Le manga reste certainement le genre graphique qui se prête le plus volontiers aux dystopies, et à toute forme de détournement de l’histoire à des fins artistiques où la fiction se mêle à l’Histoire. Parmi les personnages de l’histoire de France parmi les plus représentés, Marie-Antoinette est certainement celle, avec Jeanne d’Arc qui fait l’objet le plus d’attentions de la part des mangaka et Power Antoinette, d’Akinosuke Nishiyama (auteur) et Shima (dessins) publié aux éditions Bamboo Eds dans sa collection Doki Doki, se situe dans la lignée des titres présentant la Reine de France dans un style ouvertement délirant. Le manga publié est traduit par de qui de qui ne déroge pas à cette règle en faisant de Marie-Antoinette l’héroïne de cette série qui, pour le moment compte deux tomes, et dont l’histoire, le scénario et le dessin revisite de fond en comble la révolution française dans un genre délirant parfaitement assumé.

Je suis la France ! La seule et unique !

Si nous rappelons brièvement que l’Autriche reste la patrie d’Arnold Schwarzenegger, vous aurez déjà un bref aperçu de ce qui vous attend. Nous retrouvons dans un premier temps Marie-Antoinette qui, dans la prison du Temple, se livre à l’un de ces exercices favoris dont seuls les Habsbourg ont le secret … la musculation ! Mais, résignée à subir son sort, elle part pour la guillotine quand tout à coup ! …. Devant la foule surexcitée qui menace d’humilier et de pendre ses enfants sur la place publique, son instinct maternel reprend le dessus, elle se rebelle et se métamorphose en bodybuildeuse royale sous stéroïdes, arrête la guillotine (qu’elle recyclera en arme personnelle) à la seule force de ses muscles face à cette « bande de flancs » et commence alors sa contre-révolution où : « d’un bout à l’autre de la scène je vais tout recouvrir de muscle ! ». Après avoir vaincu (nous dirons plutôt défoncé) les révolutionnaires, et embarqué avec elle Monsieur de Paris le bourreau Sanson, elle finit par retrouver deux autres personnages bien connus : le très peu ambigu chevalier d’Eon, mais aussi un autre personnage de son entourage actuellement en vogue dans les mangas, sa couturière et très Lolita Rose Bertin. Mais attention, ça déménage car dans les biceps de Marie-Antoinette « il y a les Alpes ». C’est ainsi que la fine équipe, rejointe par Axel de Fersen (celui dont les biceps sont dans le cerveau), part délivrer les enfants de Marie-Antoinette détenus dans la prison du Temple et reprendre possession du Château de Versailles. Un combat épique dans la galerie des Glaces contre Madame du Barry qui tente de prendre sa revanche et de récupérer le trône de France est le point fort du tome 2 qui se termine avec l’arrivée de… Robespierre ! Vivement le Tome 3, le dernier de cette mini-série !!

Il n’est pas question ici de l’histoire, mais plutôt de la manière dont un auteur s’en empare pour proposer la sienne aussi déjantée soit-elle. Le lecteur ne manquera pas de retrouver tous les clins d’œil et éléments de la véritable histoire qui auront été ici détournés dans ce scénario qui cherche avant tout à rendre hommage à la France : le Mont Saint Michel, les maltraitances subies par Louis XVII, les mauvaises relations entre Madame Du Barry et Marie Antoinette … De toute évidence, pour proposer un scénario aussi tordu et hilarant, l’auteur a travaillé son sujet, n’oubliant pas au passage de glisser une petite chronologie des événements révolutionnaires dans le tome 2 ! Assurément, en ces temps moroses, Power Antoinette est hautement recommandable et mérite d’être lu entre deux développés couchés et quelques barres de protéines.