Bernard Papin est maître de conférences de l’université Paris Sud, membre du Centre d’Etude des Images et des Sons Médiatiques de l’université Paris Sorbonne Nouvelle et animateur au sein de ce laboratoire d’un axe d’étude sur la fiction historique, au cinéma et à la télévision. Il a publié en 2014 Nicolas Le Floch, un « expert » au temps des Lumières (L’Harmattan) et, en 2010, Images du siècle des Lumières à la télévision (De Boeck-INA, coll. Médias recherche).
Dans un nouvel essai de la collection « À suivre… » des éditions Atalande, il publie aujourd’hui une très intéressante étude de la série Un village français, tandis que la seconde partie de la VIIème et dernière saison est diffusée sur France 3, en ce mois de novembre 2017.

Une série au long cours unanimement appréciée

Un village français est « une série d’une ampleur inédite en France », écrivait Télérama en 2009 au moment du lancement de la série de Frédéric Krivine, Emmanuel Daucé et Philippe Triboit sur France 3, tandis que L’Express saluait « un projet fou, hors normes ». Or, en 2009, on ne parlait encore que de cinq saisons pour une fin programmée en 2013. Nous en sommes, en novembre 2017, à sept saisons pour un total de 72 épisodes de 52 minutes. Depuis huit ans, plus de trois millions de téléspectateurs suivent cette série avec assiduité, et la critique en vante les mérites, presque à l’unanimité, de Télé 7 jours à Télérama, de Libération à L’Express, en passant par Le Monde, Paris Match ou les Inrocks. Il n’y a guère que Valeurs actuelles pour trouver que la série fait la part trop belle à la résistance communiste. Plus remarquable encore, d’éminents historiens, ne tarissent pas d’éloges ; ainsi Pierre Laborie saluait-il dans cette série sa capacité « à construire un rapport au passé qui contribue à décrypter l’épaisseur du brouillage mémoriel entre fantasmes, mythe et Histoire, en rappelant aux Français ce que fut la traversée d’un désastre sans pareil ». Il est vrai que l’un des plus reconnus d’entre eux, Jean-Pierre Azéma, est le conseiller historique de la série. « Finesse des dialogues », « souffle romanesque », « justesse de l’interprétation », « réalisme minutieux de la reconstitution historique », « incursion télévisée dans l’histoire de l’Occupation la plus scrupuleuse et la plus juste depuis très longtemps », tels sont les mérites reconnus par la critique, ainsi que par les études de satisfaction des téléspectateurs.

Raconter l’Histoire à hauteur d’hommes et de femmes dans une ville de province

Un village français est la chronique d’une sous-préfecture fictive du Jura, Villeneuve, pendant les années de la Seconde Guerre mondiale, qui nous convie à partager le destin d’une douzaine de personnages principaux pris dans la tourmente de l’Occupation puis de la Libération. Les auteurs n’ont pas voulu donner une leçon d’histoire ; ils ont voulu « raconter la grande Histoire à hauteur d’hommes et de femmes dans une ville de province de 7000 habitants ». Les sept saisons de la série rendent compte des faits majeurs qui marquèrent les cinq années de guerre, de la débâcle de juin 1940 au retour de la République en 1944-1945, au travers de la perception que ses protagonistes en eurent. Chaque saison met en avant un temps fort, la constitution de la résistance constituant le fil rouge de toute la série. Les saisons I et II axées sur les problèmes de ravitaillement et de marché noir, décrivent la vie quotidienne de Villeneuve à l’heure allemande alors que se manifestent les premières conséquences des mesures antisémites prises par le régime de Vichy jusqu’à l’aryanisation des biens juifs, à la saison III, laquelle met également en scène ce grand basculement que fut l’entrée dans la résistance des communistes à partir de 1941. La mise en place villeneuvoise de la solution finale occupe toute la première partie de la saison IV et la saison V met en évidence un premier basculement dans la perception de la guerre avec notamment l’imposition du STO qui donne à la résistance une vigueur nouvelle. Les saisons VI et VII sont celles de la Libération présentée sous un jour terriblement amer, de toutes les libérations et autres règlements de comptes, celles aussi de la mémoire et du « devoir de mémoire ».

