« Plus de 120 cartes et infographies pour appréhender la complexité du climat, saisir les enjeux du réchauffement et les moyens d’y répondre. » Elles sont réalisées par le journaliste indépendant Hugues PIOLET et sont commentées par le chercheur-climatologue François-Marie BRÉON et le grand reporter Gilles LUNEAU.

Depuis sa formation il y a 4,5 milliards d’années, la Terre n’a cessé d’évoluer. L’apparition de la vie, puis de l’homme est un de ses temps forts. Depuis 2 siècles, ses modes de vie ont modifié son environnement au point de perturber le fonctionnement habituel du paramètre climatique. Nous constatons également un bouleversement des conditions du vivant. « On comprend dès lors que l’élévation moyenne de la température dont il est question dans ce livre ne se limite pas à l’approche de son impact sur l’éventuel bien-être des sociétés sous un climat plus chaud, mais sonne l’alerte sur les menaces que fait peser ce réchauffement sur la géographie, les ressources naturelles et la biodiversité indispensables à l’homme. »

Le fonctionnement du climat

Le climat – défini comme la statistique des conditions météorologiques prévalant, dans la durée, dans les basses couches de l’atmosphère – est depuis des millions d’années un jeu d’équilibre dynamique. Pour en comprendre les mécanismes, il faut mesurer précisément les différents paramètres qui le régissent sur terre, en mer et dans l’atmosphère. Certains se déroulent en quelques minutes (nuages, précipitations), tandis que d’autres se passent sur des milliers d’années (périodes de glaciations), voire des millions d’années. Malgré la complexité des phénomènes qui interviennent lorsqu’on veut mettre le climat en équation, sa compréhension a fait d’énormes progrès ces trente dernières années grâce notamment au développement de nouveaux moyens d’observation.

Quand l’homme perturbe le climat

L’influence de l’homme sur le climat est confirmé dans chaque rapport publié par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les climatologues ont notamment identifié le rôle joué par des gaz « à effet de serre », dont les émissions ont crû avec l’industrialisation de la société, dans la hausse des températures moyennes de la Terre. Au cours des 2 dernières décennies, la masse des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique a diminué, les glaciers de presque toutes les régions du globe ont continué à se réduire. Depuis 1992, le niveau des mers s’est élevé de 8 cm, soit un rythme moyen de 3,4 mm/an. Depuis une vingtaine d’année, le monde perd en moyenne 5,3 millions d’hectares de forêt par an. Cette déforestation et la modification de la couverture du sol qu’elle entraîne augmente encore davantage a concentration de CO2 dans l’atmosphère.

Les impacts du réchauffement climatique

Une augmentation moyenne des températures, même de 2°C, aura un impact considérable sur toutes les activités humaines. Les évènements météorologiques extrêmes se multiplient déjà, avec une intensité et une étendue spatiale inhabituelles. Les littoraux, et avec elles les infrastructures et les populations, sont de plus en plus menacés par les submersions marines. Le changement climatique affecte également les rythmes de vie, de reproduction, de croissance, les habitats et sources de nourriture de tous les êtres vivants. C’est particulièrement le cas dans les mers et océans. Presque partout, la productivité de la pêche en mer est vouée à diminuer sous l’effet du changement climatique avec pour conséquence une insécurité alimentaire renforcée pour des millions de personnes. La raréfaction de l’eau et l’appauvrissement des sols auront aussi des conséquences sur les productions agricoles et leur productivité, avec à la clé, migrations et conflits. Apparait déjà une nouvelle catégorie de migrants : les réfugiés climatiques. Pour l’économiste Nicholas Stern, le coût mondial sur 10 ans du changement climatique serait de l’ordre de 5 500 milliards d’euros si rien n’est tenté.

Le temps de l’action

Les solutions existent ou a minima les chemins pour en trouver. Il faut encore travailler à leur acceptation sociale et s’entendre sur les moyens de les financer. Le plus optimiste des scénarios exige, pour atteindre l’objectif des 2°C, des changements profonds de production énergétique et de mode de vie. Mais la lutte contre le réchauffement climatique n’est envisageable qu’à l’échelle planétaire. Elle oblige de fait pays et sociétés à mettre en œuvre une coopération efficace, une véritable gouvernance mondiale. Se pose notamment la question du soutien financier et technique aux pays les moins avancés pour accomplir leurs transitions, dont les transitions énergétique, agricole ou urbaine que les pays industrialisés ont les moyens de mener si la volonté politique progresse en lien avec l’acceptabilité sociale aux changements nécessaires.

 

La lecture de cet ouvrage est particulièrement aisée. Les mécanismes, pourtant complexes, sont expliqués simplement. Les liens entre cartes ou infographies et textes sont fluides. Les causalités sont clairement explicitées et notamment le rôle de l’homme dans le réchauffement climatique actuel mais aussi dans sa capacité à trouver et appliquer, ou pas, les bonnes solutions, connues grâce à un effort scientifique important ces 30 dernières années. Espérons comme en conclut l’auteur que « le changement climatique entraîne avec lui une reconsidération de la politique qui dépasse les frontières et fait grandir en universalité ».