Depuis 2013, la revue Urbanisme a changé de maquette. Elle entend être la « Revue de référence de ceux qui font la ville, de ceux qui la pensent, de ceux qui l’étudient et plus généralement de ceux qui l’aiment. […] Plus encore que par le passé, la revue veut dépasser les frontières, accueillir des auteurs de tous horizons et appréhender les transformations des villes à l’échelle mondiale. »

Ce numéro trimestriel de l’automne 2019 contient un dossier de 35 pages intitulé « Questions à l’urbanisme ». L’économiste et urbaniste Jean HAËNTJENS propose d’abord quelques axes dialectiques de stratégies urbaines opposant presque toujours facteurs exogènes et endogènes : multipolarité vs polarisation, villes frugales vs collapse climatique, maîtrise des systèmes urbains vs techno-solutionnisme numérique, démocratie locale vs financiarisation, cité politique vs ville-service numérisée. Vincent BOURJAILLAT insiste ensuite sur la consécration du projet urbain comme modèle de la production urbaine qui s’explique notamment par l’émergence de maîtres d’ouvrage locaux aux préoccupations pas si nouvelles (Catherine BARBÉ) : qualité de l’air et de l’eau, traitement des déchets, risques sanitaires, rénovation énergétique, mais qui font souvent preuve d’innovation. Se posent tout de même les questions de la financiarisation (exemple de Milan par Massimo BRICOCOLI), du pouvoir renforcé des promoteurs (exemple de Londres par Claire COLOMB) ou de la capacité des urbanistes à forger de nouveaux modèles de ville en réponse au défi climatique (Jean-François TRIBILLON). A noter également, un article de la géographe Cynthia GHORRA-GOBIN sur des projets urbains dans le régime métropolitain en Amérique du Nord.

En-dehors de ce dossier, d’autres articles sont très intéressants. Un d’eux précise les grands principes de la conception des espaces publics autour des gares du Grand Paris Express. Ils doivent jouer un rôle de « rotule » entre l’infrastructure (Grand Paris Express), la ville et les usages. Marie EVO détaille une approche sensible de la planification dans le cadre de l’élaboration du SCoT de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Différentes photographies permettent de caractériser efficacement les rues vivantes, les polarités au plus près des flux, les enclaves pavillonnaires, les fronts urbains, le « bord des canaux » et le patrimoine jardin. Enfin, les anthropologues Daniel MONTERESCU et Yoann MORVAN étudient les « villes mixtes » (au moins 10% de leurs habitants sont enregistrés en tant qu' »Arabes ») en Israël, comme Acre (33%) ou Haïfa (11,5%). Emblématiques du conflit israélo-palestinien, s’y jouent des relations interethniques sur fond de politisation souvent exacerbée. « Incarnation des impasses et des espoirs des rapports entre majorité et minorité, ces localités jouent un rôle pivot dans l’espace israélo-palestinien : laboratoire de sa multi-polarisation, facteur principal de son in-gouvernabilité ».

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