Un manuel pour préparer l’ENS-Lyon

Avec plus de 850 pages, de très nombreuses cartes et graphiques, ce manuel est massif. Cette véritable somme sur les Etats-Unis a été écrite sous la direction d’Eloïse Libourel (agrégée de géographie et enseignante en CPGE) et de Matthieu Schorung (post-doctorant à l’Université Gustave Eiffel).

A la tête d’une équipe de 15 auteurs, ce duo a dirigé l’écriture d’un manuel principalement destiné aux étudiants de CPGE, et dresse un panorama quasi-exhaustif de l’ensemble des problématiques géographiques sur le pays. Au-delà de la préparation à l’entrée à l’ENS de Lyon, ce volumineux manuel est un recueil précieux, sans équivalent en langue française, pour la conception de cours (collège, lycée) et la préparation de concours (Capes, Cafep-Capes, agrégations).

Le sommaire, de conception classique et très riche en matière de contenus, définit d’abord une série de repères permettant de caractériser le pays : le territoire, le peuplement, la puissance, l’organisation administrative et politique, l’american way of life. Ce premier chapitre se termine par une lecture géographique des productions cinématographiques par Pierre Denmat (pages 129 à 137). L’auteur s’intéresse notamment aux représentations de villes à l’écran (New York, Los Angeles, Baltimore).

Le second chapitre aborde le territoire américain sous l’angle thématique. Les systèmes productifs, les transports, l’insertion dans la mondialisation et les espaces ruraux font l’objet d’une mise au point en une dizaine de pages. Ensuite, le troisième chapitre propose un découpage du territoire américain et une quinzaine de synthèses régionales (la Californie, le « Deep South », le Midwest, la région des Cascades).

La BosWash est le surnom donné à la Megalopolis, ensemble métropolitain imposant, mis en évidence pour la première fois par le géographe Jean Gottmann en 1961. Située sur la façade atlantique du Nord-Est des États-Unis, cette mégalopole s’étend de Boston à Washington et englobe New York, Philadelphie et Baltimore sur plus de 700 kilomètres. Cet ensemble urbain se démarque par son poids démographique (52 millions d’habitants), sa dense trame urbaine et surtout par la concentration de la puissance économique et financière, du pouvoir politique et des symboles culturels. C’est un centre d’impulsion majeur qui polarise tous les flux de la mondialisation (migratoires, commerciaux, financiers et d’information).

Les États-Unis d’Amérique, Atlande, 2021, page 228

Parmi ces nombreuses monographies, la page consacrée au Maine (« le Maine, une marge forestière et rurale » à la page 236) pourrait permettre aux enseignants de lycée de réaliser un croquis de l’État en classe de première, et ainsi travailler sur la transposition graphique d’un texte.

Enfin, l’une des grandes richesses de l’ouvrage est de proposer une centaine de pages sur des zooms régionaux ou thématiques. Les Amish, les mobilités étudiantes, les conflits autour du projet Keystone XL, le statut de Porto Rico ou le rôle du marathon de New York en matière de soft power font l’objet d’une courte synthèse.

Plusieurs mises au point peuvent être mobilisées par les professeurs de collège ou de lycée. Par exemple, des textes sur la « Silicon Valley, territoire des GAFAM, pôle d’innovation mondiale » (page 262) en Première, le cyberespace en Terminale HGSSP (page 583) ou les conquêtes maritimes et spatiales pour l’un des chapitres de spécialité en Terminale (pages 576 à 582). D’utiles encarts sont également lisibles à propos de l’insertion des Etats-Unis dans la mondialisation (quatrième), la gestion de l’eau du Colorado pour la classe de Seconde (page 619) ou les risques (pages 428 à 438). Le chapitre sur la question environnementale aux Etats-Unis s’avère particulièrement adapté à la réalisation d’une courte fiche de lecture ou d’un schéma fléché en terminale spécialité (objet conclusif sur l’environnement).

Les textes ont l’avantage d’être court, relativement compréhensible à la première lecture pour un collégien ou un lycéen, et de reposer sur des exemples localisés. Les enseignants préparant l’agrégation interne d’histoire-géographie pourront s’appuyer sur le zoom de Mylène Courtial à propos de la frontière entre les Etats-Unis et le Canada (pages 603 à 606).

La valorisation des ressources de l’Alaska passe par l’ouverture du territoire et l’amélioration de son accessibilité. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’intérêt pour l’Arctique augmente et la construction de la « l’Alaska Highway » permet de faciliter l’accès à l’Alaska et au Yukon. Depuis Fairbanks, deux routes permettent d’atteindre Anchorage et les bassins sud de la chaîne de l’Alaska. Le réseau routier est complété par deux lignes de chemin de fer dont celle gérée par l’Alaska Railroad Company (Seward-Anchorage-Fairbanks). Cette dernière est d’abord le fruit d’un engagement d’acteurs privés au début du XXe siècle. En 1903, la construction de la première ligne d’Alaska est achevée par des investisseurs privés de Seattle, sous le nom d’Alaska Central Railway, afin de relier les petites villes minières de Klondike, Fairbanks et Nome. […] La construction du chemin de fer bouleverse la géographie de l’Alaska : de terminaux portuaires pour réceptionner les matériaux, installation de centaines d’ouvriers au cœur de l’Alaska, ouverture et exploitation de mines de charbon et de fonderies, fondation de nouvelles villes pour l’installation de ces ouvriers et de leurs familles, et desserte des communautés rurales et minières du centre et du nord.

Les Etats-Unis d’Amérique, Atlande, 2021, page 337

Différents manuels avaient été publiés à l’occasion de la question au Capes portant sur « Canada, Etats-Unis, Mexique ». Les données commençaient à devenir en partie obsolètes. Avec plus de 200 pages de documents (photos, tableaux, schémas, cartes), ce manuel est donc une véritable somme sans équivalent sur le sujet en langue française.

Espérons que les éditions Atlande puissent publier, en fonction des thèmes étudiés en CPGE, des manuels semblables sur de nouveaux pays (Chine, Afrique du Sud, Allemagne, Japon) ou des régions (Moyen-Orient, Europe de l’Est, Scandinavie, Afrique de l’Ouest).

Pour aller plus loin :

Antoine BARONNET @ Clionautes