Spécialiste hautement réputé pour ses impressionnantes reconstitutions graphiques du monde antique, l’architecte et archéologue Jean-Claude Golvin réalise dans cet album sa première expérience dans l’univers de la bande dessinée. Marchant ainsi aventureusement sur les pas du grand aîné Alix, il s’agit du premier tome d’un diptyque, dont le premier volet a pour cadre Rome et Narbonne, le second devant se dérouler en Égypte.

L’action se déroule au début du IIIe siècle de notre ère, sous le règne de l’empereur Caracalla. Elle développe une intrigue politico-policière associée à une énigme à la fois mathématique et métaphysique. Ce complot est le prétexte d’un plaisant voyage archéologique dans la Narbonne antique (en ce temps-là et en V.O. Narbo-Martius) alors capitale de la province de la Narbonnaise. La reconstitution de la cité gallo-romaine à partir des informations et hypothèses archéologiques les plus sérieuses est particulièrement évocatrice. Elle témoigne d’une démarche de vulgarisation aussi séduisante que didactique.

L’exercice n’est pas pleinement concluant en termes d’art graphique, en raison d’une esthétique discordante entre deux niveaux d’illustration. Les couleurs douces et le trait minutieux et précis d’aquarelliste de Jean-Claude Golvin dans la reconstitution urbaine et la représentation de la monumentalité manifestent tout le talent du maître. En revanche, le graphisme plus schématique des figures humaines est un peu déroutant et permet une incarnation moins aboutie des protagonistes. L’intérêt visuel de l’album se nourrit donc principalement du cadre de vie architectural fascinant de l’antiquité romaine, que complète une postface documentaire élégante. En définitive, ce premier essai peut être une lecture d’initiation instructive qui peut trouver sa place dans un CDI Sans doute plus au lycée qu’au collège en raison de certaines situations de nudité..


Guillaume Lévêque, pour Les Clionautes