Offrir un nouveau souffle à des reportages mythiques, voilà la mission de cette série fraîchement lancée par Dupuis pour mettre en bd des prix Albert Londres, dont le premier fut décerné en 1933. Cette collection baptisée Aire libre promet donc des émotions authentiques, issues de cet Everest du journalisme francophone.
Pour ce premier opus de la série, avec Rafael Ortiz au crayon, le rendu graphique global est assez satisfaisant. Sur le front de Corée a été conçu d’après un reportage au cours des années 1950 et 1951 signé Henri de Turenne, grand reporter décédé en 2016, également scénariste de documentaires historiques (aux côtés du grand Daniel Costelle).
Sans surprise, le scénario est d’ordre biographique et son traitement par le réalisateur et scénariste Stéphane Marchetti met en lumière ses qualités de documentariste. L’ouvrage se termine par un livret de qualité qui présente des archives du journaliste, une mse au point sur lmbert Londres et le prix éponyme,
Autour du 38è parallèle
Nous nous retrouvons ainsi en Extrême-orient, au centre d’un conflit méconu en France. A tort, car notre République a versé de son sang sur ces terres lointaines, déplorant plus de 280 soldats tués sur un contingent de près de 3500 hommes, tous membres du « Bataillon français de l’ONU », dans une période où la France était déjà militairement engagée en Indochine.
Dans l’âme ….
L’ouvrage oscille entre l’évolution et les caractéristiques (Guerre froide) de la guerre de Corée (1950-3) d’une part, et le journaliste dans son for intérieur et dans les contingences de son métier d’autre part (les rapports avec le journal parisien, l’AFP, le quotidien des reporters de guerre). Le journaliste de 28 ans face à l’événement guerrier en somme. L’aspect psychologique abordé par le biais de l’amitié est assez surprenant mais aussi intéressant car pourvoyeur d’une pâte humaine. Cet aspect original a été rendu possible par l’exploitation des mémoires du journaliste, transmises par sa veuve.
….et le quotidien du journaliste
Eté 1950, Henri de Turenne part de Paris vers la Corée via le Japon pour le compte de l’AFP. Il atterrit finalement à Taejon au sud de Séoul alors que les Nord-coréens, bardés de matériel militaire soviétique, bousculent les GI’s de Mac Arthur. Au-delà de la geste militaire, c’est tout le quotidien de ce journaliste qui défile au cours de ses huit mois de présence dans la péninsule coréenne, ses choix (comme cette impossibilité de rendre compte d’une exécution de prisonniers sud-coréens) et amitiés professionnels émaillés de tragiques pertes humaines (Jean-Marie de Prémonville), ses liens avec les quelques Coréens rencontrés au gré des avances et des reculs des troupes onusiennes. Au fil des pages, on approche mieux la sentence d’Albert Londres qui écrivait « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».
Présentation de l’ouvrage par les éditions Dupuis :
https://www.dupuis.com/sur-le-front-de-coree/bd/sur-le-front-de-coree-sur-le-front-de-coree/130944
La bande-annonce officielle de la bd :
Et pour en savoir plus sur le Prix Albert Londres, décerné le 4 décembre :