Un village français se propose de nous conter cinq années de guerre et d’occupation en 72 épisodes de 52 minutes, soit environ une durée de récit équivalente à celle d’une quarantaine de longs métrages de 90 minutes. Cette latitude temporelle permet de faire évoluer les personnages. Dans les six premières saisons, le récit est strictement chronologique, les flash-back sont extrêmement rares et les flash-forward absents, à la différence de nombre de séries actuelles. Ce choix d’une construction essentiellement chronologique s’explique par la volonté de ne pas bousculer les repères historiques du téléspectateur, mais il est aussi l’une des conditions de la lisibilité du discours historique, d’autant plus que les auteurs ont la volonté de plonger les personnages dans le bain de l’Histoire. De ce point de vu la saison VII présente une véritable rupture et propose des choix narratifs radicalement différents, avec la multiplication des flash- back dans la première partie et l’introduction des flash-forward dans la seconde. « Cette révolution dans la conduite du récit et son rapport au temps, qui a pu surprend le téléspectateur fidèle installé dans ses habitudes narratives est totalement assurée par les auteurs ». Les dernières saisons entendent poser la question de la construction des mémoires

« Logique feuilletonesque », « logique sérielle », « fiction historique »

L’auteur cherche à définir le genre télévisuel auquel appartient cette série. Elle a les caractéristiques essentielles de toute série : un « développement de différents possibles narratifs au sein d’un espace constant », ici le village, avec un héros permanent, ici multiple. La prise en compte de la temporalité inscrit le téléspectateur dans une « logique feuilletonesque », avec évolution des situations et des personnages d’épisode en épisode, puis de saison en saison avec création souvent d’une attente qui suscite la curiosité. La « logique sérielle » subsiste néanmoins dans le fait que des épisodes gardent souvent une certaine autonomie et constituent des séquences narratives relativement autonomes. Au fil des saisons cependant, la « logique feuilletonesque » finit par l’emporter avec le resserrement dans le temps fictionnel des épisodes et la continuité narrative qui les relie.

Il ne s’agit pas d’une simple fiction en costume, mais ce n’est pas non plus un documentaire dramatique puisque la volonté d’entrecroiser le politique et l’intime est au cœur du projet de la série. L’ambition des auteurs et de tenir un discours sur l’histoire qui soit juste, sans rien sacrifier aux lois de la fiction parfois la plus spectaculaire. Ce souci de justesse historique est confirmé par la diffusion après chaque double épisode d’une série documentaire au cours de laquelle intervient Jean-Pierre Azéma.

Un complexe processus d’écriture

Le scénariste Frédéric Krivine se charge de l’écriture ; le réalisateur Philippe Triboit définit les choix de mise en scène, l’esthétique et le casting ; le producteur Emmanuel Daucé gère la production. A ces trois intervenants viennent s’ajouter, en amont, un conseiller historique en la personne de Jean-Pierre Azéma et, à partir de la saison III, une conseillère en psychologie des personnages, et, en aval, un atelier d’écriture. Jean-Pierre Azéma traque les anachronismes éventuels et les clichés sur la période. L’écriture se déroule en trois phases : détermination avec Jean-Pierre Azéma des événements historiques majeurs à mettre en évidence, choix d’un thème dramatique qui va parcourir la saison et lui donner sa tonalité, exposition des éléments essentiels aux auteurs de l’atelier d’écriture. Au bout de deux à trois mois le travail est à nouveau soumis à Jean-Pierre Azéma, à la production et à la chaîne. Dans l’atelier d’écriture les auteurs sont nourris de livres d’histoire et doivent voir certains films.

Dans cette fiction historique qui a une ambition de véracité historique, cautionnée par un historien de renom, on se doit de respecter les faits majeurs tout en les passant au filtre de la perception, partielle, parfois déformée, voire totalement occultée qu’en ont les personnages. Les personnages vont tous se trouver face à des situations ambivalentes qui les contraignent à faire des choix qu’ils sont plus ou moins à même d’assumer. Rares sont en effet les personnages principaux qui n’ont rien à se reprocher.

