Didier Le Fur est un des grands spécialistes français du XVIe siècle, Durant la dernière décennie, il est l’auteur de nombreuses biographies (les rois de France Charles VIII, Louis XII, François Ier, Henri II), dont le dernier sur Diane de Poitiers a reçu le Grand Prix de la biographie politique en 2017.

Ce livre très intéressant est composé en deux parties : la première partie, très classique, est avant tout politique et événementielle. Elle aborde les arcanes des « guerres d’Italie » et cette lutte d’égo qui met aux prises François Ier et Charles Quint ; la deuxième partie revisite ces guerres d’Italie au prisme du mythe du « dernier empereur ».

L’historien ouvre originalement son propos avec un premier chapitre sur cette « Amérique bien abstraite » aux yeux des souverains européens dans les premiers temps du XVIe siècle. Didier Le Fur montre l’étroitesse de vue des monarques de l’époque, tous préoccupés à la conquête de terres à leurs frontières. Ainsi, Charles Quint focalise son attention sur la Bourgogne toute sa vie durant et ne prête que très peu d’attention à la conquête du Mexique par Cortès

Didier Le Fur fait la présentation des entreprises lancées par les rois de France pour agrandir le royaume : l’union de la Bretagne et le rattachement de la Provence (chapitre II) et poursuit par un récit extrêmement détaillé des péripéties politiques, diplomatiques, religieux et militaires qui se déroulent principalement durant les guerres d’Italie (chapitres III à VII).

Dans la deuxième partie de son livre, Didier Le Fur questionne « la propagande »1 du mythe de l’empereur universel, sauveur de la Chrétienté face à la menace ottomane, déployée par les rois de France. L’historien démontre que « l’espoir d’une future paix universelle au sein d’un empire universel avec à sa tête un empereur universel (le roi de France) » justifie un présent fait de guerres, de surtaxes, de violences et de destructions. Les textes et images formant cette « propagande » ne sortent jamais du cercle de la Cour. Ils expriment davantage un idéal et s’adressent à une élite politique et culturelle (qui en fait la commande) pour clarifier sa propre identité et consolider sa cohésion interne (définir ses valeurs, identifier ses ennemis, exalter son propre prestige).

Une critique que l’on peut faire à Didier Le Fur et à son ouvrage est qu’on peut noter quelques oublis dans sa bibliographie sur la Renaissance. On notera par exemple l’oubli de l’ouvrage fondamental de Nicole Hochner :Louis XII. Les dérèglements de l’image royale (Champ Vallon (« Époques »), 2006) qui traite la question de l’imagerie royale durant le règne de Louis XII. A côté des ces oublis, on notera la présence dans la bibliographie de nombreuses références très anciennes (28 références sont antérieures à la Seconde guerre mondiale), qui donne l’impression d’une volonté de l’historien de se placer en seul spécialiste disponible de la période.

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1   En aucun cas, ces textes et ces images n’ont pour but de se justifier aux yeux du peuple.