Qu’y a-t-il dans la tête de Vladimir Poutine ? Pour répondre à cette question, on pourra se plonger dans l’ouvrage de Darryl Cunningham. Ce scénariste et dessinateur anglais propose une biographie du maître du Kremlin. Elle est parue en septembre 2021 mais, depuis, la Russie a attaqué l’Ukraine. L’auteur a donc choisi d’ajouter une double page préalable à son récit pour dire qu’il n’est pas forcément optimiste sur l’évolution de la situation.
L’enfance
Né en 1952, Vladimir grandit à Leningrad et, dès le début, l’auteur précise que l’on sait de cette période ce que Poutine a bien voulu en dire. Tout ceci est donc à examiner avec précaution. Très jeune il pratique le sambo, un art martial soviétique et il obtient un diplôme de droit. En 1975, il intègre le KGB avant d’être transféré en RDA. Il se marie et a deux enfants. Il travaille en liaison avec la Stasi. Quand la RDA s’effondre, il est de retour à Leningrad où il commence à travailler pour Sobtachak, le maire de la ville.
L’ascension
L’album évoque les années Eltsine et l’intensité de la corruption. A Saint Pétersbourg, les trois quarts de la population vivent alors sous le seuil de pauvreté. En 1998, Poutine est directeur du Service de sécurité fédérale qui a remplacé le KGB. Un an plus tard, Boris Eltsine le nomme premier ministre. Quelques semaines plus tard, Sobtachak disparaît dans des conditions étranges, peut-être victime d’un poison déposé sur une lampe. Ce n’est que le premier exemple connu d’une longue série d’empoisonnements à venir. Poutine est investi président le 7 mai 2000.
Le premier mandat
Le mandat commence mal avec l’affaire du sous-marin Koursk. Poutine se désintéresse de l’affaire et poursuit ses vacances. Il n’y a aucun survivant. Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, les trois chaînes fédérales sont dirigées par le régime. En octobre 2002, une attaque terroriste a lieu contre le théâtre de Moscou. L’assaut est donné par les forces de l’ordre qui utilisent, à cette occasion, un mystérieux gaz. Le bilan est de 130 morts.
Le deuxième mandat
Facilement réélu en 2004, Poutine accentue sa pression militaire sur la Tchétchénie. Au même moment, l’Ukraine de Ioutchenko commence à se tourner vers l’Occident. C’est à ce moment-là que ce dernier est mystérieusement empoisonné et s’en sort mais défiguré. En septembre 2004, une attaque a lieu contre une école à Beslan. Que s’est-il réellement passé ? Le bilan est cette fois de plus de 330 morts. Deux ans plus tard, la journaliste Anna Politkovkaïa est assassinée. Darryl Cunningham cite quelques autres cas, moins connus mais tout aussi effrayants, de la violence qui s’exerce contre ceux qui contestent, d’une façon ou d’une autre, le pouvoir du maître du Kremlin. L’ouvrage revient aussi sur ce qui est arrivé à Litvinenko, empoisonné au polonium.
L’intermède Medvedev
En 2008, la constitution oblige alors Vladimir Poutine à ne pas se représenter. Il réalise un tour de passe passe en mettant en avant Dimitri Medvedev qui gagne l’élection avec 70 % des suffrages. Ce dernier nomme immédiatement Vladimir Poutine premier ministre. A cette époque, c’est la Géorgie qui commence cette fois à vouloir s’émanciper de la tutelle russe.
Le retour au pouvoir
De retour au pouvoir, Poutine accentue sa pression contre tous les groupes qui le contestent. Il s’en prend aux minorités sexuelles et continue son travail de sape contre ses opposants comme Boris Nemstov qui est retrouvé assassiné en 2015. La Russie commence aussi à s’impliquer davantage au Moyen-Orient en soutenant le régime de Bachar El Assad. L’auteur revient aussi sur le soutien russe à la candidature de Donald Trump. Darryl Cunningham s’attarde sur cet épisode et cite plusieurs exemples de largesses de Donald Trump vis-à-vis de Vladimir Poutine. Pendant ce temps-là aussi, les empoisonnements continuent avec le cas Skripal, victime lui du novitchok.
Le quatrième mandat
Le maître du Kremlin consolide son pouvoir en faisant voter une réforme de la Constitution qui lui permet de rester au pouvoir jusqu’en 2036. L’album évoque ensuite la période de pandémie où on s’aperçoit, sans grande surprise, que le régime a caché la réalité en maquillant le nombre de morts. On voit aussi Alexei Navalny et la tentative d’empoisonnement dont il a été victime. Il a diffusé une vidéo qui montre le luxe d’un palais de Poutine ainsi que des chiffres sur l’estimation de sa fortune.
On ne peut qu’être frappé, au moment où on referme le livre, par le nombre d’affaires attachées au dirigeant russe. Pressions, empoisonnements, assassinats ciblés composent un effrayant cocktail renforcé encore par une constitution à la botte de Poutine.