Le rythme du temps et celui du récit

Les six premières saisons nous montrent des personnages vivant dans le temps présent ; de ce fait l’unité temporelle majeure de cette chronique est le jour, dont la date est presque toujours inscrite sur l’écran an début de l’épisode. Chacun des épisodes de la série nous raconte les péripéties d’une journée de la vie des protagonistes, avec quelques exceptions. L’auteur a calculé que sur les cinq années et demie de guerre prise en compte par le récit, de juin 1940 à l’automne 1945, on nous raconte environ 70 jours de la vie des protagonistes, ce qui suppose de nombreuses ellipses à l’intérieur des saisons et entre les saisons. Il y a quelques pauses narratives pendant lesquelles l’action semble comme suspendue.

Chaque épisode est construit selon le même plan très rigoureux : un préambule de longueur très variable, le générique, le développement de l’épisode, avec un excipit souvent marqué. Le préambule contribue à la mobilisation de l’intérêt du spectateur ; il est parfois le lieu de moments dramatiquement très forts et, parfois, narrativementivement clos. Si la musique du préambule est toujours la même pendant les sept saisons, les images ont évolué au fil du temps. La règle narrative première est de mêler la vie privée des personnages avec les événements collectifs de l’histoire qui se déroule. La plupart des épisodes de la série se terminent par un moment narrativement fort et une image qui se fige à l’écran, alors que retentit la musique du générique final qui va suivre en se superposant à cette image. Un procédé narratif vieux comme le feuilleton de presse, appelé ici cliffhanger, est beaucoup utilisé qui consiste à suspendre l’épisode milieu d’un moment crucial ce qui crée le suspense et qui incite les téléspectateurs à regarder l’épisode suivant pour connaître le dénouement.

La concentration de plus en plus répétée sur un petit nombre de jours ralentit le récit alors que les événements se précipitent, ce qui provoque des effets de dramatisation intense et croissante. C’est l’historique de la Résistance qui, pour l’essentiel, sert de trame majeure à la série : il y a d’abord les actions symboliques, la constitution d’un réseau de renseignement, le passage à l’action armée après la rupture du pacte germano-soviétique, puis, en 1943, la constitution des maquis, la participation aux combats de la Libération. La question juive est également présente tout au long de la série, avec l’aryanisation, l’épisode tragique des Juifs étrangers réfugiés provisoirement dans des conditions épouvantables dans l’école du village, en attente d’un train pour Drancy. 18 épisodes sont consacrés à l’année 1941, la rupture du pacte germano-soviétique étant considérée comme un retournement historique majeur qui va donner à la guerre et à l’occupation un tout autre visage avec l’entrée des communistes dans la Résistance.

La « tension narrative » et ses procédés

Pour mobiliser le téléspectateur, il faut procéder à son « immersion fictionnelle » qui va lui permettre d’adhérer au récit d’ événements qu’il sait parfaitement imaginaires. Pour cela sont utilisés deux procédés qui créent la « tension narrative » : le « suspense » et la « curiosité », qui stimulent l’envie d’en savoir plus. Il y a « suspense » avec le retardement stratégique de la réponse à la question qui a été posée, la forme exacerbée du suspense est celle du cliffhanger qui referme un épisode sur une question ouverte quant au devenir d’un ou de plusieurs personnages. A côté des effets de « suspense » toujours spectaculaires, le récit suscite aussi la « curiosité », qui survient quand on constate que « la représentation de l’action est incomplète » et que l’on se pose des questions sur ce qui s’est réellement passé, sur l’identité ou les motivations d’un personnage, les causes un événement inattendu, etc. Il faut donc créer des « surprises », mais il ne faut pas en abuser si l’on ne veut pas sombrer dans le mélodrame, voire dans le ridicule. Certains épisodes n’échappent pas à des coïncidences improbables, à des coups de théâtre peu crédibles.

