Pour la première fois de sa vie, Richie le petit poney prend le train et monte à paris : il veut voir la tour Eiffel. Hélas, quand il arrive, l’édifice est fermé. Un vendeur de porte-clefs le console : il y a tant à voir à Paris… Richie nous invite ainsi à le suivre dans un itinéraire attendu et inattendu à travers les rues de Paris. Attendu, cet ouvrage l’est dans la mesure où les lieux visités par Richie sont des incontournables : la tour Eiffel, Notre-Dame, les quais de Seine, Beaubourg, le Sacré-Cœur. Inattendu, l’itinéraire de Richie est entrecoupé de lieux qui sortent des sentiers battus, à l’instar  d’un restaurant chinois à Belleville ou d’un marchand de couleurs boulevard Sébastopol.

Claire Braud est diplômée des Beaux-Arts d’Angers. Elle est avant tout connue et reconnue pour être l’auteure de bandes dessinées et de storyboards. Sa première BD, Mambo, en 2011, a reçu le prix Artémisia de la bande dessinée féminine. En tant qu’illustratrice, elle a déjà travaillé avec l’École des Loisirs pour les dessins d’un petit roman jeunesse, Les Dragons dans les dunes d’Olivier de Solminihac, en 2013. Un Poney à Paris est donc son premier album pour enfants.

Pour tout dire, l’album de Claire Braud invite le lecteur à s’arrêter sur les entre-lieux, à musarder dans les rues de Paris et à écouter les gens ! Lorsque Richie arrive gare Montparnasse, il ne sait où donner de la tête et il se perd au milieu d’une forêt de jambes qui s’agitent dans tous les sens. Sorti de la gare, il est confronté à l’agitation des rues parisiennes. Empruntant, tour à tour, taxi, bateau-mouche, métro et petit train ; marchant sur les quais et dans les rues, Richie est ultra-mobile. Il se confronte à la densité, à la diversité et à l’intensité de la vie d’une mégapole.

Richie ne se contente pas d’admirer les lieux-repères du paysage parisien, il s’aventure également sur les marges de ces grands lieux. Il prend le temps d’écouter les habitants aussi divers soient-ils. Le premier d’entre eux est sans doute le petit vendeur de tous Eiffel, un immigré arrivé du Kirghizistan. Quelques pages plus loin, Richie profitera d’un arrêt chez les bouquinistes pour s’acheter un livre sur ce pays qu’il ne connait pas. Å la station du Champ-de-Mars, Richie prend son premier bain de foule avant de prendre le métro. La foule représentée par l’auteure insiste sur la grande diversité des habitants. Ici se croisent des peuples d’origines différentes, des habitants aux parcours de vie dissemblables. Certains déménagent, d’autres voyages, d’autres encore se déplacement tout simplement.

Dans la rame qui le mène à Saint-Michel, Richie assiste à un concert improvisé. Le morceau interprété par les musiciens, La Symphonie du Nouveau Monde, fait écho avec ce que peut ressentir Richie face à Paris : un monde nouveau et étrange que tout oppose à sa campagne d’origine, quasi calme. Même agitation, même intensité, même diversité place Saint-Michel où les travaux se mêlent à l’activité quotidienne des passants. Dans cette double-page, la vie grouille et le trafic est intense : joggers, hommes grenouille, acrobates en équilibre sur un scooter. On ne sait où donner de la tête et on imagine aisément la cacophonie.

Près de Montmartre, Richie fait un saut à Château Rouge et entre dans un salon de coiffure « Afrozinzin » puis tombe sur une manifestation qui l’emmène jusqu’à République. C’est cela Paris, c’est aussi cela une mégapole ou ville-monde : un espace tentaculaire où les cultures du monde entier se mêlent et se mélangent, où l’activité est à son comble. Le plan De paris, dessiné par Richie, et que l’auteure nous laisse en fin d’album en donne un dernier aperçu. Un joyeux brouhaha duquel émergent quelques lieux-repères, quelques saillances, un espace informe où la densité de l’habitat aménage quelques respirations vertes et que tout oppose à un « ailleurs », « Vers chez Richie ».