Il y a trois cents ans, Louis XIV mourait. Cela donne lieu à une activité historiographique et d’exposition particulièrement importante. C’est sans doute à cause de cela que ce livre initialement paru en 2010 ressort aujourd’hui. La collection « Sur les traces » a déjà proposé un ouvrage sur Marco Polo ou sur Christophe Colomb par exemple. L’auteur Thierry Aprile a déjà rédigé des livres de cette collection.

Un récit de qualité et une partie documentaire pour synthétiser

Le livre propose de mélanger un récit avec une partie encyclopédique. Dans le sommaire, on voit apparaitre en deux couleurs à gauche le récit, et à droite la partie encyclopédique. Le livre propose également une carte et un arbre généalogique pour commencer, histoire de se repérer. A la fin, l’auteur propose une double page intitulée « Louis XIV devant l’histoire ».
La partie documentaire clôt chaque chapitre et se compose d’une double page en rapport avec le chapitre. Dans chaque partie du récit, on trouve des mots en gras qui sont définis dans la page. Il peut s’agir de vocabulaire, de personnage. C’est de bonne facture et plutôt ambitieux puisque l’ouvrage n’hésite pas à aborder un terme comme janséniste page 76. L’auteur dessine également par petites touches un récit très convaincant, glissant çà et là des références ambitieuses pour un ouvrage jeunesse comme avec l’évocation de Michel Richard Delalande, le maître de chapelle. Dans le récit on trouve des illustrations d’Antoine Rozon qui rythment la lecture.

Le pouvoir du Roi

L’ouvrage commence alors que Louis XIV a quinze ans avec « le sacre du Roi ». C’est l’occasion de livrer quelques informations sur les goûts du jeune monarque. Ainsi, page 12, on apprend ce qu’aimait le jeune Louis XIV à savoir le cheval d’arçons, l’escrime, la guitare et danser. Au fil du récit, Thierry Aprile en profite pour glisser quels sont les insignes de la royauté. Après cette partie récit, la partie documentaire porte sur la monarchie absolue de droit divin. Le livre s’arrête aussi sur un certain nombre de grands épisodes liés au règne de Louis XIV. Un chapitre est consacré à Fouquet, mort en 1680 après avoir passé plus de seize ans en prison au fort de Pignerol. C’est l’occasion de montrer le renforcement du pouvoir du Roi. Après ce récit, un point est fait sur l’état du royaume en évoquant les vingt millions de sujets ainsi que quelques ministres célèbres. Un peu plus loin, le livre évoque « Sa majesté très chrétienne » à travers l’épisode de la Révocation de l’Edit de Nantes, thème repris dans la partie documentaire.

Le Roi de guerre
Le livre de Thierry Aprile s’intéresse également à la guerre. Il se focalise sur quelques épisodes majeurs comme la guerre de Hollande ou la guerre de succession d’Espagne. La partie documentaire aborde très brièvement l’oeuvre de Vauban et n’oublie pas de rappeler les sacrifices consentis par la population à l’effort de guerre. Un autre chapitre est consacré au « royaume en danger » ce qui permet de rappeler au détour d’une phrase : «  c’était sa quarante-troisième campagne » ! Les parties documentaires élargissent un peu l’horizon en abordant brièvement qui sont les ennemis du monarque français.

Versailles : le quotidien et les fêtes

Mais Louis XIV reste dans les esprits synonyme de Versailles et l’auteur y consacre deux chapitres. Il évoque d’abord les « Plaisirs de l’île enchantée » puis « Une journée à Versailles ».
Le récit qu’il livre des spectacles donnés en mai 1664 permet de donner les références qui fleurissent dans les jardins : la mythologie antique, les quatre saisons notamment. Un autre chapitre nous transporte vingt ans plus tard pour mesurer ce que pouvait être le quotidien du roi à Versailles. Dès six heures du matin, les gardes ouvrent les premières grilles du château puis le récit nous entraine au moment du petit lever. On suit le roi Louis XIV jusqu’à 23 heures 30, heure du grand coucher.

Le crépuscule du Roi

Thierry Aprile choisit de consacrer deux chapitres à la fin de Louis XIV. Dans un premier temps classique, il aborde ce qu’il nomme « le temps des deuils ». C’est l’occasion de rappeler qu’en moins d’un an, entre avril 1711 et mars 1712, le roi de France voit disparaitre notamment son fils, et son petit-fils. Le dernier chapitre traite de « la mort du roi » et sans tomber dans des descriptions trop glauques, l’auteur évoque la gangrène et l’agonie du monarque. Puis le 9 septembre 1715, « le cortège royal quitta Versailles à neuf heures du soir…..Tout au long de la route, …le cortège funèbre fut accompagné de huées, de chansons, d’insultes… ».

En alternant le récit d’imagination avec des éléments de référence, l’ouvrage de Thierry Aprile dresse un panorama de la vie et de l’oeuvre de Louis XIV. En mettant l’accent sur un vocabulaire précis, varié et exigent, il montre une façon convaincante d’écrire pour le jeune public en respectant son intelligence.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.