L’écriture de l’histoire par la fiction

Contrairement à d’autres types de fiction, la fiction historique doit multiplier les « effets de réel » qui vont lui permettre de se situer dans un temps et dans un espace déterminé. Cette série a fait le choix d’une reconstitution minutieuse qui lui permet de sonner vrai. La qualité de reconstitution passe par le choix de décors naturels, de décors intérieurs très soignés, ainsi que les costumes et divers accessoires. Le choix des patronymes, noms et prénoms participe de ce réalisme. Les situations sociales des divers personnages correspondent aux réalités sociologiques de la France d’alors.

A côté des personnages ordinaires, il faut que la fiction historique introduise des « personnages référentiels », notamment des personnages historiques majeurs, qui doivent être reconnus par le téléspectateur, ce qui suppose une certaine forme de connivence culturelle entre l’auteur et le spectateur. Un village français n’abuse pas de ces grandes figures, il n’y a guère que Pétain et de Gaulle qui soient véritablement cités. Cette relative absence dans le récit des références historiques communes est un parti pris d’écriture : dans cette chronique, tout le savoir historique doit passer par le filtre du regard des personnages ordinaires, qui vont raconter leur guerre.

« C’est un des principes fondateurs de la série, le regard n’est jamais objectif. Chaque scène est vue à travers un des personnages principaux. L’inscription des événements historiques dans le récit se fait donc selon une stricte loi de proximité narrative : le récit ne doit rien montrer ou évoquer dont le personnage ne puisse témoigner ou être comptable, parce qu’il l’a expérimenté dans sa vie, parfois au péril de son existence, dans l’espace clos du village et de ses alentours immédiats dont on ne sort jamais ». En vertu de cette loi, il y a d’abord, ce que les personnages, voient et le téléspectateur avec. Il y a aussi ce que les personnages entendent, et ici la radio est le vecteur essentiel de ces informations historiques. Les différentes idées et opinions qui alimentent le débat politique de cette époque passent par le discours de certains d’entre eux, à un moment de leur histoire : interventions du sous-préfet ou du maire, réunions de militants du Parti communiste, débats entre résistants, dîners de notables etc.

Des personnages exemplaires

« La médiation de l’histoire passe enfin par l’inscription des événements majeurs de la période dans la trajectoire exemplaire d’un certain nombre de personnages. Le personnage devient alors le vecteur narratif de valeurs dont il est le héraut. Nous ne sommes pas loin ici de ce que les théoriciens du récit appel des personnages types ou rôles qui sont toujours l’objet, dans les récits de ce genre, d’une prédésignation conventionnelle qui peut être sociale (le paysan, l’aristocrate), professionnelle (le policier, le médecin), fonctionnelle (l’opposant, l’objet de la quête), psychologique (le distrait, le bavard). » Le risque est de tomber dans la caricature et le stéréotype. Ce qui n’arrive pas à cette série car tous les rôles politiques majeurs sont scrupuleusement représentés, toujours avec un grand souci de la nuance de la complexité. Les personnages principaux sont une douzaine, et ils apparaissent pour la plupart dans presque tous les épisodes. Ils sont les porte-drapeaux de conduites qui ont force d’exemplarité : le résistant gaulliste, le résistant communiste, le milicien, le fonctionnaire zélé, les occupants (dans leur diversité), et la population qui apparaît de manière épisodique.

Des personnages en construction permanente

Le téléspectateur fidèle aura passé huit années de sa vie à suivre pendant 72 épisodes la vie d’une douzaine de personnages principaux, pendant cinq ans de leur propre existence. C’est ce « vivre ensemble » qui fait sans doute le charme et l’intérêt tout particulier de la série au point de ressentir la mort d’un personnage comme un de deuil, ou sa disparition comme une trahison !

