Dans le cadre des 500 ans de Léonard de Vinci, la Bande dessinée de Marwan Kahil et Ariel Vittori dresse le portrait du peintre et de l’inventeur de génie en l’inscrivant dans son contexte historique, politique et artistique.

La collection 21g est une série de bande dessinée mettant en scène « des destins qui ont changé le monde ». Sont ainsi présentées des biographies de personnages ayant marqué l’histoire politique (Mandela, Luther King), artistique, scientifique.   L’ouvrage, complété à la fin par une présentation des œuvres apparaissant dans la Bande Dessinée, par la présentation des personnages, une bibliographie et une double page de citations est émaillé de reproductions d’oeuvres d’art de l’époque (Boticelli, Verochio et bien-sûr celles de Léonard). On peut souligner la qualité des couleurs du livre qui sont très belles et donnent un charme particulier à l’ouvrage. Les couleurs sont chaudes et évoquent élégamment les lumières toscanes et angevines

L’histoire débute en 1515

En 1515 Léonard de Vinci est prisonnier du pape à Rome qui lui reproche d’avoir disséqué une femme morte alors qu’elle était enceinte. L’ouvrage est ponctué de flash-backs historiques revenant sur la vie de l’artiste. La première partie intitulée « un garçon hors du commun » montre sa naissance sous les bons augures. L’aigle accompagne l’histoire et l’artiste tout au long de l’ouvrage, l’accompagnant dans les moments difficiles, dans les changements de vie, lui apportant aussi les présages et les nouvelles. S’y déploie à Vinci, dans un cadre préservé, l’enfance heureuse et protégée d’un « bâtard » et dont le statut lui fut renvoyé durant toute sa vie. On y voit l’émerveillement de l’enfant face à la nature, sa curiosité insatiable pour les animaux et les plantes, l’importance de son grand père et le poids d’une famille aimante. Enfin, on voit le talent de l’enfant éclore avec la magnifique représentation d’un dragon. Après la mort du grand-père, l’enfant est envoyé à Florence dans l’atelier d’Andrea del Verrochio.  A travers son regard, on y découvre le travail d’un atelier d’artiste où exercent des apprentis, des ouvriers et où l’on peint autant qu’on fond des métaux pour des statues ou pour l’orfèvrerie. Léonard y rencontre Sandro Boticelli.

La vie d’un artiste à Florence

On y voit une ville effervescente artistiquement, d’une grande beauté et où explose le talent de Léonard. Il participe à la construction du Duomo et à la mise en place du globe. On voit alors s’affirmer ses talents d’ingénieur. Cependant, dans Florence, les jalousies et tensions entre artistes et entre politiques sont nocives et influent sur le destin de Léonard, aux mains de ses mécènes. Les jeux politiques sont bien représentés et la puissance des Médicis y est forte. On y évoque la mort de Simonetta Vespucci qui a inspiré la Venus de Botticelli, l’assassinat de Julien de Médicis et l’emprisonnement de Léonard pour homosexualité. Il devient alors un paria tandis que le centre artistique se déplace à Rome depuis que les Médicis sont devenus papes. C’est d’ailleurs à la suite de ce rejet que Léonard prend la décision de partir à Milan offrir ses services à Ludovic Sforza.

A Milan « l’homme des Sforza »

Ici, les auteurs montrent le génie technique de Léonard, l’importance qu’il accorde aux machines guerrières et de divertissement. Ces pages peuvent être mises en lien avec la lettre où Léonard présente ses talents à Ludovic. On y voit aussi le peintre qui crée des portraits des maîtresses de Ludovic (Cécilia, la dame à l’hermine, Lucrezia) et qui peint la Cène dans le monastère. Cette partie évoque également les guerres internes à l’Italie, entre les Sforza, les Borgia, les Médicis et explique pourquoi Léonard est contraint de revenir à Florence. Toute sa créativité artistique et technique y est montrée par les dessins de Mona Lisa, de l’homme de Vitruve, des divines proportions.

Le voyage de Léonard vers Amboise

La quatrième partie est plus brève mais montre son installation au château du Cloux. On y voit la fin d’un artiste qui a continué à peindre, à créer des machines et la fascination qu’il inspire au roi et à son assistant Francesco qui tente de conserver son héritage.

 

Cette Bande Dessinée est un très bel ouvrage qui a toute sa place dans les CDI et dont certaines planches peuvent illustrer ou/et compléter un cours sur la Renaissance en 5ème ou en Seconde. De fait, toutes les problématiques de la Renaissance sont illustrées par la vie de Léonard dans ce livre : sortir des carcans de l’Eglise pour s’interroger sur le monde, la nature, penser par soi-même et expérimenter, créer de nouvelles techniques, de nouvelles machines, rechercher aussi l’indépendance de l’artiste malgré les pressions des mécènes, marchands d’art et politique. Il peut aussi permettre une approche interdisciplinaire avec les professeurs d’arts plastiques, d’italien et de technologie.

Beaucoup de publications dans le cadre des 500 ans :

William Augel, Le petit Léonard de Vinci, La boîte à bulles, Série« Les petits génies» dans la collection « La Malle aux images », 2020

Stéphane Levallois, Leonard 2 Vinci, coéd. Louvre éditions et Futuropolis, 2019

Nathalie Lescaille Moulène, Renaud Vigourt, Les folles machines de Léonard de Vinci, De la Martinière jeunesse