe-XXe siècles (p. 619-624) de Charles Renucci (Docteur de l’université François-Rabelais de Tours) ;
  • Sociologie historique des partis nationalistes corses (p. 625-644) de Thierry Dominici (Docteur en science politique, chargé de cours à l’université de Bordeaux, chercheur associé à l’IRM) ;
  • Les mouvements nationalitaires occitans et nord-catalans et la politique à l’époque contemporaine. Un essai de compréhension (p. 645-656) de Philippe Martel (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paul-Valéry – Montpellier III) et Nicolas Berjoan (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Perpignan-Via Domina, membre du CRESEM) ;
  • L’image de l’élu méridional dans le cinéma : une figure hors-champ ? (p. 657-663) de Yohann Chanoir (Chargé de conférence à Sciences Po, doctorant à I’EHESS membre de 1’UMR CRH-GAM) ;

Annexe biographique

Enfin, dans un sixième et dernier temps, dix auteurs brossent les portraits de 11 « grandes figures méditerranéennes » de cette France méridionale :

  • Thiers, le Rastignac marseillais (p. 667-670) de Éric Anceau (Maître de conférences HDR à Sorbonne Université, membre de l’UMR SIRICE et vice-président du CHPP) ;
  • Georges Clemenceau, le Tigre du Var (p. 671-674) de Jean Garrigues (Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans, membre du laboratoire POLEN, président du CHPP) ;
  • Alfred Naquet (p. 675-678) de Christophe Portalez (Professeur d’histoire-géographie, docteur en histoire contemporaine de l’université d’Avignon) ;
  • Emmanuel Arène (p. 679-682) de Jean-Paul Pellegrinetti (Professeur d’histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, directeur du CMMC) ;
  • « Gastounet » d’Aigues-Vives à Tournefeuille (p. 683-686) de Jean Garrigues (Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans, membre du laboratoire POLEN, président du CHPP) ;
  • Charles Maurras et la Provence (p. 687-692) de Olivier Dard (Professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne Université, membre de l’UMR Sirice) ;
  • Irène Laure (18 septembre 1898-4 juillet 1987) (p. 693-694) de Noëlline Castagnez (Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans, membre du laboratoire POLEN) ;
  • Jean Moulin. Né le 20 juin 1889 à Béziers (Hérault), décédé probablement le 8 juillet 1943 à Metz (Moselle) (p. 695-698) de Jean-Marie Guillon (Professeur émérite d’histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe) ;
  • Gaston Defferre (1910-1986) (p. 699-702) de Anne-Laure Ollivier (Docteure en histoire, professeure en classes préparatoires littéraires, chercheuse associée au laboratoire POLEN) ;
  • Georges Frêche (9 juillet 1938-24 octobre 2010) (p. 703-708) de Sabine Jansen (Professeure d’histoire contemporaine au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et membre du LIRSA) ;
  • La famille Médecin (p. 709-712) de Ralph Schor (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Côte d’Azur, membre du CMMC) ;

Postface

Dans sa postface, Jean-Marie Guillon (Professeur émérite d’histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe), en guise de conclusion, s’efforce d’aller À la recherche des élites politiques « méditerranéennes » (p. 713-720), en déconstruisant les représentations caricaturales des élites politiques de la France méditerranéenne. Et, selon l’auteur, « l’apport le plus important des travaux » (p. 720) est d’avoir montré « que la réalité des hommes et des faits est toujours beaucoup plus complexe qu’il n’est généralement sous-entendu ou cru » (p. 720).

Pour une histoire politique de la France méditerranéenne : un appel plutôt qu’un manifeste !

En introduction de cet ouvrage de plus 700 pages, Jean-Paul Pellegrinetti et Jérémy Guedj se posent la question si « une histoire politique totale de la France méridionale est-elle possible ? » (p. 9). Face à une telle ambition, le programme de recherche, intitulé « Identités et cultures en Méditerranée. Les élites politiques de la Révolution française à la Ve République (ICEM) », financé entre 2012 et 2016 par l’Agence nationale de la recherche (ANR) a essayé de répondre à cette exigence, en entraînant dans son sillage plus d’une cinquantaine de chercheurs et associé quatre laboratoires partenaires : le CMMC-EA 1193 de Nice avec Jean-Paul Pellegrinetti ; le TELEMME-UMR 6570 d’Aix-Marseille avec Jean-Marie Guillon ; le CRISES-EA 4424 de Montpellier avec Jean-François Muracciole, et enfin le POLEN-EA 4710 d’Orléans avec Jean Garrigues.

L’entreprise a répondu à l’ambition affichée, mais en partie seulement. En effet, si la France méditerranéenne peut se suffire de l’étude des 13 ou 16 départements, la France du Sud-Est ne peut se contenter des départements de la France méridionale, surtout depuis la fusion régionale de 2016. Il lui faut rajouter les départements des anciennes régions de l’Auvergne (Allier, Puy-de-Dôme, Cantal et Haute-Loire) et de Rhône-Alpes (Haute-Savoie, Savoie, Ain, Isère, Rhône, Drôme, Loire et Ardèche), soit les 12 départements constituants l’actuelle région Auvergne-Rhône-Alpes. Néanmoins, l’ouvrage démontre à l’envie que l’étude des cultures politiques méridionales sur le temps long ainsi qu’une méthodologie et des problématiques allant des élites aux sociétés méditerranéennes, permet de répondre positivement à la question de départ.

Enfin, Jean-Paul Pellegrinetti et Jérémy Guedj insistent bien sur le fait que cet ouvrage est un appel pour étendre cette étude à la France du Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), mais aussi du Nord-Ouest (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Centre-Val-de-Loire) ainsi que du Nord-Est (Hauts-de-France, Île-de-France, Grand-Est et Bourgogne-France-Comté) ; en un mot, à l’ensemble du territoire métropolitain. En conclusion, cet ouvrage s’adresse aussi bien aux enseignants-chercheurs s’intéressant aux nouveaux champs historiques de l’histoire politique sans oublier les érudits locaux et les étudiants en histoire cherchant de nouveaux sujets de Master 1 et 2 ou de thèse.

© Les Clionautes (Jean-François Bérel pour La Cliothèque)