Les personnages ont gagné en complexité et leurs comportements sont toujours ambivalents, motivation personnelle et engagement social ou politique étant inextricablement mêlés. Mais tous sont plus ou moins noirs, les « justes » ne sont pas nombreux. « Entre les monstres et les « justes », le marais humain d’Un village français, fourmille de créatures hybrides, de demi-méchants ou de demi-gentils, qui, le malheur aidant, veulent faire l’ange et finissent par faire la bête, ou inversement ». Tous les personnages semblent appartenir à cette « zone grise » dont parle Jean-Pierre Azéma décrivant une France ni tout à fait résistante, ni tout à fait collaboratrice. Cette notion, empruntée à Primo Levi, se retrouve sous la plume de nombreux historiens de l’Occupation, en particulier sous celle de Pierre Laborie. Contre le « résistancialisme » qui imposa longtemps le discours d’une résistance unanime et immédiate, la reconnaissance de cette « zone grise » a le mérite de proposer une image plus complexe du comportement de la communauté nationale française. L’une des forces de la série est sans doute que ces personnages finalement nous ressemblent.

Des téléspectateurs nombreux, fidèles, âgés, cultivés et satisfaits

Après le succès remarquable des deux premières saisons, avec plus de quatre millions de téléspectateurs et des parts d’audience entre 15 % et 20%, l’audience est stabilisée, depuis 2010, autour d’une moyenne d’environ trois millions de téléspectateurs présents devant le récepteur au moment de la première diffusion. Cette stabilité est remarquable pour une série qui a plus de huit ans et dont les intervalles de diffusion entre les saisons ont été fort variables, exigeant du téléspectateur une longue patience… et une bonne mémoire. Le taux de satisfaction mesuré est au dessus de la moyenne concernant les séries de fiction étrangères et françaises. Le public de cette série et un public très homogène, âgé (les deux-tiers des fidèles ont plus de 60 ans), un peu plus féminin que masculin, appartenant majoritairement aux catégories socio-professionnelles supérieures : un public à l’image de la chaîne qui est la plus âgée du paysage audiovisuel français. Un public plutôt cultivé et amateurs de fictions patrimoniales.

Novembre 2017 : originalité de la saison VII

La saison VII est celle de la construction des mémoires, individuelles et collectives. « Chaque personnage va se retrouver devant le tribunal de l’Histoire, mais va également se faire l’historien de sa vie privée, au prix parfois de petits arrangements avec la vérité ». La seconde partie de la saison VII a introduit une nouvelle modalité temporelle et nous permet de nous projeter dans le futur des personnages. Dans ce futur, le passé fait sans cesse retour. Ces derniers épisodes jouent de la diachronie en s’articulant autour de trois périodes : l’immédiat après-guerre, avec ses privations et les grèves ouvrières encadrées par le Parti communiste ; les années 1970, celles de la prise de conscience des réalités du génocide des Juifs et de la remise en cause de la Résistance ; le début des années 2000 avec l’envahissant « devoir de mémoire ».

Alors que les saisons précédentes étaient inscrites au présent, celle-ci s’écrit au passé recomposé. Dans un climat exacerbé de concurrence mémorielle, gaullistes et communistes se disputent l’héritage de la Résistance et chacun fait son « devoir de mémoire ». Cette saison est traversée de toute une série d’images subjectives, avec notamment des flash-back mais également des flash-forward dans la toute dernière partie. Il y a dans cette ultime saison une véritable rupture dans la manière d’envisager le récit que Frédéric Krivine assume parfaitement en la mettant en relation avec cette volonté de refermer sur lui-même le destin des personnages qui ont désormais un passé, et peut-être un semblant d’avenir qu’ils s’efforcent de reconstruire.

Certaines de ces images sont des images de « stock », c’est-à-dire des scènes que le téléspectateur a déjà vues lors des saisons précédentes et qu’il peut se remémorer avec le personnage. Mais il en est d’autres qui ont été tournées dans le seul objectif d’alimenter les souvenirs des personnages et que le téléspectateur n’a jamais vues. Certaines sont des images mentales au caractère onirique ou fantasmatique, qui peuvent être celle des morts qui se rappellent au bon souvenir des vivants.

« La série s’en va aussi subtilement qu’elle a commencé, en ouvrant une réflexion sur les chemins empruntés par la mémoire, aussi bien intime que collective, de l’Occupation » (Télérama 3539, 08/11/2017)

© Joël Drogland