« La collection « les cahiers POPSU » s’inscrit dans un programme de recherche-action mené dans le cadre du volet « Métropoles » de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, rattachée au Plan urbanisme construction architecture. Ce programme assure la production de recherches sur les métropoles et leur diffusion dans les milieux de la recherche, auprès des élus, des professionnels des territoires, ainsi que du grand public. Chaque cahier est une restitution d’un enjeu particulier au sein d’une métropole partenaire du programme ».

Gestion territoriale et développement durable

Longtemps restée une affaire technique et privée, la gestion territoriale des ressources tend aujourd’hui à devenir publique en tant qu’enjeu de développement durable et de qualité de vie, non seulement pour les habitants des métropoles mais aussi pour ceux des territoires aux alentours. A Bordeaux, elle se veut coopérative mais cette image est mise à l’épreuve du polycentrisme girondin. L’arrivée d’un maire écologiste en 2020 et le basculement à gauche de la majorité métropolitaine apparaissent alors comme une opportunité pour changer le paradigme d’un développement métropolitain basé uniquement sur la croissance. Pourtant, l’analyse des modes de gestion interterritoriale autour de ressources essentielles comme l’alimentation et l’eau tend à montrer les difficultés à incarner le récit coopératif dans les faits.

Sous l’effet conjugué d’une forte croissance démographique, des conséquences des activités anthropiques sur l’environnement et de l’amplification des risques ; les ressources sont soumises à des phénomènes de raréfaction, de disparition, de renouvellement ou de transformation. Mais les objets environnementaux, en raison de leurs périmètres naturels, ne coïncident souvent pas avec les limites administratives métropolitaine, départementale, interdépartementale et régionale. Malgré une volonté d’agir, les cadres de coopération restent difficiles à appréhender par les différents acteurs. Bordeaux Métropole (28 communes habitées par 800 000 habitants) a d’abord engagé des coopérations avec les villes de la région comme Libourne ou Saintes. En Gironde, la création du PNR Médoc est un autre exemple des logiques coopératives mises en place. Elles semblent toutefois plus difficiles à engager dans le Sud-Gironde.

Les territoires ruraux concernés

Le projet de coopération VGA (Val de Garonne Agglomération)-Bordeaux Métropole et l’éléboration de PAT (Projets Alimentaires Territoriaux) dans les territoires ruraux environnant révèlent la mise en œuvre de dynamiques coopératives à différentes échelles pour répondre aux besoins des habitants, avec pour objectif principal d’accompagner la transition vers une gestion durable de la ressource alimentaire. Ressources alimentaires et en eau sont indissociables. Se pose de la même manière la question de la capacité des acteurs institutionnels locaux à s’entendre sur une possible mutualisation des ressources en eau, dans un contexte de surexploitation des nappes phréatiques. Longtemps considérée comme une prérogative technique, la ressource en eau devient aujourd’hui un enjeu de gouvernance partagée, source de conflits entre des territoires « périphériques » (et notamment le Médoc) et la Métropole accusée de « vampirisation ». La mise en œuvre de la coopération n’a ici fait qu’exacerber des divisions anciennes, liées à des oppositions classiques entre villes et campagnes, urbanité et ruralité. Concernant la ressource en eau, la gestion à l’échelle départementale perdure donc grâce à la présence historique d’acteurs et d’institutions chargés de cette compétence depuis les années 1960.

Conclusion

Ces études de cas de la gestion interterritoriale de l’alimentation et de l’eau montrent que la construction d’un récit coopératif bordelais est assez récente et essentiellement portée par la métropole elle-même. « Une sémantique de la prédation continue d’accompagner les représentations d’une métropole vue souvent comme un « ogre » qui tente de dévorer les ressources des territoires avoisinants ». Comme dans d’autres métropoles, un équilibre institutionnel reste encore à trouver dans la mise en place de logiques coopératives territoriales. Un discours performatif est nécessaire mais pas suffisant