Figure largement méconnue pendant des décennies, avant d’être redécouvert au profit des travaux du sociologue Gordon Zahn, Franz Jägerstätter fut de ces femmes et de ces hommes qui, au nom de leur conscience et puisant leurs forces dans une foi sereine, se sont dressés et ont refusé de participer aux entreprises nazies.

Sa trajectoire est bien moins connue que celle de la fratrie Scholl et de la Rose Blanche. Mais Franz  Jägerstätter, jusqu’à ses derniers instants, refusera d’abdiquer, seul, préférant servir Dieu plutôt qu’Hitler.

La théologienne autrichienne Erna Putz publia une biographie de Franz Jägerstätter en 2009 et c’est à cette occasion que la correspondance de ce dernier fut publiée également en allemand L’édition Tallandier que nous recensons est une réédition de la publication originelle en langue française, aux éditions Bayard, en 2019. Cette dernière est précédée d’une courte biographie de Franz Jägerstätter par la théologienne elle-même.

Franz Jägerstätter : une vie en témoignage

Franz est né le 20 mai 1907 d’une jeune fille de ferme célibataire : Rosalia Huber. Placé chez sa grand-mère et rejeté en raison de sa très grande précarité dans ses jeunes années, il est adopté par l’époux de sa mère à ses 10 ans, Heinrich Jägerstätter, et pourra profiter de la vie de famille retrouvée à Sankt Radegund, village extrêmement catholique et qui résista l’influence nazie après l’Anschluss.

Marié à Franziska, avec laquelle il développera une proximité spirituelle toute particulière, Frantz s’installe comme agriculteur et lutte pour ne pas participer aux actions nazies : le jour où les pompiers de la ville collectèrent pour le NSDAP, il démissionna aussitôt du groupe. Enrôlé en 1941 pour suivre une formation dans l’armée, il revient convaincu de ne pas souhaiter combattre. Au moment d’être appelé en 1943 il refuse. Il est arrêté au mois de mars, condamné à mort il est exécuté le 9 août 1943 à 16 heures.

L’ouvrage constitue une sélection des textes par Erna Putz, issu des carnets de France, starter. Dans ces derniers, Frantz présente dans une très grande clarté, et en toute simplicité, la conviction profonde qu’il anime : l’on ne peut être nazi et catholique à la fois. L’engagement chrétien exige d’être ferme, constant, et que votre parole soit « non si c’est non »Matthieu 5:37 / Bible traduction TOL.

Devant la souffrance de son époque, Frantz appelle ses contemporains à la repentance des péchés individuels et collectifs. Le libre arbitre appelle l’Homme à prendre et assumer ses responsabilités, dans les temps présents et avenir : c’est au prix de la profession de sa foi, alors que les persécutions sont possibles, que les chrétiens seront dignes du message du Christ. Car si le Mal règne sur terre, le Ciel triomphe toujours. Dans la noirceur de son époque, Frantz trouve l’espoir dans sa foi vivante et profonde, il témoigne par l’exemple : « certes, les paroles instruisent, dit-on, mais les exemples exaltent. »Franz Jägerstätter, Être catholique ou nazi, Tallandier, 2023, page 44.

La foi et l’engagement de France perdure tout au long de ces lignes, et encore plus dans les derniers mots adressés à sa famille, à quatre heures de son exécution.

Un témoignage précieux sur la lutte de nombreuses femmes et les hommes qui ont résisté au nazisme. 

Franz Jägerstätter fut béatifié par Benoit XVI en 2007.

Les textes du jeune agriculteur inspireront au réalisateur Terrence Malick le film Une vie cachée, qui narre la vie de Franz.

Un ouvrage qui trouvera sa place toute naturelle dans les CDI de nos établissements.

 

Une vie cachée : film inspiré des écrits de Franz Jägerstätter